La Presse Pontissalienne 140 - Juin 2011

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Pontissalienne n° 140 - Juin 2011

6

DÉMISSIONS D’ÉLUS EN CASCADE DANS LE HAUT-DOUBS Les dernières élections municipales remontent à 2008. C’est à cette date que les nouveaux conseils municipaux ont été mis en place. Élus pourtant pour six ans, des conseillers et plus rarement des maires décident d’interrompre leur mandat en cours de route. Dans plusieurs vil- lages du Haut-Doubs, on assiste à des démis- sions d’élus qui préfèrent quitter le navire plutôt que de continuer à ramer pour l’intérêt général. Ce constat n’est pas nouveau. Mais il y a sans doute à craindre que le phénomène ne fasse que s’amplifier à une époque où il est plus confortable de rester chez soi plutôt que de s’échiner à faire avancer une commune, tout en s’exposant aux critiques. Heureusement, les passionnés de la chose publique existent encore. Mais gare, la crise de la vocation d’élu n’est peut-être plus très loin. Explications. Zoom Des formations pour les “petits”maires Des stages sont proposés aux édiles pour les remettre à niveau en terme de fiscalité, préparation du budget de leur commune, gestion scolaire, diagnostic financier. La nouvelle carte de l’intercommunalité inquiète.

VIE MUNICIPALE Plusieurs démissions dans le Haut-Doubs Nos élus auraient-ils le blues ? Manque de reconnaissance, incompatibilité d’humeurs, charge de travail trop lourde, conflits, responsabilités trop fortes, les raisons qui poussent nos élus à jeter l’éponge en cours de mandat sont diverses.

L es élus de nos communes auraient-ils du vague à l’âme ? C’est à se le deman- der. Les Alliés, Métabief, les Hôpitaux-Neufs, Cha- pelle-d’Huin, Orchamps-Vennes, ou encore Saône, dans chacune de ces municipalités, des conseillers munici- paux ont jeté l’éponge, quand il ne s’agit pas du maire. Chaque cas est parti- culier. Les raisons qui poussent les élus à rompre le mandat qui leur a été confié par les électeurs sont multiples. Incompatibilité d’humeurs, charge de travail trop lourde, difficulté à trou- ver un équilibre avec la vie de famil- le et professionnelle, forte responsa- bilité ou un statut d’élu qui n’existe pas. Et puis il y a les administrés qui de plus en plus souvent exigent tout, tout de suite, attendent tout, râlent, critiquent, mais reconnaissent rare- ment le travail accompli. Quoi qu’ils fassent ou ne fassent pas, les conseils municipaux sont malmenés. On ne leur reconnaît pas le droit à l’erreur. Les élus de nos campagnes devraient être des “super-héros” capables d’avoir réponse à tout 24 heures sur 24 ! Tout cela pour une indemnité de misère : 643 euros (bruts) mensuels au maxi-

publique, et la relation humaine même si elle est éprouvante parfois. C’est un choix de vie qui se fait souvent au détri- ment de la vie de famille.” Nos élus, qui n’ont pas à leur disposi- tion une armée de services composés de techniciens spécialisés comme dans les villes, sont en en permanence en première ligne. Là, ils jouent les média- teurs pour désamorcer un conflit de voisinage (c’est très fréquent), ici ils se transforment en chef de chantier censé tout connaître des règles de construction et du code de l’urbanisme. “Ce que l’on souhaite, c’est que dans le cadre des communautés de communes, des services administratifs et techniques puissent être mutualisés afin que les maires puissent trouver un accompa- gnement et n’aient pas toujours le nez dans le guidon.” L’étendue des connaissances qu’ils ont à maîtriser est dense. C’est aussi ce qui fait l’intérêt de la chose publique. En discutant avec eux, beaucoup d’élus disent qu’ils se passionnent pour la fonction et en retirent encore une cer- taine satisfaction. C’est rassurant. Mais il faut rester vigilant, car la cri- se de la vocation n’est sans doute pas très loin. T.C.

mum pour le maire d’une commune de moins de 500 habitants, et 249 euros (bruts) au maximum pour un adjoint. La gestion de la mairie vient s’ajouter à tout le reste, presque comme un second métier. “Devant la loi, un mai- re est responsable de la même façon, qu’il soit à la tête d’une commune de 9 habitants ou de 120 000” observe Chris- tine Bouquin, présidente de l’association des maires du Doubs. Malgré toute leur bonne volonté dont fait preuve la majorité de nos élus locaux, surtout dans les petits villages où leur mission relève franchement d’hommes et de femmes à tout faire, certains finissent par craquer. En géné- ral, ça ne se presse pas beaucoup au portillon pour prendre la place ! “Quand unmaire démissionne, ce n’est pas plai- sir, il peut vivre cela comme un échec” poursuit Christine Bouquin, maire de Charquemont, qui avoue elle-même

avoir quelque fois des coups de blues. Mais cette fem- me de tempérament a tou- jours des ressources pour se remettre en selle. “C’est une question de personna- lité. Pour être maire, il faut aimer les gens, la vie

C’est un choix de vie.

scolaire, la voirie communale, le dia- gnostic financier, la prise illégale d’intérêts. Des modules de communication orale ont été proposés. Ils s’adressent aussi bien aux maires de petites que de grandes communes” précise le maire de Char- quemont, à la tête de l’association jus- qu’en 2014 dont le but est “de resser- rer les liens entre les maires.” En 2011, les stages évoqueront la réfor- me fiscale, la gestion des cimetières, l’assainissement, la relation entre les communes et les associations, le finan- cement de l’urbanisme. “Nous faisons un maximum pour que les élus soient informés car nous ne possédons pas de service juridique à l’A.M.D.” Sujet d’inquiétude : la nouvelle organi- sation intercommunale. “J’ai posé les questions, savoir par exemple, comment mutualiser les moyens de chaque com- mune.” Plus qu’une fonction, être mai- re est bien devenu un métier.

P résidente de l’association desmaires du Doubs (A.M.D.), Christine Bou- quin a réuni samedi 28 mai tous les maires du Doubs à Besançon-Micro- polis. 594 au total. Le sujet préoccu- pant nos écharpes bleu-blanc-rouge n’est pas de savoir pour qui voter à la présidentielle de 2012 mais gérer les problèmes du quotidien. Dieu sait qu’ils sont nombreux. Pour éviter une prise illégale d’intérêt, un mauvais budget, l’A.M.D. présidée par Christine Bouquin, maire de Char- quemont, propose des stages de for- mation. Plus qu’une remise à niveau, ils permettent aux premiers magistrats d’éviter une déroute administrative. En 2010, 634 personnes, soit 204 com- munes ont participé à ces stages. “Ils sont préparés en fonction de l’actualité, note la présidente. Nous avons abordé plusieurs thèmes : la préparation d’un budget, d’un marché public, la gestion

Christine Bouquin

explique que lorsqu’ils se retrouvent, comme ici à l’assemblée des maires du Doubs du 28 mai à Besançon, les maires discutent

souvent de leurs difficultés.

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker