La Presse Pontissalienne 185 - Mars 2015

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La Presse Pontissalienne n° 185 - Mars 2015

L’austérité frappe aussi les Suisses Les communes françaises ne sont pas les seules à rencontrer des problèmes financiers. La Chaux-de-Fonds annonce un déficit de 12 millions de francs et des mesures d’exception. En Suisse, il est possible de présenter un budget en déficit à la différence des collectivités françaises. COLLECTIVITÉS Finances dans le rouge

B aisse, régime, diète, coups de rabot… Les maires ou repré- sentants politiques du Doubs et de Navarre ne manquent jamais d’adjectifs pour imager, sinon décrier, les baisses des dotations de l’État. C’est aussi et surtout un moyen de légitimer certaines coupes budgé- taires impensables encore il y a peu. En Suisse, le sujet est aussi d’actualité. Il est même brûlant à La Chaux-de-

Fonds, première commune du canton de Neuchâtel avec 38 694 habitants. Le Conseil communal vient en effet d’annoncer un déficit de 12 millions de francs (11,1 millions d’euros) en 2014 alors que l’exécutif avait prévu un bénéfice de 2 millions de francs (1,85 million d’euros) sur un budget en fonctionnement d’environ 260 millions de francs (241 millions d’euros) dont 48,6 millions de francs en investisse-

considérablement réduits. “Le Conseil communal a décidé d’élaborer un nou- veau budget 2015 et a lan- cé un train de mesures d’économies, dont une réduction du chapitre biens, services et mar- chandises et des subven- tions” explique la Ville dans un communiqué. L’affaire n’en reste pas là. La section U.D.C. de La Chaux-de-Fonds indique que depuis plu- sieurs années, ses repré- sentants avaient déjà tiré la sonnette d’alarme (lire par ailleurs) et demande

ment (45,04 millions d’euros). Alors qu’en France, une commune doit présenter un budget à l’équilibre en dépenses et recettes, les communes suisses ont la possibilité de présenter un budget en déficit. Elles sont sim- plement limitées par un plafond d’endettement fixe au début de chaque législature auquel elles ne peuvent déroger que sur autorisation expresse duConseil d’État (canton).Pour exemple, le déficit budgétaire duVal-de-Travers doit être sous la barre des 5 % de la fortune nette au dernier budget. Le cas de La Chaux-de-Fonds est rare. Selon l’un des représentants de la Vil- le, “cette situation est due à une conjonc- tion d’éléments défavorables survenus ces derniers mois dont les rentrées fis- cales qui baissent drastiquement. L’apport de quelques gros contribuables (entreprises) de la place a chuté, gre- vant les comptes de plusieurs millions. Le “manco” sur l’imposition des per- sonnes morales pour 2014 par rapport au budget va atteindre 8 millions, dont plus de 5millions rien que pour quelques gros contribuables.” La baisse est très marquée aussi pour les impôts des per- sonnes physiques, “qui s’explique notam- ment par les effets de la réforme fisca- le, non compensée par la progression démographique.” Cette nouvelle arrivée comme un boo- merang à la figure de l’exécutif et du législatif chaux-de-fonniers pourrait s’aggraver avec l’abandon du taux plan- cher, car l’économie ici, principalement exportatrice, verra ses résultats 2015

Conforme aux attentes au Locle, baisse des investissements au Val-de-Travers À lʼinverse, son voisin chaux-de-fon- niers Le Locle a présenté un budget conforme aux attentes. Quant au Val- de-Travers, proche de Pontarlier, il entre- voit des difficultés. Explications de Fré- déric Mairy, chef des finances : “Le budget de Val-de-Travers, pour lʼexercice 2015, prévoit un déficit particulièrement élevé (N.D.L.R. : 1,1 million de francs), imputable pour lʼessentiel à un chan- gement des pratiques comptables. Ce changement mis à part, ce budget est globalement dans la ligne des précé- dents. Le déficit, pour Val-de-Travers est “cadré”. Du côté des recettes fis- cales, une réforme déploie ses effets pour les personnes physiques et se tra- duit par une baisse pour Val-de-Tra- vers. Lʼimpôt sur les personnes morales devrait connaître un tassement en 2014, consécutif dʼune part à une autre réfor- me en cours, dʼautre part à la conjonc- ture. Enfin, nos investissements seront en léger recul pour 2015 par rapport à 2014, mais restent selon nous à un niveau acceptable pour soutenir une politique de développement.”

