La Presse Pontissalienne 113 - Mars 2009

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 113 - Mars 2009

32

ENVIRONNEMENT

Pêche, des idées pour une nouvelle gestion Philippe Batlogg, guide à contre-courant

Guide de pêche dans la Loue, le Dessoubre ou le Doubs, Philippe Batlogg s’élève contre la gestion du domaine public. Il propose des idées et notamment le changement des dates d’ouverture et de fermeture. Difficile de vivre de la pêche en Franche-Comté ?

Pour Philippe Batlogg, il faut augmenter la taille de capture des ombres et des truites pour être certain que le poisson ait déjà frayé au moins une fois.

P hilippe Batlogg n’a jamais mor- du à n’importe quel hameçon. Pas question pour ce pêcheur de gober toutes les idées reçues quant à la gestion de la population pis- cicole, des truites notamment. Si les rivières franc-comtoises de première catégorie sont devenues désertes, ce n’est pas uniquement en raison de la pollution. C’est aussi à cause “d’une

dit ne pas vivre de cette fonction de guide de pêche. “Si des guides ne le disent pas : moi je prétends que c’est dur de vivre de ce métier en Franche- Comté. Ç a commence enmai et l’activité s’arrête fin juillet pour reprendre un peu en septembre.” Lui combine d’autres activités car la truite ne nourrit pas son homme. Dans le Doubs, l’activité pêche repré- sente 70 000 nuitées touristiques. “Per- sonne ne vit que de la pêche dans le Doubs, explique Laurent Moreau, char- gé de mission pour le tourisme. Envi- ron une dizaine d’hôtels ont un lien fort avec l’activité comme l’hôtel de Gigot pour le Dessoubre, le Moulin du Plain à Goumois ou l’hôtel de France à Ornans.” Autant dire que le poids économique n’est pas négligeable. Selon le guide Philippe Batlogg, il faut revoir certains principes comme l’alevinage à outrance ou encore la taille et le nombre de captures beau- coup trop important. De trois à six prises. Il faudrait une taille minimum de capture “de 35 cm la truite et pour l’ombre…Ainsi, nous serions sûrs que le poisson s’est déjà reproduit au moins une fois. Il est plus facile de durcir le

mauvaise gestion.” “Pourquoi les milieux privés sont-ils mieux empoissonnés que les domaines publics ?, s’interroge Philippe. L’eau qui coule à Ornans est la même que celle de Mouthier-Hautepierre. Pourtant, il y a large- ment moins de poissons à Ornans” constate ce pêcheur à la mouche pour qui les coins et recoins des rivières dou- biennes n’ont plus aucun secret. “Il reste encore des endroits privilégiés, peu pêchés” lance le dis- ciple de Saint-Pierre qui

“La pêche représente 70 000

règlement que de l’assouplir” dit-il. Sûr que cette “maille” en ferait réagir plus d’un. “Une grosse truite, c’est bien à pêcher… Mais les gros spécimens ne sont en général pas de bons reproduc- teurs et mangent beaucoup.” Première solution : faire une rotation des lieux no-kill (poisson remis à l’eau). Après 3 ans de pêche, Philippe Bat- logg estime qu’il faut changer de coin et choisir un nouvel espace no-kill. Idem pour les réserves actives. “Cela permettrait de pêcher les gros spéci- mens et revoir ainsi des truitelles.” Pas tort, même si cela semble paradoxal

pour un pêcheur dont l’objectif est de proposer de beaux poissons à la ligne de ses clients. Ses paroles se sont transformées en acte puisque Philippe et d’autres pêcheurs adhèrent à une Amicale de pêche dans le Lison où leurs décisions sont prises après votation. “Nous entre- tenons les ruisseaux pépinières où les truites viennent frayer. Cette année, nous n’alevinerons pas de truitelles.” Autre élément à prendre en compte : l’ouverture de la pêche, le 14 mars cet- te année. “C’est trop tôt.” En ce qui concerne la fermeture, il faudrait la

repousser car le mois de septembre et octobre sont encore bons pour la pêche. “Ces dates étaient établies par rapport à l’ouverture de la chasse. Le pêcheur posait sa canne pour prendre son fusil. Aujourd’hui, c’est fini”, conclut Phi- lippe qui ne sera pas au bord de l’eau le 14 mars. Sûr que les rivières ont besoin d’une nouvelle gestion pour assurer un flot constant de prises aux pêcheurs… Avant de retrouver une faune pisci- cole maximale, les pêcheurs vont devoir patienter… Ils ont l’habitude. E.Ch.

nuitées pour le tourisme dans le Doubs.”

