La Presse Bisontine 94 - Décembre 2008

LE GRAND BESANÇON

La Presse Bisontine n° 94 — Décembre 2008

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INITIATIVE

Des réunions à Besançon Un nouveau parti politique pour les seniors À 67 ans, Claude Meunier est responsable de la

Claude Meunier : “Nous

seniors “qui en 2012 (année d’élection présidentielle) seront 25millions en France” poursuit Claude Meunier. Ce chiffre donne une idée du poids que pèsent aujourd’hui les 50 ans et plus dans la popu- lation. Claude Weber le sait. Que sa démarche apparaisse comme utopiste aux yeux de ses détracteurs ou d’un parfait réa- lisme au regard de ceux qui le soutiennent, l’U.E.S. pourrait être appelée à devenir un des mouvements les plus représen- tatifs du paysage politique natio- nal s’il parvient à jouer un rôle de catalyseur auprès de la popu- lation à laquelle il s’adresse. “Imaginez que 10 % des gens adhèrent. C’est évident que nous pourrions marquer à la culotte les politiciens de métier pour faire entendre nos revendica- tions” estime Claude Meunier, enthousiasmé par cette pers- pective.

L’Union Élargie des Seniors n’en est pas encore là. Elle se construit et s’installe discrètement à tra- vers le territoire national. Pour l’instant, l’U.E.S. a toujours un statut associatif mais elle devrait prendre, à terme, la forme d’un parti politique qui s’adresse aux actifs de plus de 50 ans, aux retraités et aux personnes dépen- dantes. Cette frange de la population serait-elle à ce point oubliée des politiques sociales et écono- miques de l’État pour qu’elle ressente le besoin d’exister à travers un nouveau parti poli- tique ? La réponse est “oui” selon Claude Meunier. “De plus en plus d’injustices frappent ces personnes. C’est la perte du pou- voir d’achat. C’est aussi le pro- blème des pensions de réversion qui amène des femmes veuves à vivre en dessous du seuil de pau- vreté. Il est fréquent de voir des seniors se rapprocher des Res-

fédération du Doubs de l’Union Élargie des Seniors. Une association qui pourrait prendre doucement les contours d’un parti politique.a

sommes vic- times d’une câlinothéra- pie.”

U n nouveau mouvement politique émerge dans le Doubs. Il s’agit de l’Union Élargie des Seniors. Née à Strasbourg en juillet 2006 à l’initiative du sexa- génaire Claude Weber, l’U.E.S. est aujourd’hui présente dans une vingtaine de départements. Son but est de “garantir une juste reconnaissance de la pla- ce active des seniors dans les projets politiques de notre pays.” Claude Meunier, habitant dans le Val de Morteau, est respon- sable de la nouvelle Fédération du Doubs. À 67 ans, ce retrai- té “actif” précise-t-il, à la fibre sociale et investi dans le mon- de associatif, se rallie à la cau- se défendue par Claude Weber. Il s’apprête à engager une série de réunions dans le Haut-Doubs et à Besançon pour faire connaître ce mouvement. L’attaché-case à la main, un dis- cours bien rodé, c’est lui désor- mais le porte-parole local d’une majorité silencieuse, choyée en période d’élection par les can- didats prêts à toutes les conces- sions pour rassembler des voix,

pour se sentir finalement délais- sée. “Nous sommes victimes d’une câlinothérapie” observe Claude Meunier. C’est dit : les seniors en ont assez de se laisser endor- mir pour rien ou presque. Mais la séduction par la pro- messe est un atout-maître pour bâtir une carrière politique. Manier la rhétorique avec sub- tilité est une forme d’art qui ne laisse pas insensible l’opinion. Le verbe touche au cœur, mais de là à ce que le propos soit sui- vi d’effets, il y a parfois un mon- de ! “Il est indispensable de dis- tiller un peu de vérité pour faire passer un gros mensonge” disait Edgar Faure, un homme à la faconde étonnante, qui pimen- tait de ses petites phrases gra- tinées la vie politique, lui don- nant ainsi l’allure et le panache qui lui fait défaut aujourd’hui. Le débat sur les retraites ou la prise en charge des personnes dépendantes sont des thèmes sensibles sur lesquelles glissent les belles paroles. Il est impen- sable pour un candidat à un mandat de dimension nationa- le, de passer à côté des voix des