“Des jours sombres pour La Chaux-de- Fonds.”

“des sanctions exemplaires” à l’encontre de Pierre-André Monnard, en charge des finances. Président de la section U.D.C. de La Chaux-de-Fonds, Marc Arlettaz pré- voit “des jours sombres pour la Ville de La Chaux-de-Fonds en matière d’investissement qui sera proche de zéro” dit-il. Il attend que le conseil com- munal présente un nouveau budget. Une réunion du législatif se tenait le 3 mars. “Ce sera un budget de crise” promet-il. Toujours selon ce membre de l’opposition, “le cas de La Chaux- de-Fonds n’est pas un cas isolé en Suis- se romande. Les temps sont moins roses et nous serons plombés par ce franc fort.” Les Chaux-de-Fonniers vont connaître l’austérité… E.Ch.

Malgré la couleur des façades, de jours sombres s’annoncent pour les finances de La Chaux-de-Fonds (photo Ville de La Chaux-de-Fonds).

VAL DE TRAVERS Bilan après 6 mois Maison de l’absinthe :

testé et approuvé

Y ann Klauser, promu directeur du site après avoir longtemps œuvré à sa réalisation n’imaginait pas une telle affluen- ce. “On avait tablé sur 9 000, 9 500 visiteurs la première année. La réalité est plus encourageante avec 6 000 entrées payantes en six mois.” À peine ont-ils eu le Avec 6 000 visiteurs payants accueillis en six mois, l’objectif est largement atteint, pour ne pas dire dépassé. Preuve que le mythe fait toujours recette.

temps de noter la provenance des visiteurs pour constater une prédominance de locaux mais aussi “passablement” de Fran- çais et d’Européens sans oublier quelques Américains. “On a eu la chance d’avoir quelques articles dans des grands médias internationaux comme le New- York Times.” Habituellement très prisé par une clientèle de suisses aléma- nique, le Val de Travers s’est découvert une autre attractivi- té. L’absinthe et son mythe fas- cinent toujours autant. “On a tout juste eu le temps d’organiser quelques animations à l’atelier culinaire. On ne pensait pas l’utiliser tout de suite mais les visiteurs étaient très deman- deurs de nouvelles recettes.” L’engouement autour des maga- zines et émissions culinaires se

répercute jusqu’au Val de Tra- vers. Fort de ces débuts prometteurs, la maison de l’absinthe souhai- tait fêter dignement en mars 2015 le dixième anniver- saire de la légalisation du divin breuvage en Suisse. Cette célé- bration prend la forme d’une série d’événements organisés

chaque week-end. Le 1 er mars, jour anniversaire de l’entrée du canton dans la Confédé- ration, les sympa- thisants de la mai- son de l’absinthe se rendront à pied jusqu’au château de Neuchâtel. Une petite balade de 40 km en perspec- tive.

Les distilla- trices du Val de Travers.

La maison de l’absinthe a attiré 6 000 visiteurs en six mois.

tend aujourd’hui à se stabiliser peut pénaliser l’attractivité du site. “On ne s'inquiète pas trop au niveau des visiteurs car on propose des tarifs d’entrée assez abordables. Par contre, on pour- rait ressentir une baisse d’activité à la boutique.”

mars pour clore ce mois com- mémoratif. En six mois, le directeur et les guides bénévoles du site ont encadré 120 visites. “On n’imaginait pas que la formule allait aussi bien fonctionner.” L’envolée du franc suisse qui

Autre rendez-vous sympathique, le 8 mars. La maison de l’absinthe met à l’honneur les distillatrices duVal de Travers. Une façon comme une autre de fêter la journée internationale de la femme. Un brunch est pro- grammé le dernier dimanche de

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