La Presse Bisontine 53 - Mars 2005

14 REPORTAGE

Récit Gilliane Courtois

24 HEURES AVEC… les pompiers du centre de secours principal de Besançon

24 heures, c’est justement le temps de garde d’un sapeur-pompier profession- nel. Mardi 15 février. Le lieutenant Sébas- tien Freidig, chef de garde, nous accom- pagne pendant ces 24 heures. C’est l’équipe numéro 3 que nous allons suivre. Le lieu- tenant et son équipe sont tous animés d’une même passion. C’est pour eux une “vraie chance de prendre le travail lematin” et de se rendre utile en portant secours. Rencontre avec ces hommes hors du com- mun, le temps d’une garde : 24 heures au cœur de la caserne de Besançon. Effectifs du centre de secours de Besançon : - 143 sapeurs-pompiers professionnels répartis en 3 équipes - 40 sapeurs-pompiers volontaires. - 12 P.A.T.S. (personnel administratif et technique) Pour devenir sapeur-pompier professionnel : recrutement sur concours + 700 heures de formation. Pour devenir sapeur-pompier volontaire : jury d’entretien + 200 heures de formation. Salaire : 1 300 euros mensuels pour un pompier professionnel débutant (dont la prime de feu d’environ 300 euros). Prise de garde

tons un peu plus haut sur la rive. Par radio, il vient d’être signalé à l’équipe sur place des vêtements dans une poubelle. Peut-être ceux de la victime. C’est un blouson. Dans les poches, les plongeurs retrouvent les médicaments dont parle la victime. La tentative de suicide ne fait aucun doute. Première intervention, pre- mière vie sauvée. La journée démar- re fort. ! Sauvetage dans le Doubs

7 h 40 premier départ, ça décale* ! 3 plongeurs, un V.S.A.V., une embar- cation, et l’officier de garde sont appe- lés pour repêcher un corps dans le Doubs. Le niveau de l’eau est élevé, le courant est fort ce matin, “plus de 2 m 3 /seconde” d’après les plongeurs. La température de l’eau ne dépasse pas 5 ou 6 degrés. Les hommes gre- nouilles, tout de rouge vêtus, plon- gent aussitôt. Par chance, le corps est dans un embranchement plus cal- me du Doubs, à une dizaine de mètres du bord. Quand ce n’est pas le cas, il arrive que les plongeurs cherchent le corps pendant plusieurs heures. Dans une eau froide mais plutôt cal- me, ils atteignent le corps en quelques secondes. “Elle respire encore !” Le sauvetage est rapide, la femme est ramenée sur la rive. Les sapeurs- pompiers s’activent. Le temps est compté. Chacun sait ce qu’il a à fai- re, les rôles sont clairement définis. Promptement, la femme est désha- billée (il faut enlever ses vêtements gelés), conditionnée, brancardée à l’intérieur du V.S.A.V., et réchauffée. Sur place, la police prend les pre- miers renseignements, cherche une pièce d’identité dans les vêtements de la personne, une indication…Rien. La victime est toujours consciente. Elle dit s’appeler Monique (les noms sont volontairement modifiés), avoir 58 ans et s’être jetée elle-même dans le Doubs. Une équipe du S.A.M.U. arrive et médicalise la victime. Elle est en hypothermie, la température de son corps est de 33°C. Il faut fai- re vite, une vie est en jeu. Direction l’hôpital Jean Minjoz. Nous remon-

Les plongeurs satisfaits après un sauvetage réussi.

Sauvetage sur les berges du Doubs. * Décaler : terme utilisé pour évoquer le départ d’un engin. L’expression est empruntée à l’action de retirer les cales en bois qui assuraient la pompe et les voitures de secours dans les garages au temps de la traction hippomobile.

