La Presse Bisontine 81 - Octobre 2007

LE PORTRAIT

La Presse Bisontine n°81 - Octobre 2007

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COLLECTION 1 200 montres

Guy Bourdouleix, ardent défenseur du patrimoine LIP Le directeur de la Maison d’Accueil Spécialisée de Ville- neuve-d’Amont, dans le Haut-Doubs, est passionné par les montres LIP qu’il collectionne depuis 25 ans. Un loisir qui n’a d’autre ambition que de contribuer à la sauvegar- de d’un fabuleux héritage régional d’inventivité horlogère.

Originaire de l’Allier, Guy Bourdouleix collectionne les Lip depuis qu’il est arrivé en

Franche- Comté en 1981.

B ien après sa disparition, la célèbre manufacture bisontine suscite encore un vif intérêt. On accor- de encore beaucoup d’importan- ce au conflit social qui précipita la fin de cette saga horlogère commencée en 1867. Des films, des documentaires, des livres évoquent régulièrement ces évé- nements qui ont marqué durablement les esprits. S’il regrette comme tant d’autres la dis- parition de LIP, Guy Bourdouleix ne s’intéresse pas trop au volet syndical de la chose. Originaire de Vichy, il n’a

à-vis de mon métier.” C’est là que se réveille sa curiosité autour de la maison LIP. Dès lors, il n’aura de cesse de compléter une collection riche aujourd’hui de 1 200 montres. Un col- lectionneur exigeant, méticuleux et avant tout soucieux d’authenticité. À défaut d’appartenir à une association ou un groupement spécialisé sur la ques- tion, il fonctionne avec un réseau de correspondants dispersés un peu par- tout en France. “On procède à des échanges. On s’informe mutuellement sur les pièces qui nous manquent” , explique Guy Bourdouleix qui fréquente également les bourses et les salles de ventes, toujours accompagné d’un pré- cieux registre où figure la totalité de ses pièces. Comme tout collectionneur digne de ce nom, il recherche toujours des modèles neufs équipés avec des mouvements d’origine. Il ne porte jamais unemontre de sa collection. Ceci afin de la préser- ver intacte. Sans prétendre avoir les compétences d’un horloger, il a acquis au fil du temps les rudiments tech- niques lui permettant de vérifier rapi- dement l’authenticité d’un modèle et son bon fonctionnement. Des connais-

sances affinées par la lecture de revues spécialisées. “Je me renseigne égale- ment auprès d’anciens horlogers de chez LIP” La marque a globalement échappé aux phénomènes des contrefaçons même si plus de 10millions de Français ont por- té une montre LIP. Trésors d’inventi- vité, souvent à l’avant-garde des avan- cées technologiques et des modes esthétiques, les produits sortis de la manufacture bisontine étaient loin d’at- teindre les prix des complications pro- venant des grands noms de l’horloge- rie suisse si souvent copiés. “La philosophie de cette société consistait plutôt à proposer un choix très diversi- fié en mettant l’accent sur l’innovation et l’originalité des formes. Sa grande force fut de savoir s’entourer desmeilleurs horlogers et des plus grands créateurs, à l’instar de Roger Tallon, Rudolf Meyer ou encore François de Baschmakoff.” De modèle en modèle, Guy s’est peu à

peu familiarisé avec les membres de la famille LIP et notamment Fred Lip, aussi fantasque que visionnaire et doté d’un sens du commerce hors du com- mun. Ce personnage extraordinaire a dirigé l’entreprise familiale pendant 25 ans pour en faire la seule manufactu- re horlogère française capable, dans les années cinquante, de jouer un rôle pri- mordial sur le planmondial. Lip a sou- vent été à l’avant-garde. On lui doit par exemple l’invention de la montre élec- tronique et de la montre à quartz. Aussi passionné qu’il soit, Guy sait aus- si se montrer raisonnable dans l’enri- chissement de sa collection. “Je n’en fais pas une obsession. On peut encore se procurer des Lip à partir de 30 euros. Les pièces les plus rares ou les plus chères ne dépassent pas quelques milliers d’eu- ros.” Il prospecte aujourd’hui dans le souci d’avoir les modèles les plus représen- tatifs d’un style, d’une époque ou enco-

re des divers partenariats négociés entre LIP et d’autres sociétés horlogères com- me ce fut le cas avec Breitling ou Blanc- pain. Sur les 1 200 montres de sa col- lection, il possède seulement une douzaine de doublons utilisés pour pro- céder à divers échanges. Heureux de montrer sa collection, il escompte bien pouvoir un jour la présenter sur une exposition temporaire ou lamettre pour- quoi pas à la disposition d’un musée qui en ferait la demande. Son objectif n’est pas de la conserver au fond d’un placard, bien au contrai- re. Il cherche davantage à préserver un patrimoine qui fit les beaux jours de l’horlogerie régionale. “À la fin de l’épo- pée LIP, tous les mouvements partaient aux États-Unis ou au Japon. Je trou- vais ça assez regrettable.” L’héritage semble donc en partie sauvegardé et n’attend que d’être dévoilé au public.

pas vécu ces épisodes en direct. Il ne se sent pas, nonplus, l’âme d’unmili- tant prêt à s’investir pour des causes simi- laires. “Onm’a offert une montre Lip à ma com- munion.” Un cadeau qui l’a accompagné jusqu’à son arrivée en terre com- toise en 1981, année où il décroche un emploi à l’association d’hygiène sociale du Doubs. “J’avais besoin de trou- ver une échappatoire vis-

Avoir les modèles les plus représentatifs d’un style.

F.C.

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