La Presse Pontissalienne 181 - Novembre 2014

ÉCONOMIE

35 La Presse Pontissalienne n° 181 - Novembre 2014

MARIE-GUITE DUFAY La présidente de Région “Je prends le risque de m’exposer et je l’assume”

Christian JOUILLEROT www.christian.jouillerot.swisslife.fr đ !0. %0! đ É , .#! đ ( !)!*0 đ .h2+5 * ! đ 10+ đ +0+ đ %0 0%+* đ +%/%./ đ +))!. !/ đ *0.!,.%/!

La présidente de Région Marie-Guite Dufay revient en détail sur la réforme territoriale. Elle défend l’union de la Bourgogne et de la Franche-Comté, y compris face à ceux qui doutent de l’opportunité de ce mariage. Rencontre.

COMPLÉMENTAIRE SANTÉ đ .0%/ */ đ +))!.` *0/ đ / ( .%h/

Marie-Guite Dufay : “Je ne dirais pas que le dou- te est majori- taire, mais il y a une demande d’explication forte.”

Nouvelle formule Séniors

L a Presse Pontissalienne : Pou- vez-vous nous dire finalement à quoi sert cette réforme ? Marie-Guite Dufay : L’union fait la force ! Dans le contexte actuel, nous sommes des nains. Ce constat vaut pour la Franche- Comté et pour la Bourgogne. Les Régions doivent s’unir pour assu- mer les compétences dans les domaines de la recherche par exemple, de l’économie. Il faut d’autres moyens pour accompa- gner le développement de nos territoires et encourager la créa- tion d’emplois. En fusionnant, nous aurons accès à d’autres modes de financement qui vont nous permettre d’être plus effi- caces pour l’économie de demain. Ces moyens ne seront plus abor- dables pour les petites régions. C’est du bon sens aujourd’hui de dire que nous avons besoin de territoires forts. L.P.P. : Comment expliquez-vous qu’il y ait autant de personnes réfractaires à cette réforme ? M.-G.D. : Je ne dirais pas que le doute est majoritaire, mais il y a une demande d’explication for- te. Je rappelle que plus de 60 % de la population est favorable à cette réforme.Tout lemonde sent bien qu’on ne peut pas rester dans cette situation et qu’il faut avancer vers la fusion. Le pro- blème est que nous sommes dans un système tellement compliqué que personne ne sait de quoi on parle. C’est pour cela que lors des réunions publiques, j’ai sou-

haité que l’on fasse un rappel sur les compétences des Régions. L.P.P. : Lors de l’annonce de la fusion des Régions au printemps dernier,vous avez laissé entendre que cette fusion permettrait de faire des économies. Or, à la réunion publique de Besançon vous avez expliqué que les économies vien- draient ultérieurement. La fusion est- elle oui ou non synonyme d’économies ? M.-G.D. : Jamais je n’ai dit que le but premier de cette fusion était de faire des économies. J’ai par- lé de l’économie, ce qui est diffé- rent, parce que je considère que la responsabilité que la Région est d’être aux côtés des porteurs de projets dans des secteurs d’activité innovants tels que la transition énergétique. J’ai expli- qué aussi qu’à une époque où les budgets sont contraints, des éco- nomies se feraient progressive- ment dans le temps à la suite de cette fusion qui va permettre de mettre en place des groupements d’achat commun par exemple. Mais les économies principales

đ */ h( % Ě 00!*0! , adhésion sans limite d’âge. đ . *0%! 2% #t.! %))h % 0! quel que soit votre état de santé.

đ +/,%0 (%/ 0%+* !* 1%//!Č !* / Ě1.#!* !Č ,.%/! !* $ .#! H $ 10!1. ! āĀĀŌ 1 0 .%" /1%//! !* +) - ,(h)!*0 ! (! ċ đ +." %0 +,0%-1! ,.+#.!//%" &1/-1ĚH ćăĀ € * đ +." %0 ,.+0$t/! !*0 %.! &1/-1ĚH āĉąĆ € ĵ Ő +*1/ "% h(%0h đ %!./ , 5 *0 ,$ .) %! đ .%" .h 1%0 ,+1. (!/ " )%((!/Č . 01%0h H , .0%. 1 ă e !*" *0 FRONTALIERS : NOUVEAU CONTRAT COMPLÉMENTAIRE SANTÉ N +) .!1/!/ "+.)1(!/ ,+//% (!/ NOUVELLE FORMULE SANTÉ ENTREPRISE //1. * ! h,!* * ! ĝ Ğ //1. * ! + /t-1!/ ĝ s Ğ 25 bis Grande Rue - ORCHAMPS-VENNES Āă ĉā ąă ĆĂ Ćć đ $.%/0% *ċ&+1%((!.+0ċ #Į/3%//(%"!ċ".

