La Presse Pontissalienne 156 - Octobre 2012

ÉCONOMIE 42

La Presse Pontissalienne n° 156 - Octobre 2012

PATRIMOINE

5 000 euros le ticket d’entrée

La forêt, outil

de défiscalisation

La forêt, lieu de détente, de balades, de découverte… si présente en France et en Franche-Comté en particulier. Mais la forêt a un autre avantage plus méconnu. Pas écologique, mais économique. L’investissement forestier est en effet un outil original de défiscalisation.

P uisqu’il s’agit de parler chiffres, il est d’abord uti- le de savoir ce que repré- sente la forêt pour laFran- ce et son économie : 60milliards d’euros de chiffre d’affaires, 400 000 emplois répartis dans toute la filière, 38 millions de mètres cubes de bois prélevés, tout cela sur les 16 millions d’hectares de forêt qui couvrent le territoire national et qui, grâ- ce à la loi, peuvent permettre de

De plus en plus de

jouer sur unautre chiffre, celui des impôts dû par le contribuable : à hauteur de 50 % pour qui est assu- jetti à l’impôt de solidarité sur la fortune et de 18% dans le cadre plus classique de l’impôt sur le revenu. Sans oublier l’abattement de 75 % accordé sur la donation ou la

entreprise, spécialiste en défis- calisation via des acquisitions forestières. Grâce à des groupe- ments de propriétaires, les domaines gérés représentent plusieurs dizaines d’hectares et deviennent économiquement viables. “Sur chacun de nos grou- pements, nous avons deux per- sonnes salariées qui effectuent un travail d’expertise et de ges- tion. Seules des surfaces impor- tantes permettent en effet l’application de techniques fores- tières d’exploitations efficaces” poursuit le spécialiste. Par le biais de cette méthode, tout le monde peut donc deve- nir propriétaire forestier avec tout de même un ticket d’entrée fixé à 5 000 euros et une renta- bilité régulière grâce à la sylvi- culture. “Certes, la rentabilité de 2 à 2,5%nets peut paraître faible mais les investisseurs recher- chent autre chose. Notamment un placement sans risque” argu- mente Franck Laclef. Un actif concret qui ne dépend pas des marchés, qui permet une ges- tion durable et une valorisation de cettematière première qu’est le bois.Pour autant,il ne conseille pas à ses clients de tout inves- tir dans la forêt qui n’est qu’une source d’investissements parmi d’autres. Un outil de défiscali- sation qui bien sûr en Franche- Comté suscite un peu plus d’intérêt pour une population qui tout en habitant une des régions les plus boisées de Fran- ce prend peu à peu conscience de son intérêt fiscal. D.A.

contribuables ont accès à la défiscalisa-

tion via un investisse- ment forestier.

Un investisse- ment sécurisant.

succession. Alors, le bois serait- il devenu un véritable or vert, une valeur refuge aumême titre que la pierre ? Pour Franck Laclef de la socié- té Domaines et Patrimoine, la réponse est claire : “Investir dans la forêt permet de diversifier un capital et d’acquérir du concret. En plus, c’est un actif non délo- calisable, une matière première qui plus est renouvelable” explique-t-il. Pourtant, déjà, la France est connue pour avoir un domaine forestier très morcelé, détenu à 80 % par des particu- liers propriétaires en moyenne de 2,5 hectares.Alors, démocra- tiser cet investissement n’est-il pas synonyme d’amplification du problème ? “Pas du tout, au contraire. La loi Défi Forêt de 2001 et celles qui ont suivi ont eu pour objectif d’encourager la restructuration forestière et de favoriser la relance des inves- tissements” réagit-il. C’est pré- cisément ce à quoi s’attache son

SYLVICULTURE Des techniciens indépendants Pour une gestion régulière et modérée de la forêt privée Bernard Ménigoz et Aline Berne, tous deux techniciens forestiers, ont créé en 2011 la société Valforest qui propose une assistance technique aux propriétaires privés. Exemple de gestion patrimoniale. L a moitié de la surface forestiè- re appartient aux privés. C’est dire son importance. Cette res- source est loin d’être valorisée

La production forestière sur le Haut- Doubs est importante en volume et en valeur. Elle peut rapporter de 300 à 600 euros par hectare et par an. Pas question de s’emballer pour autant. “On a tout à gagner de privilégier une approche respectueuse des peuplements et des milieux. Le propriétaire est tou- jours assuré d’un revenu. Avec une bonne gestion, il y a moins de risque de casse. C’est bénéfique en terme de rajeunissement et cela n’appauvrit pas les sols.” F.C.

Aline Berne a tout à gagner de l’expérience de son collègue ravi quant à lui de pouvoir pérenniser le travail engagé depuis plusieurs années. Le duo opère sur tout le plateau résineux comtois, de Maîche à Morez. “On a un rôle d’assistant technique auprès des propriétaires privés qui nous confient en quelque sorte un mandat de ges- tion.” Le champ d’action est très large : ges- tion forestière, organisation et condui- te des chantiers, conseils au niveau sylvicole et fiscal, mise en place des plans de gestion. “On a parfois une délégation complète sur l’ensemble d’un domaine. On est aussi en capa- cité d’effectuer des estimations dans le cadre de successions, d’acquisitions ou de ventes” , complète Aline Berne. La société travaille plus au service des petits propriétaires disposant entre 50 ares et 60 hectares de forêt. Valforest a trouvé sa bonne carbura- tion : 40 % terrain, 40 % bureau et le reste du temps passé en déplacements. “On adhère à l’Association Nationale des Techniciens Forestiers Indépen- dants. Par cet engagement, on est tenu de respecter un code de déontologie qui interdit notamment le commerce du bois. Comme on n’achète pas le bois qu’on marque, on ne peut pas nous taxer d’être juge et partie. On valori- se la forêt dans un objectif patrimo- nial avec des interventions modérées et régulières” , poursuit Bernard Méni- goz. Les techniciens forestiers de Franche- Comté viennent de se regrouper en association régionale. Laquelle orga- nise le 12 octobre à Censeau une ven- te de bois privée. “En 2011, on avait 13 000 m 3 au catalogue et cette année on sera probablement autour de 5 700 m 3 .” Les bois sont aussi vendus de gré à gré.

à la hauteur de son potentiel. “On observe une très grande diversité dans les comportements. Certains proprié- taires interviennent de façon pérenne, d’autres ne voient pas l’intérêt de gérer leur forêt. D’autres encore croient que c’est une tirelire qu’il faut casser le plus tard possible pour en tirer le pro- fit maximal” , explique Bernard Méni- goz. Après 25 ans de gestion en forêt publique, ce technicien a choisi de se lancer d’abord en indépendant. Pas facile d’œuvrer du jour au lendemain en solo même si on maîtrise bien son sujet sur le plan technique. Il faut trouver les clients, établir ses tarifs, convaincre. “Le fait d’avoir des che- veux blancs rassure mes interlocu- teurs” , constate celui qui entre dou- cement dans l’âge de raison.

Après la phase de lan- cement, son affaire se développe plutôt bien. Dans le cadre de ses activités profession- nelles, Bernard Méni- goz a fait la connais- sance d’Aline Berne qui exerce dans le bois depuis 1998. “Je l’ai d’abord sollicitée pour faire des prestations. Comme elle montrait beaucoup d’intérêt pour la gestion forestière, on a décidé de s’associer.” Les deux techniciens créent la société Valfo- rest en juillet 2011. Même si une généra- tion les sépare, chacun y retrouve son compte.

300 à 600 euros par hectare et par an.

Aline Berne et Bernard Ménigoz sont associés depuis juillet 2011.

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