Spécialités des sapeurs pompiers : Après les 700 heures de formation nécessaires pour devenir pompier professionnel, les agents peuvent s’orienter vers : - Une spécialité opérationnelle : - C.O.D. : Conducteurs (four- - S.A.V. : sauveteurs aquatiques (uniquement sauvetage de sur- face) -G.R.I.M.P. : groupede recherche etd’interventionenmilieupérilleux - S.D. : sauvetage déblaiement - R.C.H. : Risques chimiques - R.A.D. : Risques radiologiques Une spécialité fonctionnelle - F.O.R. : formateur - M.N.P.S. : moniteur de secourisme - T.R.S. : transmission - P.R.V./P.R.S. : prévention prévision gon, échelle, bateau) - P.L.G. : plongeurs

3 pompiers sont appelés pour un ascenseur en panne, avec des personnes à l’intérieur. Les pompiers partent avec le V.T.U. (véhicule tout usage). À l’in- térieur, ils disposent de tout le matériel nécessaire pour débloquer l’ascenseur. La démarche est toujours la même : d’abord stopper l’as- même perturbée. Les pompiers la raccompagnent à son domi- cile et rentrent à la caserne après s’être assurés que tout allait bien. Dans certains départements, cette interven- tion est payante. Aujourd’hui dans le Doubs, toutes les opé- rations effectuées par les pom- piers sont gratuites. ! Ascenseur bloqué à Planoise censeur depuis la machinerie, le mettre à niveau, ouvrir les portes manuellement, ensui- te évacuer les personnes. Une dame âgée se trouvait à l’in- térieur. La tension est palpable. Elle habite l’immeuble depuis plusieurs années, elle n’en est pas à sa première panne d’as- censeur mais elle est tout de

Rassemblement de la garde montante à 7 heures.

7 heures. La sonnerie retentit. Rassem- blement dans une travée de garage pour la prise de garde et l’appel. Les sapeurs pompiers sont aujourd’hui 33 sur les rangs. L’effectif minimum est de 31 en journée, 28 la nuit et les week-ends.Après 48 heures de repos, ils entament une nouvelle gar- de de 24 heures. L’officier de garde et le chef de garde procèdent à l’appel. Tout le monde est présent. Distribution des tâches et affectations de la journée : officier de garde, chef de garde, chef de groupe incen- die, conducteur, échelier… les rôles sont différents à chaque garde. Première tâche de la journée pour tous, comme chaque matin : l’inventaire des véhicules. Les pompiers vérifient que tout est en ordre dans les 4 F.P.T. (fourgons pompe tonne), les 5 V.S.A.V. (véhicule de secours et d’assistance aux victimes), les 2 V.T.U. (véhicule tout usage) et l’E.P.S.A. 32 (échelle pivotante semi-automatique 32 mètres). !

9 h 30. Départ F.P.T. et officier de garde, soit 7 agents pour une détection de gaz, a priori du monoxyde de carbone selon les requérants. Arrivés sur place, ils découvrent unpetit immeuble de 2 étages d’où se dégage une forte odeur de solvant. Premier constat : aucune fuitedemonoxy- de de carbone n’est pas à craindre. Ce gaz est en effet incolore et inodore. Les pom- piers parcourent tous les étages, descendent à la cave. À l’aide d’un explosimètre et d’un toxi- mètre, ils recherchent des gaz explosifs, inflammables ou toxiques. L’odeur vient d’un appartement au 1 er étage. Le locataire est en train d’y faire des travaux. Finalement, c’est un produit de bricolage, néces- sitant de travailler dans une pièce ventilée, qui a alerté les voisins de l’étage supérieur, un couple avec enfant.Aucun dan- ger. Il suffit d’ouvrir les fenêtres pour que l’odeur s’atténue dou- cement. Le bricoleur pourra alors continuer ses travaux, en s’assurant de la bonne ventila- tion de la pièce. ! Détection de gaz

Interventions : 8 512 interventions (soit une moyenne de 25 interventions par jour) en 2004 dont : - 4 672 interventions pour secours à person- ne, soit 55% - 708 A.V.P. (accident sur la voie publique), soit 8% - 1 051 Feux (poubelle, voiture, cave, habita- tion…), soit 12 % - 2 081 opérations diverses (nids de guêpes,

ouverture de porte, inondations, ascenseurs bloqués, capture d’ani- mal, protection de l’envi- ronnement…), soit 25 % - 150 000 personnes sont couvertes par le centre de secours principal de Besançon qui intervient à Besançon et dans une quarantaine de communes alentour. - 97 % de la population se dit satisfaite des pompiers, ce qui en fait l’une des professions les plus appréciées des Français.

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