PRODUITS RÉGIONAUX 50 000 euros La grande offensive de la “Morteau” La profession lance une opération de communication nationale pour accentuer la notoriété du produit-phare de la gastronomie locale. À Paris, le thème “Métro, boulot, Morteau” a été retenu.

Commentaire “Le terroir est souvent un refuge en temps de crise” Thierry Belin est le directeur commercial des sociétés Morteau Saucisse et Jean-Louis Amiotte. Il est une des chevilles ouvrières de cette campagne de communication. La Presse Pontissalienne : Quel est l’objectif principal de cette campagne de pub qui ne s’adresse qu’aux Parisiens ? Thierry Belin : Le but est de faire grossir le gâteau des consom- mateurs de saucisse de Morteau. On estime qu’il y a encore un Français que deux qui ne mange jamais de Morteau. Il reste donc un nombre important de consommateurs à aller chercher. La production s’établit à 4 000 tonnes par an, la filière pour- rait s’adapter sans problème si la demande. L.P.P. : Consacrer 50 000 euros à une campagne de communication en ces temps, c’est le bon moment ? T.B. : Justement oui. La saucisse de Morteau est un produit de terroir et le terroir est souvent un refuge en temps de crise. La Morteau est aussi sans doute un produit qui répond à certaines attentes du consommateur en termes de prix. Pour 5 euros, vous avez un produit de 350 ou 400 g sur lequel on peut manger à quatre, toute une famille. Et mine de rien, un plat chaud de viande à ce prix-là, il n’y en a pas tant que cela. On constate aussi que les gens vont de moins en moins au restaurant, ils préfèrent se retrouver autour d’un plat familial. La saucisse répond parfaitement à cette tendance. L.P.P. : La saucisse a-t-elle d’autres axes de développement qu’auprès des Parisiens et des jeunes ? T.B. : Localement, nous faisons de très bons volumes de vente l’hiver mais moins l’été. En Franche-Comté, on prévoit de com- muniquer sur le thème “Au bord de l’eau, pensez saucisse de Morteau.” Ce produit s’adapte parfaitement à un pique-nique, un barbecue… La saucisse a encore un gros potentiel de déve- loppement. Pour promouvoir le produit, y compris localement, nous venons également de lancer un nouveau site Internet (www.saucissedemorteau.com), un nouvel outil très attrayant. Propos recueillis par J.-F.H.

D es affiches représentant une appétissante recet- te à base de saucisse sur les lesquelles on peut lire “Métro, boulot, Mor- teau”, avec cet autre slogan, “saucisse de Morteau, en che- ville avec le goût” . Ou encore ces grands panneaux dans les cou- loirs du métro parisien, un site Internet et même des T-shirts. La belle deMorteau sort le grand jeu de la séduction et veut conquérir un nouveau public. L’association de défense et pro-

tion seulement des saucisses les plus connus des Français, après celles de Strasbourg, de Franc- fort et de Toulouse. En moyen- ne, les Français consommeraient de la Morteau quatre fois dans une année, bien loin de la consommation locale. La noto- riété du produit est déjà assez forte (71 % des Français le connaissent) mais parmi eux, seuls 33 % connaissent sa région d’origine. J.-F.H.

motion des charcuteries et salai- sons I.G.P. de Franche-Comté veut frapper un grand coup et séduire un nouveau public. Par- mi ce public visé, les jeunes et ceux qu’on appelle les “bobos” (comme bourgeois-bohêmes), cette catégorie d’urbains bran- chés et férus de culture. Ceux- là ne consommeraient pas suf- fisamment de Morteau, voire jamais. Le 21 février, la Mor- teau investissait la sortie de la ligne 12 du métro parisien. Et pendant toute la durée du salon

de l’agriculture, elle est présente à travers un stand, des dégus- tations, des jeux-concours…Ses promoteurs mettent le paquet, pas moins de 50 000 euros rien

que cette cam- pagne de pub. Un sondage T.N.S.-Sofres réalisé l’an der- nier révélait qu’en termes de notoriété, la Morteau arri- vait en 4 ème posi-

“Saucisse de Morteau, en cheville avec le goût.”

Les couloirs

du métro parisien, sur la ligne 1 station Gare de Lyon, font la part

belle à la Morteau en ce moment.

Made with FlippingBook Online newsletter