La Presse Bisontine 92 - Octobre 2008

LE GRAND BESANÇON

La Presse Bisontine n°92 - Octobre 2008

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TÉLÉTHON Le cas de Villers-le-Lac “Mais où est passé l’argent du Téléthon ?” L’association française contre les myopathies a demandé aux organisateurs de l’édition 2007 du Téléthon dans le Val de Morteau de justifier le décalage important qui existe entre le chiffre d’affaires de la manifestation, 99 632 euros, et la somme versée à l’association qui est inférieure à 5 000 euros. L’information, révélée il y a trois semaines par le journal C’est à dire, publié dans le Haut-Doubs par la société Publipresse (également éditrice de La Presse Bisontine), a été reprise dans la plupart des médias régionaux et nationaux, faisant de l’affaire une petite tempête médiatique.

L’ engouement pour le Téléthon ne se dément pas dans le Doubs. C’est vrai dans à Besançon mais peut-être plus enco- re dans le Haut-Doubs, et notam- ment le Val de Morteau. Depuis l’édition télévisée de 1996, la mobi- lisation est intacte. L’organisation

Villers-le-Lac a explosé les plafonds fixés par l’A.F.M. en frais de fonc- tionnement.

des records d’affluence et de dons, avec toujours pour objectif de fai- re mieux que l’année précédente. Le Haut-Doubs défend ainsi sa répu- tation auprès de l’A.F.M. qui a tou- jours salué lamanière dont les habi- tants duVal se sont approprié cette fête. Mais en 2007, à Villers-le-Lac où se tenait le village Téléthon, la bel- le mécanique s’est emballée. La course au défi s’est transformée en un sérieux dérapage financier à la suite duquel l’A.F.M. a demandé des comptes à l’équipe d’organisation. “ La manifestation a généré un chiffre d’affaires de 99 632 euros Or, le solde global qui a été versé au Téléthon est de 4 383 euros” observe Jean-Louis Da Costa, directeur du réseau “Force T.” Le faible résultat a interpellé l’A.F.M. qui avait l’habitude de per-

cevoir des dons au moins dix fois plus importants de la part des vil- lages Téléthon dans le Val de Mor- teau. Comment expliquer un tel gouffre ? Après examen du dossier, le siège d’Évry a évacué l’hypothèse d’un détournement de fonds. L’association explique finalement ce dérapage financier par un pro- blème d’organisation. “Pour nous, il n’y a pas de malversations. Nous sommes plutôt face à une organi- sation qui a manqué d’efficacité et de vigilance. Il y a eu des dépenses très importantes liées à des frais de fonctionnement” observe-t-il. La location du chapiteau est un des éléments qui ont pesé lourd sur la note finale. Pourtant, dans son règlement, l’A.F.M. impose aux organisateurs de ne pas dépenser en frais de fonc- tionnement plus de 10 % des sommes qui peuvent être collec-

tées. “C’est une question d’éthique. Le but du Téléthon est de générer un maximum de fonds pour sauver les malades. Là, nous sommes dans une situation anormale par rapport aux règles de la “Force T” insiste Jean-Louis Da Costa. À Villers-le- Lac, le plafond des frais d’organisation a explosé. “Nous serons vigilants sur la mise en pla- ce du village Téléthon à Montlebon cette année .” À vouloir bien faire, les organisa- teurs de ce rendez-vous de la soli- darité auraient perdu de vue l’objectif fixé par l’A.F.M. Cet évé- nement serait petit à petit devenu la fête du Val de Morteau avant d’être celle de la bonne cause. “C’est un ensemble de circonstances qui fait que le résultat n’a pas été bon” tempère Pierre Vaufrey, coor- dinateur du Téléthon sur le Haut- Doubs. Pour autant, il ne cherche

pas d’excuses.“ Il y a eu des dépenses inconsidérées. Je pensais que le Télé- thon de Villers-le-Lac permettrait de reverser 40 000 euros à l’A.F.M. J’ai été déçu du résultat.” Tous les bénévoles se sont laissés griser par l’euphorie du Téléthon. Les orga- nisateurs ont manqué de vigilan- ce. Pierre Vaufrey a tiré les leçons de cet “accident” qui ne doit pas décou- rager les bonnes volontés. Il sou- haite désormais que le Téléthon retrouve des bases plus simples. “Par exemple, nous allons aban- donner à Montlebon le grand cha- piteau. Il faut revenir à quelque chose de plus basique, avec des ani- mations. Car c’est vrai, en organi- sant un événement surdimension- né, c’est l’esprit du Téléthon qui fichait le camp. Nous avions peut- être oublié l’essentiel.” T.C.

de cette fête de la solidarité est désor- mais une méca- nique bien huilée dans le Haut- Doubs où chaque année, c’est une commune diffé- rente qui accueille l’événement. Ani- més par la “Force T”, les bénévoles déploient une éner- gie et des moyens importants pour tenter de battre

“Nous avions peut-être oublié l’essentiel.”

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