La Presse Pontissalienne 114 - Avril 2009

La Presse Pontissalienne n° 114 - Avril 2009

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VAL DE TRAVERS 111 licenciements à Môtiers Denis Piaget, ETEL : “Nous avons ajusté la production aux besoins du marché”

C’est l’événement le plus retentissant de ces dernières semaines en Suisse voisine. Face à la baisse des commandes de l’ordre de 60 % prévue en 2009, le principal employeur du Val de Travers a pris la décision de se séparer de plus d’un tiers de ses 300 colaborateurs. Denis Piaget, le directeur général, revient sur cette mesure de licenciement collectif qui concerne une entreprise touchée de plein fouet par le ralentissement de l’économie mondiale.

Horlogerie : le chiffre Les exportations de l’horlogerie ont chuté L es exportations de lʼindustrie horlogère suisse ont chuté de 22,4 % en février sur un an pour tomber à 1 milliard de francs à peine. Il sʼagit de la deuxiè- me baisse mensuelle consécutive de cette ampleur et de la quatrième contraction de suite. Lors du salon de Bâle, François Thiébaud, de la fédération de lʼindustrie horlogère suisse (F.H.), nʼa pas démenti ce chiffre. Lʼévolution de février vient renforcer une tendance obser- vée depuis lʼautomne dernier sur fond de crise finan- cière et économique. En deux mois, la branche sʼest ainsi contractée de 22 %. La variation annualisée nʼindique plus quʼune croissance de 0,5 % par rapport aux douze mois précédents. Lʼan dernier, les exportations de montres et aux autres pro- duits dérivés ont atteint le montant record de 17 milliards de francs, malgré la dégradation survenue en fin dʼannée. “On peut tabler désormais sur une moyenne de 15 milliards d’exportations.” Personne ne voit dʼamélioration du marché dʼici le prochain semestre. Les sociétés horlogères de la vallée de Joux, qui attendaient le salon de Bâle, vont devoir revoir leurs plans. Les commandes de nouvelles montres ne sont pas au ren- dez-vous.

L a Presse Pontissalienne : Dans quel secteur d’activité intervient l’entreprise ? Denis Piaget : ETEL est spécialisée dans le développement et la production de biens d’équipements pour les secteurs des semi- conducteurs et des machines-outils. Nous fournissons à nos clients des composants qui seront revendus sous forme de lignes de production aux constructeurs automo- biles ou aux fabricants d’ordinateurs par exemple. L.P.P. : ETEL subit donc une diminution des com- mandes de machines ? D.P. : Effectivement, notre marché réagit très brutalement à la conjoncture. On n’a pas besoin de nouvelles machines si les lignes de production tournent au ralenti. Cette baisse a été ressentie à partir de l’automne dernier suite à la faillite de Leh- man Brothers. Cela s’est traduit par une réduction très forte des “entrées de com- mandes” en octobre. L.P.P. : Sans espoir de reprise à court terme ? D.P. : On a tout de suite compris la gravité de la situation. La surconsommation (ali- mentée par le surendettement) ne revien- dra pas de sitôt. Une crise chez nous dure environ trois ans, et celle que nous vivons est particulièrement grave. L.P.P. : D’où cette réduction d’effectif sévère ? D.P. : Face à ce schéma, on a pris des mesures assez radicales et ce rapidement. Quand on se retrouve dans une telle situation, plus on attend plus on “brûle” de l’argent pour rien. On ne voyait aucun intérêt à proposer du chômage partiel, sachant qu’un redimensionnement était de toute façon nécessaire. Il vaut mieux sauver 200 emplois que de prendre le risque d’en perdre 300 ! Nous avons décidé d’ajuster la production

Sur les 111 salariés licenciés, on a environ 30 % de frontaliers sachant qu’ils repré- sentent aussi 1/3 du personnel. L.P.P. : Le principe consistait à repartir sur des bases plus saines ? D.P. : Oui. On a la chance d’avoir un action- naire principal, le groupe allemand Hein- denhain, qui même s’il souffre autant que nous, nous soutient au mieux. Ce groupe dispose d’une grosse réserve de trésorerie, ce qui nous avait déjà permis d’investir l’an dernier sur le long terme. L.P.P. : Cette remise à plat signifie-t-elle l’abandon de certaines activités chez ETEL ? D.P. : Non. On essaie de trouver de nouveaux débouchés avec l’idée de s’orienter vers l’énergie par exemple. On continue à déve- lopper avec nos clients des produits axés sur les nouvelles technologies mais aujour- d’hui, comme les clients utilisateurs n’ont plus accès aux financements, tout est blo- qué pour l’instant. Propos recueillis par F.C.

à nos besoins. On l’a fait à grande ampleur et comme on était aussi les premiers, cela a forcément généré une onde de choc dans l’opinion et les médias. La crise commen- ce seulement à être ressentie en Suisse alors que pour notre société, les mauvaises nouvelles et les décisions difficiles sont derrière nous. L.P.P. : Les raisons de cette crise sont-elles seule- ment financières ? D.P. : Non, on est aussi face à un problème structurel. On a suréquipé le monde entier avec des machines si bien qu’on se retrou- ve avec une capacité de production très supérieure aux débouchés actuels. L’industrie automobile, la production de composants électroniques tourne aujour- d’hui seulement à 50 % de leurs capacités et il faudra attendre qu’elles remontent à 90 % avant d’envisager une reprise des investissements. L.P.P. : Les ajustements réalisés chez ETEL ne remet- tent donc pas en cause sa compétitivité ? D.P. : Non, car il s’agit d’une restructura- tion adaptée aux besoins du marché qui n’a rien à voir avec la compétitivité. Nous avons bien sûr perdu des gens de valeur avec de l’expérience, c’est un handicap que nous devons gérer. L.P.P. : Ce redimensionnement est appliqué à tous les niveaux ? D.P. : Tout à fait, des services administra- tifs au département “recherche et déve- loppement” en passant par les lignes de production. La réduction d’effectif a d’abord touché les temporaires puis les collabora- teurs permanents. L.P.P. : Les frontaliers étaient-ils les plus exposés ? D.P. : Ce n’était absolument pas un critère.

ETEL est le principal

employeur du Val de Travers.

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