La Presse Bisontine 97 - Mars 2009

LA POLÉMIQUE DU MOIS

La Presse Bisontine n° 97 - Mars 2009

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SOCIÉTÉ 23 communes délivreront le nouveau passeport Passeports : vous n’avez plus le choix Pour obtenir un passeport biométrique, il faut s’adresser à huit communes de l’arrondissement de Besançon. Et à aucune autre. Le dispositif fait déjà polémique.

POLÉMIQUE Chiffre d’affaires en moins Photographes en colère Pour 1 euro, les mairies pourront tirer le portrait. Du travail et un chiffre d’affaires en moins pour les photographes bisontins. C’est l’inquiétude dans un métier déjà affecté par le développement du numérique.

“O n nous enlève notre gagne-pain.” Res- ponsable de l’enseigne “Le Chanet photo vidéo” à Saône, Alain Fève ne cache ni son amertume ni son inquiétude. Pour lui, les pho- tographies d’identité repré- sentent la deuxième part de son chiffre d’affaires, devant les photos de mariage. Savoir que les mairies vont prendre de cette charge ne le rend pas optimiste. “Je fais environ 4 500 photos d’identité par an” cal- cule ce dernier, installé en face de la mairie de Saône, laquel- le a été choisie pour établir les passeports biométriques. “Les gens venaient prendre leur pho- to et allaient ensuite à la mai- rie. On a investi dans dumaté- riel…” Même son de cloche au studio Fiximage à Morteau qui ne comprend pas cette décision

gouvernementale : “On a inves- ti il y a deux ans dans des images pour être aux normes (environ 4 000 euros) et aujour- d’hui on nous l’enlève !” regret- te Jean-Michel Fleury. En quatre ans, 6 500 des 13 000 photographes auraient déjà mis la clé sous la porte en rai- son de l’arrivée du numérique. Les mairies ne sont pas obli- gées de réaliser les photos d’identité. Saône dit vouloir installer l’appareil photo à titre d’essai pendant un an. Ensuite, la municipalité fera un bilan avec le commerçant. PourAlain Fève, c’est une faus- se bonne idée. “Lorsque la machine sera installée dans le nouveau local, ça m’étonnerait qu’ils décident de l’enlever.” Il a été reçu en mairie avec un représentant de l’usine “Photomaton”. Célèbre pour avoir installé de

nombreuses cabines dans l’ensemble des lieux publics, la société est aujourd’hui sur la brèche en raison de cette décision gouvernementale. D’ailleurs, la Ville de Besan- çon qui possède des photo- matons a demandé à cette der- nière de venir les rechercher expressément.Aumotif qu’elle n’en avait plus besoin puis- qu’elle allait être équipée de nouveaux appareils ! Les clients garderont néan- moins le choix d’aller ou non chez un photographe. Mais avec un prix affiché à 1 euro dans les mairies contre 7 dans les studios photos, le choix devrait vite être fait. Certaines enseignes pourraient ainsi perdre 20 voire 30 % de leur chiffre d’affaires. “Plus qu’une perte qui peut dépasser les 20 000 euros, ce sera une bais- se de fréquentation sensible. L’État dit que l’on va pouvoir se récupérer avec les photos de la carte vitale… On l’espère” , souffle Jean-Michel Fleury de Fiximage sans vraiment trop y croire. D’autres ne semblent pas inquiets. C’est le cas de Christine Gar- cia, dont le magasin de photo est installé dans la galerie commerciale Châteaufarine, à Besançon. Selon elle, “le nombre de portraits réalisés n’a pas baissé.” C’est vrai aujourd’hui. Ce le sera moins demain. E.Ch.

