La Presse Bisontine 53 - Mars 2005
C ONFIRMATION La FNAC dans 5 ans à Besançon 12 LE DOSSIER
P ROPRIÉTÉ
Bien que les principales boutiques du centre-ville de Besançon soient occupées par des enseignes nationales et des franchises, la plupart du temps, les murs ne sont pas la propriété de ces mêmes enseignes. À qui appartiennent les commerces du centre ?
C’ est le serpent de mer depuis plus de 10 ans. Viendra, viendra pas ? Aujourd’hui, la FNAC réaffirme ses intentions et se dit “plus que jamais intéressée pour s’instal- ler à Besançon.” Le dépôt des permis C.D.E.C. devrait d’ailleurs se faire dès cette année, “dans les tout prochains mois.” Mais avant de pouvoir flâner dans les rayons de la FNAC, le dossier îlot Pasteur - rebaptisé “Pas- sages Pasteur” pour des raisons commerciales (ça sonnerait mieux) -, doit aboutir. “C’est en
bonne voie, le pré-accord d’achat a été signé concernant l’immo- bilier. Les diagnostics archéolo- giques seront faits dans la fou- lée, puis les fouilles en 2006. Les travaux pourront alors démar- rer” confie la S.E.D.D., porteu- se du projet. Avec l’extension annoncée de Monoprix, la FNAC doit être la deuxième locomotive des Pas- sages Pasteur dont l’ouverture est annoncée à l’horizon 2010. Les rayons de la FNAC s’étale- raient sur une surface supérieu- re à 1 500 m 2 . !
L es endroits stratégiques du centre appartien- nent soit encore à quelques anciennes familles commerçantes de Besançon, mais de moins en moins, soit à des sociétés spé- cialisées dans limmobilier com- mercial. De plus en plus, les murs sont rachetés par des groupes dinvestisseurs : ils sont parisiens et ces dernières années, il y a des groupes lor- rains et alsaciens. Ce sont des gens qui se portent acquéreurs de tout ce qui se vend en matiè-
les murs où se sont installées les enseignes Forum, Jenny- fer Grande rue et ModAffaire place du Marché. Un bel
priétaires bisontins qui possè- dent des murs à vocation com- merciale nont aucun intérêt à les vendre. Cest de lor en bar- re : ils touchent un droit au bail (150 000 euros ou beau- coup plus dans les endroits stratégiques), ils perçoivent un loyer et ils gardent limmeuble. Et si le commerçant dépose le bilan, ce nest pas grave, ils toucheront un nouveau droit au bail avec le suivant. Le filon est très lucratif. ! J.-F.H.
re dimmobilier commercial commente un professionnel bisontin. On la vu par exemple avec les locaux du Vox, ven-
immeuble au centre-vil- le peut valoir de 2 à 3 millions deuros. Mais comme le souligne un notaire bisontin, le marché de limmobilier commercial existe mais
dus à la société stras- bourgeoise Eurinvest. Cette même société avait également ache- té par exemple les murs des pompes funèbres où sest installé le
2 à 3 millions d’euros.
magasin Zao, à langle de la Grande rue et de la place Pas- teur. Autre exemple, le der- nier propriétaire du complexe îlot Pasteur possède également
il est discret. Jamais on ne ver- ra dans la Grande rue murs à vendre. Les agents daffaires ont leur carnet dadresse. Ceci dit, poursuit le notaire, les pro-
Les commerçants indépendants ont-ils encore leur chance ? I MPRESSIONS À cette question, tous les intéressés n’apportent pas la même réponse. Dans le monde du commerce, le consensus est bien difficile. Réactions. Habillement
Bilan Jean-Louis Duchaillut : “Le commerce est un éternel recommencement” D ernier représentant dune longue lignée de commerçants, Jean-
principe du commerce indépendant est de faire face à une diversification énorme des magasins. Cest la même histoire dans la lingerie. Là, le pro- blème a été de faire face aux grandes surfaces qui se sont mises à vendre les marques de lingerie. Le gâteau sest partagé à cause des grandes sur- faces. Lhistoire se répète dans la res- tauration rapide. Quasiment aucune enseigne il y a 12 ans et une floraison énorme depuis. Le commerce de centre- ville est un éternel recommencement. Quoi quil en soit, il y aura toujours des acquéreurs quand une surface se libère. !
Louis Duchaillut vient de céder sa dernière enseigne, PapDuch, place Saint-Pierre. Après avoir tenu une boutique de chaussures, lingerie puis restauration rapide, la famille Duchaillut a vu évoluer le centre-vil- le et disparaître les boutiques indé- pendantes. Le principe est toujours le même, analyse Jean-Louis Duchaillut : dans les années 50, nous étions une dizaine de marchands de chaussures. Dans les années 70, on en comptait une trentaine. Logique- ment, le gâteau se partage. Le grand
Union des commerçants Jean-Charles Diéterlé : “Le centre-ville doit diversifier son offre” R esponsable dune des plus anciens magasins de la ville, créé en 1877, Jean-Charles Dié- terlé préside lunion des commerçants de Besan- çon. Il pousse pour que les rares cellules libres en ville accueillent de nouveaux types de maga- sins. Je mets au défi de trouver une balle de tennis au centre-ville, un luminaire ou du papier peint. Pour que le centre-ville continue à vivre, il faut impérativement une offre diversifiée. Il y a plus de 20 opticiens au centre-ville, plus de 20 commerces de prêt-à-porter féminin sur le haut de la rue des Granges, dont 5 côte à côte. Si on réussit à diversifier loffre, il y aura forcément un retour au centre-ville. La question de laccès est un faux problème. Sur les deux jours de bra- derie, 100 000 personnes fréquentent le centre- ville. Ceci dit, il ne faut pas se plaindre quand un indépendant ferme. Cest le consommateur qui fait son choix. !
