La Presse Bisontine 94 - Décembre 2008

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 94 — Décembre 2008

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TENDANCE 30 % d’abstinence Alcool,

La consommation

de bière fait un bond de 57 % en

Franche-Comté chez les jeunes de 17 ans.

quand tu nous tiens ! Les raisons qui amènent une personne à boire jus- qu’à devenir dépendante de l’alcool sont multiples. L’addiction est tenace. Le point avec le centre d’alcoologie et de tabacologie de Besançon.

C haque année, l’antenne départementale de l’association nationale de l’alcoologie et des addictions accueille 800 personnes dans ses locaux de la rue Morand à Besan-

accident de la vie, boire pour se désinhiber, les raisons d’une prise d’alcool quotidienne sont nom- breuses. “Gare aux habitudes qui font le lit de la dépendance” pré- vient Anne-Lise Daval, médecin au centre d’alcoologie et de tabacolo- gie. Est alcoolique “celui qui a per- du la liberté de s’abstenir de boire” écrivait le spécialiste Pierre Fou- quet pour définir la maladie. L’addiction est tenace. Il n’est jamais simple de décrocher de cette accou- tumance. Au bout d’un an, 30 % seulement des personnes qui ont été sevrées s’abstiennent de consommer. Sou- vent, ce sont celles qui ont entre- pris volontairement la démarche de soin. Sur les 70 % restant, la moitié rechute et le reste sort du

processus de suivi. “Le parcours pour sortir de l’alcoolisme est souvent émaillé de périodes d’abstinence et de rechu- te. C’est rarement un tra- jet linéaire” poursuit Anne-Lise Daval, d’où l’importance d’un accom- pagnement quotidien des patients sur une période donnée. Le centre de Besançon déve- loppe un programme spécifique de cure ambu-

çon. La plupart d’entre elles sont âgées de 35 à 55 ans et cherchent à se débarrasser de leur dépen- dance à l’alcool. Ici, quatre patients sur 10 sont des femmes, et leur nombre est en augmen- tation depuis quelques années. Déprime, stress,

“Nous avons l’impression d’être des Don Quichotte.”

Record national Les jeunes s’enivrent à l’excès Des élus du Doubs s’inquiètent de la consommation d’alcool excessive des jeunes lors des fêtes de village en particu- lier. La Franche-Comté arrive en tête du classement pour la consommation de bière. Lʼ alcool fait partie de la fête. En ville comme à la campagne, dans les bars comme à la buvette des manifestations populaires, certains sʼenivrent à lʼexcès. Le problème est que les buveurs lèvent le coude de plus en plus jeunes. Cʼest ce qui inquiète des élus, notamment du Haut-Doubs. Récemment, un maire a adressé un courrier à ses homologues pour les alerter de ce phénomène. “Quel est lʼavenir de nos fêtes ? écrit-il. Serait-il possible de réfléchir tous ensemble à ce problème ? Indiscuta- blement, la consommation dʼalcool est augmentation chez les moins de 18 ans comme le montre une récen- te étude publiée par lʼInstitut National de Prévention et dʼÉducation pour la Santé. LʼI.N.P.E.S. a établi la carte de France des régions où les ados boivent le plus. La Franche-Comté arrive en tête de classement pour la consommation de bière. Sur ce territoire, 57 % des jeunes de 17 ans admet- tent en avoir bu au cours des 12 derniers mois, alors que la moyenne nationale est à 44,6 %. En Franche- Comté toujours, la proportion de cette frange de la population qui avoue avoir été ivre pendant lʼannée progresse de 57 %. Cʼest une des plus fortes évolu- tions françaises après la Bretagne. Ajoutons encore quʼentre 2002 et 2005, la proportion de jeunes de 17 ans ayant consommé de lʼalcool de façon régulière est en hausse de 13 % alors quʼelle baisse dʼautant en Rhône-Alpes, mais fait un bond de 10 % dans le Nord, et de 16 % en Bourgogne. La consommation dʼalcool sʼaccompagne aussi de phénomènes de mode nouveaux comme le binge drin- king, importé dʼAngleterre, qui consiste à prendre une “biture express”. Mais il nʼest pas facile dʼapporter des réponses à ce problème lorsque lʼon sait que les buvettes sont tou- jours un bon moyen pour les associations de remplir leurs caisses. Cʼest la raison pour laquelle les élus veulent associer le monde associatif à leur réflexion.

latoire, qui permet aux patients qui ont été sevrés de ne pas être livrés à eux-mêmes une fois sortis de l’établissement de soins. Ils peu- vent s’appuyer sur cette structure relais pour retrouver progressive-

ment une vie normale, sans alcool et éviter la rechute. Les conclusions de différentes études qui mettent en évidence une aug- mentation de la consommation d’alcool chez les jeunes inquiète les professionnels de santé. “Plus un individu consomme de l’alcool tôt, et plus le risque de dépendance à terme est important. Car la prise d’alcool va s’inscrire dans le méca- nisme d’organisation de l’adolescent. Nous accueillons 2 ou 3 trois jeunes par an ici, dans nos locaux. C’est donc exceptionnel. Mais nous avons déjà eu le cas d’un lycéen qui com- mençait sa journée en buvant une bière avant d’aller en cours” préci- se Rémy Chapelain, formateur au centre. L’association intervient donc direc- tement dans les collèges et les lycées pour faire de la prévention auprès de ce public.Vaste mission d’autant plus compliquée que l’alcool est faci- le d’accès et pour certaines à bas prix. Il est donc possible de se cui- ter pour pas cher. Boire est presque aussi à la mode chez les jeunes que certaines marques de fringues. “On s’initie à l’ivresse de plus en plus jeune et de plus en souvent. Nous avons parfois l’impression d’être des Don Quichotte qui se battent contre des moulins à vent” observe Rémy Chapelain. Mais le centre ne baisse pas les bras. Il multiplie les initiatives. Il a mis en place par exemple un par- tenariat avec le lycée Jules-Haag pour prendre en charge les jeunes qui rentrent ives le mercredi après- midi. Jusqu’à présent, la sanction était une mise à pied d’une semai- ne. La méthode a changé puisque désormais ils sont invités à rejoindre le centre de la rue Morand pour trois rencontres. L’information et la sensibilisation sont plus efficaces que la sanction. T.C. Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (A.N.P.A.A. 25) 2, rue Morand à Besançon 03 81 83 22 74 comite25@anpa.asso.fr

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