L e déploiement est prévu pour le début mars et légalement, tout doit être prêt pour le 28 juin. Au plus tard. Fini alors les demandes de passeport dans son lieu de résidence. Dans l’arrondissement de Besan- çon, tout va être centralisé autour de Besan- çon, Baume-les-Dames, École-Valentin, Mar- chaux, Ornans, Quingey, Saint-Vit et Saône. À quelques semaines de l’échéance, l’heure est à la concertation et à la prise de contacts entre ces mairies et l’agence nationale des titres sécu- risés (A.N.T.S.) en charge du dossier. Car l’arrivée du passeport biométrique suscite encore pas mal d’interrogations. Et provoque des grince- ments de dents du côté des photographes (lire par ailleurs) et même du côté des mairies, qui n’ont pas - toujours - eu le choix d’accueillir ces stations. Elles ont été choisies par rapport à

tion annuelle de fonctionnement est de 5 000 euros. Pour chaque station installée entre le 1 er janvier et le 28 juin 2009, la dotation ver- sée au titre de 2009 est fixée à 2 500 euros. Concernant l’aménagement du site, l’A.N.T.S. a provisionné sur son budget une dotation cal- culée sur la base d’une dépense moyenne de 4 000 euros par site équipé. Comme beaucoup d’autres communes, celle d’École-Valentin s’est adaptée.Après avoir trou- vé un local, la mairie a embauché une person- ne afin de répondre à cette nouvelle charge de travail.À Saint-Vit, ce sont les trois secrétaires qui auront la charge de ce nouveau job. “Nous établirons des jours d’ouverture” explique une secrétaire, pas inquiète de devoir travailler plus. En 2007, la commune a délivré 177 cartes d’identité et 135 en 2008.À ce chiffre s’ajouteront les passeports. Quingey connaît déjà la date de fonctionnement (7 avril) mais ignore “comment concilier l’accueil des personnes et ceux qui vien- dront pour un passeport” avoue la secrétaire, qui reste lucide. “On n’aura pas une demande par jour même si en théorie des gens extérieurs à la commune pourront venir. Nous aurons des machines, alors autant qu’elles servent” . À Saô- ne (lire par ailleurs), cette nouvelle charge mobi- lisera le quart d’un emploi. La mairie annonce qu’elle testera durant un an la prise des pho- tos. Bref, service de proximité rime souvent avec travail en plus. Encore un nouveau coût pour les collectivités. E.Ch.

leur influence géographique. À terme, les employés communaux seront capables de scanner les empreintes digitales, de prendre des photographies d’identité et de transmettre tout ceci à la pré- fecture du Doubs, à Besançon. Cette nouvelle mesure satisfait les mairies déchargées de cette fonction, avec à la clé, la possi- bilité pour les employés munici- paux de s’employer à d’autres tâches. Pour celles qui ont été retenues par l’État, c’est l’effet inverse même si un apport finan- cier est apporté avec une dota-

Une dépense moyenne de 4 000 euros.

La plupart des

photographes s’interrogent. Selon Christine Garcia, “le nombre n’a pas encore diminué”. Pour l’instant du moins…

Zoom Les mairies du Doubs équipées Arrondissement de Besançon : Baume-les-Dames, Besançon, École-Valentin, Mar- chaux, Ornans, Quingey, Saint-Vit, Saône. Arrondissement de Pontarlier : Levier, Morteau, Mouthe, Pontarlier, Vercel. Arrondissement de Montbéliard : Audincourt, Étupes, Grand-Charmont, Hérimoncourt, L’Isle-sur-le-Doubs, Maîche, Montbéliard, Pont-de-Roi- de, Sancey-le-Grand, Valentigney. Un coût plus élevé Augmentation de 60 à 88 € L e prix du passeport biométrique est supérieur à sa ver- sion dite “électronique” en raison de son ”niveau de sécurité” explique la préfecture. Pour une personne majeu- re, il se monte à 88 euros, contre 60 précédemment. Pour un mineur de plus de 15 ans, il reviendra à 44 euros, soit 14 euros supplémentaires. Pour les enfants de moins de 15 ans, fini la gratuité. Il en coûtera 19 euros. Cette aug- mentation est entrée en vigueur depuis début janvier. Ajou- ter à cela la possibilité de se faire tirer le portrait pour un euro de plus en mairie. Rappelons que les passeports biométriques contiennent des photos numériques et des empreintes digitales de huit doigts du demandeur. Ils restent valables dix ans sauf pour les mineurs de seize ans qui ont une validité de cinq ans. De son côté, la carte nationale dʼidentité reste gratuite. Toutefois, son renouvellement coûte 25 euros, en cas de non-présentation de la précédente en mairie. Tarif : 89 euros pour un majeur, 45 euros pour un mineur de plus de 15 ans, 20 euros pour un mineur de moins de 15 ans.

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