La Presse Pontissalienne 172 - Février 2014

LA PAGE DU FRONTALIER

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La Presse Pontissalienne n° 172 - Février 2014

FRONTALIERS

Payer de la maladie sur la pierre

Ce frontalier paiera 10 000 euros d’assurance-maladie par an

Le système de cotisation à la C.M.U. qui devrait être appliqué aux travailleurs frontaliers après la fin du libre choix de la couverture maladie prendra en compte le revenu imposable et non le salaire brut. Les associations dénoncent une discrimination fiscale.

figure ce qui risque de se pas- ser avec la fin du droit d’option. Ce frontalier avait choisi d’adhérer à la C.M.U. volontaire. Jus- qu’il y a peu, il cotisait 770 euros d’assurance- maladie par tri- mestre. Il y a deux ans, il a choisi de rabattre son second pilier en France en vue

festation se prépare. Ce n’est pas un acte spontané. Ils ont fait le contraire de nous. On a négocié puis manifesté et eux ont fait l’inverse. Je ne les critique pas. Ils ont eu le mérite de faire quelque chose” , observe Alain Marguet, le président de l’Amicale des Frontaliers. Un président désabusé au pos- sible et franchement mécontent de ne pas avoir été entendu par les instances gouvernementales en charge du dossier. “Les com- missaires n’ont jamais tenu compte de nos propositions à hauteur d’un reversement de 100 millions d’euros qui se vou- lait être solidaire des travailleurs français.” AlainMarguet,Michel Charrat son homologue duGrou- pement transfrontalier et Jean- Luc Johaneck à la tête du C.D.T.F. auraient pu participer à l’émission “On a tout essayé.” Ils ne comptent plus les dépla- cements au ministère des Affaires sociales pour des négo- ciations stériles. La décision était déjà actée avant même de se mettre autour de la table. “On conteste également vigou- reusement la méthode de calcul qui prend en compte le revenu fiscal et non le salaire brut com- me c’est le cas chez les assurés sociaux français. C’est une inep- tie.” La nuance est d’importance. “Avec ce système, on va payer de l’assurance-maladie sur des reve- nus fonciers, sur du capital. C’est honteux de faire ça” , témoigne Didier Renaudin. Son cas pré-

L e chant du coq a sonné pour les groupements de frontaliers. Sous l’égide du syndicat national des frontaliers de France, ils avaient finalement décidé de bloquer tous les postes frontières le 10 janvier dernier. Le mouve- ment se voulait fédérateur puis- qu’il associait des associations de frontaliers qui n’étaient pas forcément en bons termes avec les trois organismes de défen- se habituels que sont l’Amicale des Frontaliers, le Groupement Transfrontalier et le Comité de Défense des Travailleurs Fron- taliers (C.D.T.F.). “On n’a abso- lument rien contre eux. On les encourage. Pour nous, une mani-

“Je dois maintenant payer 2 536 euros par trimestre.”

Alain Marguet dénonce la méthode de calcul de la C.M.U. appli- quée aux frontaliers qui seront taxés sur le revenu fiscal et non le salaire brut.

d’acheter une maison. Logi- quement et sans broncher, il s’acquitte alors de la taxe à 7,5% appliquée au transfert de cet- te rente. “J’ai déclaré ce second pilier en revenu fiscal sur lequel ils ont décidé de percevoir 8 % de C.M.U. Conséquence, je dois maintenant payer 2 536 euros par trimestre. Soit près de 10 000 euros chaque année. Le frontalier sera alors taxé sur la totalité de son revenu. Il va payer de la santé sur la pierre.” La Suisse se frotte déjà lesmains à l’idée de se faire rembourser par la Sécu tous les soins pro- digués aux frontaliers. Vu le prix des cotisations, ceux-ci ne vont pas se gêner pour faire cas- quer le système français en maladie comme en accident. Quand on sait le prix d’une hos- pitalisation en Suisse, il y a matière à s’inquiéter pour le trou de la Sécu. F.C.

JOUGNE

Barrage filtrant Les travailleurs frontaliers en colère Retour en images sur la journée du 10 janvier dernier avec le barrage filtrant mis en place par les collectifs et groupements de frontaliers qui réclament encore et toujours le retrait du droit d’option.

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1-Au poste frontière dès potron- minet, les frontaliers se sont relayés toute la journéepourmani- fester leur mécontentement et le faire savoir aux automobilistes qui pour la plupart sont aussi des frontaliers. 2- Comme souvent en pareille circonstance, les ministres concernés, en lʼoccurrence Mari- sol Touraine, ministre de la San- té et Pierre Moscovici, ministre de lʼÉconomie et des finances figuraient en bonne position sur le théâtre des revendications. 3- La manifestation était orga- nisée par le mouvement “fron- taliers et citoyens, soyons soli- daires” en partenariat avec lʼAmicale des frontaliers. 4- Les banderoles sont de sortie. 5- Les cœurs sont chauds mais les journées sont froides et le soleil particulièrement discret au fond de la vallée.

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6- Les forces de lʼordre étaient bien sûr de la partie au cours dʼune jour- née où tout pou- vait déraper assez vite. 7- Les frontaliers ont exprimé à leur manière tout le bien quʼils pensaient des ministres qui selon eux nʼont jamais pris en compte leurs spécificités dans ce dossier.

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