Michel et Nicole Gelé : “On continue à croire au centre-ville” L e couple a repris le magasin BleuMarine il y a 4 ans. Lan
ce sera pour tout le secteur. Il manque juste la volonté des élus bisontins de vraiment faire vivre le centre-ville. Ils vantent Besan- çon comme ville verte, il ne faut pas quils contribuent à ce que les gens se coupent du centre. De notre côté, notre chiffre daffaire continue à augmenter depuis 4 ans. Pour vivre, le commerce indé- pendant doit mouiller sa che- mise. Cest ce que nous essayons de faire. En tant que commer- çants indépendants, notre force cest laccueil, le service et la qua- lité. Le centre-ville continue à être attractif. La preuve : nous recevons tous les jours des lettres des grands groupes qui cherchent à sy installer. !
dernier, ces anciens industriels ont racheté la boutique Pianta dont ils rénovent actuellement la devanture. Commerçants indé- pendants, ils sont convaincus que le centre-ville a un avenir. Avoir repris Bleu Marine était un pari osé car nous navions pas lancienneté. On sest dit : On verra bien. Aujourdhui, on conti- nue à croire au centre-ville car nous avons plusieurs atouts : un emplacement et des marques. Depuis 5-6 ans, le haut de la Grande rue est plus attractif (rénovationdes brasseries àGran- velle, musée du Temps ). Plus il y aura de commerces et mieux
Habillement
Joëlle Bloch : “Je suis totalement optimiste”
L e magasin Roger est un des plus anciens de la ville. Il fête cette année ses 70 ans. Fille du fonda- teur, Joëlle Bloch continue à croire au centre-ville : Je suis totalement optimiste. Pour travailler en ville, il faut sans cesse se remettre en ques- tion. Il faudrait aussi que le com-
mercial. Pour cela, il ne faut pas dissuader les gens de venir. Offrir le parking aux clients est une bon- ne idée, cest dailleurs indispen- sable. Ces derniers temps, je ressens que les clients recherchent de plus en plus la qualité et le service. Au fil des ans, nous avons vu le nombre de clients baisser, ce qui ne nous empêche pas de faire le même chiffre daffaires. Il y a moins de clients mais notre activité se maintient. Je pense que la période où les clients cherchaient le produit le moins cher possible est révolue. Jai le senti- ment que les gens en reviennent du phénomène grandes surfaces. !
Thierry Cagnetta : “Il n’y a plus d’avenir au centre-ville” Meubles
merce de centre-ville soit plus uni, trouver des nouveaux services à offrir aux clients, comme des systèmes de livraison par exemple. Il faut que le centre- ville devienne un immense centre com-
Prêt-à-porter Gérard Giraud : “Une paupérisation du centre-ville” L es Stocks Américains (prêt- à-porter) sont présents sur
S elon toute vraisem- blance, le magasin de meubles Cinna quit- tera avant la fin de lannée son emplacement rue de la République. Motif : une surface de vente trop petite et une érosion de la fréquen- tation en ville. Explications : Nous avons lintention de quitter le centre-ville pour deux raisons essentielles, avance
Thierry Cagnetta, responsable du magasin Cinna. La pre- mière est le manque de sur- face. 150 m 2 , cest trop peu aujourdhui pour pouvoir pro- poser une offre suffisante. La deuxième raison, cest la bais- se indéniable de fréquentation au centre. Dans la tête des clients, on ne va plus acheter un meuble au centre-ville, les mentalités ont changé. À plus
pas fait pour favoriser les affaires. Cest triste à dire, mais nous navons plus dave- nir au centre-ville. Nous devrions quitter la rue de la République avant la fin de lannée. Concernant le droit au bail, je pense quil vaut beaucoup plus quil y a 13 ans quand nous nous sommes ins- tallés. !
ou moins long terme, nous serions condamnés à dispa- raître. Nous préférons partir avant et développer un projet ailleurs, un nouveau concept de magasin que nous prépa- rons actuellement. Javoue que depuis 4 ans, nous perdons du chiffre. Les 35 heures ont libéré du temps libre, les gens en profitent pour faire autre chose, bricoler, etc. Ce nest
ville du point de vue de la fré- quentation. Il y a de plus en plus de promeneurs, demoins enmoins de clients. En 2004, cest la pre- mière année que nous faisons plus de chiffre à Châteaufarine quau centre-ville. Désormais, les zones ont rattrapé le centre-vil- le commente Gérard Giraud. !
Besançon à travers trois bou- tiques : deux au centre-ville (rue des Granges et place du Mar- ché) et une sur la zone de Châ- teaufarine. Le constat du res- ponsable est sans appel : Il y a une vraie paupérisationdu centre-
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