tos du cœur. Près de 5 millions vivent avec un revenu inférieur au S.M.I.C. On peut évoquer également tous les seniors dépen- dants qui sont dans les maisons de retraite. Ils sont de plus en plus nombreux à ne plus pou- voir accéder à ces établissements, faute de ressources suffisantes. C’est intéressant de prolonger la vie, mais dans quelles condi- tions ? Nous nous battons aus- si contre les licenciements des plus de 50 ans dans les entre- prises” énumère succinctement Claude Meunier. Pour améliorer le quotidien de ses congénères, l’U.E.S. avance des revendications : “amener la

retraite d’ici à 2012 au-delà du niveau du S.M.I.C., soit 1 200 euros nets par mois. Nous voulons aussi que les collecti- vités mettent en place des struc- tures d’accueil accessibles à toutes les personnes âgées, et que ces établissements soient à but non lucratif.” Ce militant de la première heu- re entend bien le démontrer à qui veut l’entendre jusqu’à la prochaine présidentielle pour laquelle on ne sait pas encore si l’U.E.S. présentera un can- didat. Si par hasard il y en avait un, sur quelles promesses ferait- il campagne ? T.C.

FONTAIN

Un seul parc au Lomont

Le potentiel éolien de la Franche-Comté est inexploité

Le vent souffle favorablement en Franche-Comté pour les por- teurs de projets éoliens. En tout cas, Jean-Pierre Laurent y croit. Il vient de créer la société Opale Énergies Naturelles.

L a société Opale Énergies Natu- relles a reçu un prêt d’honneur d’unmontant de 35 000 euros de la part du Conseil général du Doubs. Cette entreprise créée aumois de juillet qui compte déjà dix salariés répartis sur deux sites, (un à Fontain et l’autre dans le Gard) est spécialisée dans le développement des énergies renouve- lables enutilisant les ressources locales. “Nous sommes en contact avec les com- munautés de communes pour dévelop- per de l’éolien, de la méthanisation ou de la micro-hydroélectricité” explique Jean-Pierre Laurent, le responsable de la société. Cet entrepreneur adéjàplusieurs années d’expériences dans ce domaine. Il ne doute pas du potentiel de la Franche- Comté pour le développement de pro- grammes éoliens. Pour l’instant, seul le projet du Lomont, un site où sont plantés une quinzaine demachines est sorti de terre.Il y a la place pour d’autres installations. “Ces éoliennes produisent 30 mégawatts. La France prévoit de générer 20 000 mégawatts grâce à cet-

te énergie, ce qui correspond à presque 1 000 mégawatts par région. Nous sommes loin du compte en Franche- Comté. Cependant, jenepenseque l’on pourra atteindre une telle production sur ce territoire” ajoute le profession- nel. Opale Énergies Naturelles est en rap- port avec plusieurs collectivités ouvertes aujourd’hui à ce nouveau marché. Cet engouement des élus locaux pour l’éolien entre autres a ouvert la porte, selon Jean-Pierre Laurent, à des opportu- nistes plus enclins à faire du business que d’agir dans l’intérêt d’un territoi- re. “Le marché est très concurrentiel. En 2001, il y avait quatreacteurs dans l’éolien. Maintenant nous sommes une centaine.” En coulisse, c’est un peu “la foire d’empoigne”et ce conflit d’intérêt échap- perait aux élus. Jean-Pierre Laurent est attentif à cette évolution. C’est la raison pour laquelle il propose aux col- lectivités une prestation de A à Z qui va de l’étude du projet à la réalisation du chantier. Pour le développement, Opale Éner- gies Naturelles s’est rapproché du pro- ducteur d’électricité allemand E.On, l’équivalent d’E.D.F. “Lebutestd’inscrire le projet dans la durée. Ce rapproche- ment donne une visibilité aux élus sur 30 ou40 ans.” C’est unemanière d’éviter que les générateurs d’énergie électrique ne passent trop rapidement sous le contrôle d’un fond de pension austra- lien comme c’est le cas du parc du Lomont qui avait été pourtant réalisé par la société Éole-Res. Jean-Pierre Laurent s’est également rapproché d’un paysagiste et d’un urba- niste pour ancrer dans le territoire chaque projet. “L’intérêt est qu’une implantation ne gêne pas l’extension urbaine d’une communauté de com- munes, ou qu’elle soit en adéquation avec ledéveloppement touristiqued’un secteur.”

La France prévoit de produire

20 000 méga- watts grâce à l’éolien.

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