La Presse Bisontine 47 - Septembre 2004

L’ÉVÉNEMENT

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1944-2004 : le goût de la liberté

Juin 1940, l’armée allemande entre à Besançon après le repli des troupes fran- çaises. C’est là, dans la capitale régiona- le, que s’installe la Feldkommandantur 560. Idéalement placée aux portes de la Suisse et de l’Allemagne (l’Alsace était annexée), la ville devient rapidement un lieu de stationnement des troupes. L’été 1940 marque le début de l’Occupation de Besançon. Elle durera quatre ans. L’arri- vée de la 3 ème division américaine le 7 sep- tembre 1944mettra un terme à cette pério- de douloureuse. Les G.I.’s qui avaient débarqué le 15 août en Provence libèrent enfin Besançon et les villages alentour après quatre jours de combat. 60 ans après ce fait d’arme, c’est toute une ville qui se souvient.

L’ÉVÉNEMENT

B ESANÇON L’action de la troisième division américaine

Les Américains entrent en force En deux jours, l’armée américaine élimine les poches de résistance allemandes à Besançon. La ville est libérée. C’était il y a 60 ans.

À l’aube du 7 septembre 1944, le7 ème régiment de la3 ème divi- sion d’infanterie américai- ne cantonné aux portes de la ville, lance l’assaut sur Besançon après avoir pris la veille le pont stra- tégique d’Avanne. Le 8 septembre, c’est une population en liesse qui accueille les G.I.’s et les patrouilles de F.F.I.

mandes, on estime à 250 le nombre de morts et 2 500 prisonniers. Pourtant, dans ses écrits, le colonel Robert Dutriez, spécialiste de l’histoi- remilitaire régionale indique que “pour les effectifs américains engagés, ces pertes sont àconsidérer commeminimes” - la 3 ème division comptait 17 000 hommes. Il ajoute : “Une comparaison

Rapidement, les poches de résistance allemande sont éliminées dans les dif- férents quartiers de la ville. Tout au long de leur avancée, les “boys” sont épaulés, guidés et renseignés par les F.F.I. qui ont préparé le terrain. “En fait, il apparaît que les Allemands n’avaient pas ordre de tenir Besançon” précise Élisabeth Pastwa, conserva- trice du musée de la résistance et de ladéportation. À l’approche des troupes U.S., les forces d’occupation ont com- mencé à se replier vers l’Est dès la fin du mois d’août. “À Besançon, il n’y a pas eu de pilonnages, ni d’exaction sur la population civile, pas de mise à sac, comme ce fut le cas dans d’autres villes occupées. Par contre, les Allemands ont reçu l’ordre de se maintenir au niveau de Belfort et de tenir la position. Les combats seront beaucoup plus violents. D’ailleurs, leNordde laFranche-Com- té ne sera délivré que plus tard, en novembre 1944.” Les Américains ne s’attardent pas dans la capitale régio- nale. “Ils ne font que passer. Les troupes d’assaut continuent leur progression. Il ne reste que la logistique qui va ten- ter de remettre en place des passerelles, le téléphone. Les forces américaines seront ensuite remplacées à Besançon par l’armée française conduite par De Lattre de Tassigny.” La résistance (dont 100de sesmembres seront exécutés à laCitadelle pendant

(forces françaises de l’in- térieur) qui viennent de repousser les forces alle- mandes au-delà des murs de la capitale com- toise. Besançonest enfin libre après quatre années d’occupation et 48 heures de combat. C’était il y a 60 ans.

avec les quatre journées précédentes (du1 er au4 sep- tembre, 458 tués et dispa- rus) et les quatre suivantes (du 9 au 12 septembre, 201 tués ou disparus) tend à prouver que dans l’optique de nos alliés, la bataille de Besançon fut un simple incident de parcours sur

“À Besançon, il n’y a pas eu d’exaction sur la population.”

Les G.I.’s américains ont été accueillis en sauveurs par la population locale.

la période) avait préparé la Libération enmettant en place un comité de libé- ration chargé de rétablir à Besançon la légitimité de la République et évi- ter les débordements après le passa- ge des Américains. Ce comité était constitué d’hommes, des notables en particulier, qui avaient des attaches avec la résistance. L’ancienmaire Jean Minjoz était de ceux là. “Malgré tout, il y a eu quelques exactions comme des exécutions sommaires et des femmes tondues, alors que le Comité avait mis en place un Comité d’épuration char- gé de mener une série d’instructions. C’était une vraie cour de justice, en mesure de condamner par exemple des

personnes accusées d’avoir collaboré avec l’ennemi” relate Élisabeth Past- wa. Ces premiers jours de septembre 1944, une page sombre s’est tournée sur Besançon et sa région. L’occupation, la pression psychologique, la faim, la délation, la mort, la peur de la Gesta- po qui avait une salle de torture rue Chifflet, le deuil des familles demaqui- sards, la radio française à la botte de l’Allemagne, les chroniques riches de René Payot à la radio suisse romande Sottens, tout cela devait appartenir au passé. L’horizon s’est ouvert sur un autre quotidien… libre. ! T.C.

C’est cet anniversaire que la ville s’ap- prête à fêter les 7 et 8 septembre après avoir accueilli le 17 août 20 vétérans américainsvenus commémorer ledébar- quement de Provence et l’épopée qui a suivi. Ceux-là même qui ont écrit, par leurs actes de bravoure, cette page importante de l’histoire locale au péril de leur vie. Au total, 80 “boys” seront tués ou portés disparus et 90 blessés, lors des combats menés dans “Besan- çon area” - l’état major U.S. désignait ainsi le secteur. À cettemacabre comp- tabilité viennent s’ajouter près de 40 F.F.I. qui allongent la liste des victimes, et 50 civils. Dans les troupes alle-

l’itinéraire les ayant conduits de laPro- vence à la Bavière.” C’est une réalité, les G.I.’s n’ont pas rencontré une réel- le résistance, mais cela n’enlève rien à leur courage. La prise de la ville s’est déroulée en troismouvements. Le premier endirec- tion de la Citadelle depuis Chapelle- des-Buis. Le second interviendra à l’Ouest en direction de Saint-Ferjeux, avec pour mission de prendre le fort de Chaudanne qui se soldera par la mort de 20 soldats américains. Le troi- sièmemouvement se fera par leNord- Ouest avec pour objectif Palente via les Montboucons et le Point-du-Jour.

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