La Presse Pontissalienne 140 - Juin 2011

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 140 - Juin 2011

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ASSOCIATION La “communauté” s’agrandit Les Ch’tis bienvenus dans le Haut-Doubs

SOCIOLOGIE

L’identité du territoire ?

“Le Haut-Doubiste cherche à transmettre ses valeurs” Sociologue à l’Université de Lausanne et originaire de Valdahon, Laurent Amiotte-Suchet explique que le Haut-Doubs, terre de catholicisme, évolue très vite en raison du brassage de population. L e Haut-Doubs, terre de tradition, de valeurs, fut le cadre d’une étu- de menée par des étudiants des sections de sociologie et d’anthro- pologie de l’Université de Franche-Comté et de Lausanne. Durant huit jours, ils ont participé à un stage ethnographique commun visant à étudier la socio-anthropologie de la parenté. Leur travail : évaluer le degré de transmission des valeurs dans le domaine professionnel et patrimonial, en horlogerie notamment, et jusqu’au partage des valeurs religieuses. Cet exercice fut mené à Morteau et dans le Saugeais. Pour Laurent Amiotte-Suchet, sociologue, la sociologie du Haut-Doubs

Ils ne sont pas rares les gens du Nord à venir s’installer dans le Haut-Doubs pour raison professionnelle le plus souvent. Une fois sur place, ils adhèrent parfois à des associations comme les Rö'Chtis.

té à passer des annonces dans la Voix du Nord pour recruter un carrossier. La plupart du temps, ces déracinés finis- sent par s’intégrer. Ils achètent une mai- son, construisent et prennent le rythme de la vie locale. “Je n’ai connu que deux couples qui ont eu le blues, et ont finale- ment décidé de rentrer” termine Chris- tophe Beddelem. Si les Rö’Chtis comp- tent 70 membres, son président estime que dans leVal deMorteau, il y a autant de personnes qui sont originaires du Nord-Pas-de-Calais, mais qui ne sont pas adhérentes à l’association. T.C.

C réée il y a quatre ans à Morteau, l’association Rö’Chtis compte actuellement 70 adhérents. Ils sont originaires du Nord-Pas-de- alais, des Ardennes, et même pour cer- tains de la région parisienne. Leur point commun : ils ont tous débarqué un jour dans le Haut-Doubs pas seulement par goût des paysages, ou pour les vacances, mais plutôt pour des raisons profes- sionnelles. “Certains sont là depuis deux mois, d’autres depuis vingt ans” note Christophe Beddelem, président de l’as- sociation. Elle s’est créée “car nous avions besoin de nous retrouver par rapport à notre identité. C’est bien aussi dans ce cadre-là de pouvoir échanger sur des questions relatives au travail entre autres” ajoute-t-il. Les trois quarts des adhérents de l’as- sociation sont frontaliers. L’image de la Suisse comme terre bénie de l’emploi a largement dépassé les frontières duHaut- Doubs. Dans le Nord, une région sinis- trée par le chômage, beaucoup de per- sonnes n’hésitent plus à s’exiler pour un travail en Suisse. “Cela fonctionne par le bouche à oreille. C’est un frère qui vient s’installer, puis une sœur, des amis, etc. En plus, beaucoup tombent sous le char- me de la Franche-Comté. Le Nord, c’est un plat pays” précise Christophe Bed- delem. De fil en aiguille,“la communauté”

s’agrandit. Ces gens se décident à partir après avoir scruté les offres d’emplois que les entre- prises helvétiques laissent sur Internet. Mais tous ne passeront pas la frontière. Quelques-uns trouvent un job dans le Haut-Doubs qui leur convient dans les métiers du bâtiment ou de lamécanique, mieux payé que dans leur région d’ori- gine. Selon nos informations, un garage automobile duHaut-Doubs n’a pas hési-

www.rochtis.info Tél. : 06 10 27 15 90

évolue mais demeure une terre de valeurs “reli- gieuses”. “L’arrivée de nouveaux frontaliers est un mouvement qui ne date pas d’hier, le Haut-Doubs res- te une terre d’accueil, précise-t-il. Il est vrai que cer- taines identités sont en train de se perdre sur ce ter- ritoire comme l’encadrement paroissial, moins présent qu’il ne l’était” dit-il. Spécialiste de ces questions d’héritage religieux, ce maître-assistant à la Faculté de Théologie et de Sciences des Religions à Lausanne poursuit : “L’ap- partenance à ce territoire demeure forte néanmoins forte. Nombreuses sont les personnes que nous ren- controns désirent transmettre leur éducation reli- gieuse à leurs enfants sans toutefois livrer la même que la leur.” La force du territoire est dans son bras- sage de population “où le Haut-Doubiste veut trans- mettre ses valeurs.” Les résultats de l’étude, notam- ment la transmission des valeurs professionnelles, seront dévoilés en juin.

“Certaines identités sont en train de se perdre.”

Christophe Beddelem, président de l’association les Rö’Chtis.

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