sommes déjà dans une démarche de gestion efficace. L.P.P. : Ne craignez-vous pas que les Bourguignons qui seront majoritaires dans la future assemblée régionale tirent la couverture à eux ? M.-G.D. : Croyez-vous que le Jura qui est sous-représenté auConseil régional de Franche-Comté par rapport au Doubs est oublié ? Nous sommes dans de la stra- tégie. Notre rôle d’élu est de savoir comment un territoire peut par- ticiper au développement de l’ensemble.Ce n’est pas une ques- tion de nombre d’élus qui pour- raient obtenir plus de subven- tions pour un territoire au détriment d’un autre. Nous ne sommes pas dans un rapport de force. S’il devait y en avoir un, ce serait entre l’urbain et le rural. La principale crainte que j’entends vient des territoires ruraux qui ont peur d’être aban- donnés. Je le répète, notre rôle est de travailler à un dévelop- pement harmonieux de l’ensemble. L.P.P. : À l’occasion de la réunion du 1 er octobre,la question vous a été posée d’organiser un référendum sur ce sujet.

Vous vous êtes opposée à cette idée, pourquoi ? M.-G.D. : J’ai peut-être répondu de façon un peu raide. On agite cela comme un chiffon rouge. Mais le référendumn’est pas pré- vu par le gouvernement. Il n’est pas imaginable non plus d’organiser des référendums consultatifs dans chaque région. L.P.P. : Pas de référendum mais des réunions publiques… M.-G.D. : Je suis la seule prési- dente de Région de France à prendre le pouls des citoyens dans ce dossier, et à donner des explications sur ce qu’est une grande Région et les raisons pour lesquelles il faut la créer. J’ai ren- contré des chefs d’entreprise, des associations, des acteurs de la culture, des élus et pas seule- ment la population. L’exercice participatif a été très intéres- sant. J’ai l’intention de présen- ter le fruit de ce travail d’échange au président de la République sous la forme d’un livre blanc. Je prends le risque dem’exposer. Je l’assume.Mais sur cette réfor- me, il y a tellement de contre- sens et d’ambiguïtés, que j’ai besoin deme confronter aux gens

*selon options

Voir offre promotionnelle en agence

pour expliquer les choses.

L.P.P. : Quel projet voudriez-vous voir mener en premier dans le cadre de l’union de la Bourgogne et de la Franche- Comté ? M.-G.D. : L’énergie, c’est le premier chantier à mener. Il faut enga- ger la réhabilitation thermique des logements. La Région doit prendre des risques aux côtés des banques et s’engager avec des gens qui ont par exemple des projets dans le photovoltaïque. Je précise qu’on crée en ce moment une société d’économie mixte entre la Bourgogne et la Franche-Comté pour les éner- gies renouvelables. Propos recueillis par T.C.

se feront sur les postes lorsque nous auront mutualisé les moyens. Savez-vous qu’en Franche-Comté nous devons faire 10millions d’euros d’économie sur le budget de décembre et cela sans toucher aux services que l’on rend ? Nous

L.P.P. :Un budget de 72 000 euros a été alloué pour organiser deux journées de concertation citoyennes. C’est beau- coup pour une réforme qui est ficelée ? M.-G.D. : C’est la rançon de l’objectivité.Nous avons fait appel à un cabinet expert dans cette méthode qui consiste à faire tra- vailler les citoyens sur le projet de création d’une grande Région. Ce ne sont ni des élus, ni des fonctionnaires qui sont à la manœuvre. J’attends de ce tra- vail des éléments d’envie, de peur aussi. Le résultat de cette réflexion collective figurera dans le Livre blanc.

“Le référendum n’est pas prévu.”

LE POINT DE VUE DE LA DROITE Annie Genevard “Une réforme faite dans l’impréparation et la précipitation” En tant que parlementaire U.M.P., Annie Genevard juge avec circonspection la démarche entamée par la présidente de Région Marie-Guite Dufay. Plus largement, c’est toute la politique de réforme institutionnelle qu’elle fustige.

L a Presse Pontissalienne : Quel- le est votre opinion sur cette réforme institutionnelle ? Annie Genevard : Le projet de loi arrivé cette année a été examiné auParlement en procédure accé- lérée au mois de juillet, ce qui montre d’emblée que cette réfor- meaété faitedans l’impréparation et la précipitation. L.P.P. : Le Premier ministre que vous avez entendu lors du récent congrès de l’association nationale des élus de la montagne ne vous a pas rassuré sur cette réforme ? A.G. : C’est à n’y plus rien com- prendre. À l’image de la réfor- me annoncée des Départements. On annonce d’abord la redéli- mitation des cantons, avant de nous annoncer que les Dépar- tements seraient supprimés en 2020. Sur ce point, j’ai été une des premières à déposer un

Régions. C’est l’angle mort de cette réforme. Un exemple : quand la gestion des lycées a été transférée aux Régions, l’État ne s’est même pas débarrassé de ses services qui géraient l’immobilier des lycées. L.P.P. : Comment jugez-vous la démarche volontariste de Marie-Gui- te Dufay ? A.G. : Dans une négociation, il ne faut pas tout donner tout de suite. Marie-Guite Dufay a été imprudente, elle a péché par rapidité et excès de confiance. Avant de s’engager de façon aus- si rapide, voire précipité, il fal- lait qu’elle s’assure que la Franche-Comté trouvera son compte dans cette réforme. Aujourd’hui, nous n’avons stric- tement aucune garantie que la Bourgogne ne va pas imposer sa loi à la Franche-Comté. Je

recours devant le Conseil d’État. Dans une deuxième déclaration, le Premier ministre nous apprend ensuite qu’on va gar- der les départements ruraux et qu’on ferait une fédération d’intercommunalités pour les autres.Tous ces signaux contra- dictoires laissent l’impression désagréable que sur une réfor- me importante, on navigue jus- te au gré des contingences poli- tiques. C’est terrible, et dans cette affaire les territoires ruraux se sentent abandonnés. L.P.P. : Une réforme des collectivités est-elle néanmoins nécessaire selon vous ? A.G. : Certainement, mais pas comme celle-ci. Dans ce débat, on ne parle pas non plus de la réforme de l’État en régions. Il faut que l’État dise aussi ce qu’il veut dans cette réforme des

crains franchement que la Franche-Comté devienne le parent pauvre de ce nouveau ménage. Et quand j’entends par- ler de l’hypothèse d’avoir deux capitales, tout cela ne fera qu’augmenter les coûts de fonc- tionnement alors qu’on nous avait présenté la réforme com- me étant génératrice d’économies. L.P.P. : Et rapportée au Haut-Doubs, cette réforme ne peut rien apporter de bon ? A.G. : Je crains franchement de voir la montagne qui sera tout à l’Est de cette grande région dilatée à l’Ouest, encore plus marginalisée. Ce qui me fait peur, c’est que jamais jusqu’ici on n’a parlé de ce territoire de montagne. Plus largement, sur le plan économique, je ne consta- te que très peu de collaborations

Annie Genevard estime que cette réforme n’a pas pris en compte les intérêts des territoires de montagne.

sonne ne le dira haut et fort par- ce qu’il est frappé de l’infamie car proposé par un gouverne- ment de droite, mais de plus en plus de voix s’élèvent pour dire que c’était la bonne réforme à faire, moins traumatisante pour les territoires et plus efficace rapidement. Propos recueillis par J.-F.H.

avec la Bourgogne, alors qu’il y en a avec l’Alsace et Rhône- Alpes. L.P.P. : Quelle réforme aurait-il fallu faire ? A.G. : Le travail collaboratif entre les Départements et les Régions proposé par la droite il y a quatre ans était, je pense, le bon. Per-

Made with FlippingBook - Online catalogs