La Presse Bisontine 92 - Octobre 2008
LE GRAND BESANÇON
La Presse Bisontine n°92 - Octobre 2008
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TRANSPORTS
Travaux du T.G.V.
Les syndicats de transport s’insurgent contre l’intervention d’entre- prises agricoles sur le chantier de la Ligne à Grande Vitesse. Elles livreraient une concurrence déloyale aux sociétés de transport. Les agriculteurs dans le collimateur des transporteurs
D es agriculteurs intervien- nent en sous-traitants sur le chantier de construction de la Ligne à Grande Vitesse. Dans ce genre d’opérations, les groupements de terrassiers font appel à leurs services pour des missions très spécifiques d’ar- rosage des pistes par exemple ou du transport dematériel. Cet-
te collaboration est souvent une aubaine pour les entreprises agricoles dont certaines finis- sent même par créer leur propre société de travaux publics en parallèle de leur exploitation. Celles-ci saisissent donc l’op- portunité de la L.G.V. pour se diversifier à coup d’investisse- ments et de créations d’emplois. Vu sous cet angle, on se dit que ce chantier génère une écono- mie inattendue et intéressante. Or, tout le monde ne se réjouit pas du procédé. Les syndicats de transporteurs routiers com- me la F.N.T.R. dénoncent cette situation et parlent de “concur- rence déloyale” car les “agricul- teurs ne sont pas soumis aux mêmes règles du jeu que les trans- porteurs. Leur activité sur le chantier est pourtant compa- rable à du transport ” observe ce syndicat. La profession est en effet régie par une législation rigoureuse et complexe. Ne s’improvise pas transporteur qui veut. “Il faut notamment faire preuve d’une capacité professionnelle et d’une capacité financière. C’est une obligation de répondre à diffé- rents critères et respecter en par- ticulier les temps de conduite. Une entreprise de travaux publics qui effectue du transport doit avoir une filiale transport. Ce sont deux secteurs distincts.” Selon la F.N.T.R., la plupart des agriculteurs, parfois même sans le savoir, sont hors des rails de la législation. Ce syndicat a donc attiré l’attention du préfet sur cette question. La Direction Régionale de l’Équipement qui a compétence pour surveiller les transports, “a diligenté un cer- tain nombre de contrôles qui se sont révélés positifs.” Mais, pour les représentants des transpor- teurs, ces contrôles seraient insuffisants pour s’assurer du respect de la réglementation. La situation arrangerait fina- lement les grands terrassiers qui font appel à cette main- d’œuvre. “Ils commanditent des agriculteurs car ça leur coûte moins cher tout simplement, du fait qu’ils ne respectent pas la législation propre au secteur des transports routiers. Faut-il rap- peler qu’ils roulent avec un car- burant détaxé ?” déplore la
F.N.T.R. Impos- sible pour les transporteurs d’être compéti- tifs dans ces conditions. Sur le chantier de la L.G.V., les entreprises de travaux publics ne se cachent pas d’avoir recours à des sociétés agri- coles. Dans les couloirs de la
“Ça leur coûte moins cher tout simplement.”
Plusieurs agriculteurs ont créé en parallèle de leur exploitation une entreprise de T.P.
base de Chaucenne, on estime que les syndicats des transpor- teurs font beaucoup de bruit pour peu de chose. “Ce débat res- semble à des guéguerres corpo- ratistes entre différentes profes- sions qui essaient de défendre leurs intérêts non pas en cher- chant à être compétitives mais au contraire en tentant de coin- cer les concurrents sur la légis- lation” déplore un terrassier. Selon les donneurs d’ordres, on ne peut pas ignorer dans ce dos- sier les risques financiers que supportent les agriculteurs en investissant dans de nouveaux matériels pour les besoins de la réalisation de ligne à grande vitesse. “Nous exigeons que les agriculteurs soient déclarés com- me entreprise de T.P. et que les machines soient en règle. Un agriculteur qui est sur le chan- tier intervient au titre d’entre- prise deT.P. et pas au titre d’agri- culteur, même s’il est au volant d’un tracteur.” Mais la F.N.T.R. ne démord pas du fait que “des entreprises de transports peu- vent faire le travail des agri- culteurs sur le chantier de la L.G.V.” La polémique sur le sujet semble sortir des cartons alors que l’ac- tivité des terrassiers sur la L.G.V. est moins dense à l’automne.Au fur et à mesure que le terras- sement avance, cette activité décroît. “Au début, quand il y a du travail pour tout le monde, il n’y a pas de problèmes” , mais la conjoncture se tasse, il fau- drait donc apprendre à jouer des coudes pour ternir sa place.
T.C.
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