La Presse Bisontine 277 - Juin 2025
34 Économie
Juin 2025
LABERGEMENT 6 millions d’euros de chiffre La scierie Renaud prête à relever les défis de la forêt de demain Face aux problématiques des bois scolytés et pour rendre les métiers de scierie plus attractifs, la scierie Renaud n’a d’autres choix que de se moderniser pour gagner en réactivité, mieux trier ses bois et automatiser son process. Découverte.
Fondée en 1874, la scierie Renaud est exploitée depuis 5 générations par la même famille.
A griculture ou forêt : même com bat dans le Haut-Doubs comme le rappelle Étienne Renaud, le gérant de la scierie éponyme à Labergement-Sainte-Marie, en évo quant le mouvement de restructuration qui a touché la filière bois depuis 30 ans. “Depuis 1996, 13 scieries ont dis paru dans un rayon de 15 km. Aujourd’hui, il en reste une dizaine. La forêt jurassienne abrite des bois de qualité tout en étant très hétérogène, ce qui impose d’avoir des scieries très flexibles. Certains se souviennent de cette scierie géante en Suisse conçue sur un seul format d’arbre et qui a assez vite périclité.” Étienne Renaud représente la cin quième génération à la tête de cette scierie familiale existant depuis 150 ans et qui s’est implantée à Beauregard en 1977. “On a également un second site à Levier et on est associé avec d’au tres partenaires dans la société Pro lignium à Frasne qui fabrique des pro duits en contrecollé et lamellé-collé.” La force des scieries jurassiennes qui sont encore en activité réside sans doute sur la capacité à exploiter de gros afflux de bois comme ce fut le cas après la tempête de 1999 et aujourd’hui avec les bois scolytés. “On s’est engagé dans un programme de modernisation industriel ambitieux. Cela représente près de 6 millions d’euros d’investis sement sur plusieurs années. L’objectif étant d’augmenter la capacité de pro
duction en travaillant sur la valeur ajoutée à un niveau local. L’A.D.E.M.E. nous accompagne dans cette démarche avec des dispositifs incitatifs, exigeants mais puissants.” À Labergement-Sainte-Marie, la scierie Renaud transforme actuellement 30 000 m 3 de bois avec l’ambition de tendre vers 50 000 m 3 dans les années à venir. Ce qui la situe dans la moyenne des scieries franc-comtoises, lesquelles sont plutôt considérées comme des petites scieries en France. Pas convaincu de l’intérêt de l’A.O.C. Bois du Jura, Étienne Renaud lui préfère la marque Jura Supérieur ou les cer tifications P.E.F.C. ou encore Bois de France créé dans le cadre des J.O. 2024. Comment la scierie Renaud habituée à exploiter des résineux centenaires appréhende aujourd’hui la probléma tique des bois scolytés ? “Il s’agit de bois malades qu’il faut exploiter le plus
Dans un souci de diversification, elle s’est aussi spécialisée dans la produc tion de planches en épicéa utilisées dans les caves d’affinage. Elle s’est d’ailleurs forgé une petite réputation qui lui vaut, par exemple, d’expédier quelques planches jusqu’en Russie. Dans un contexte forestier plutôt morose, Étienne Renaud se veut plutôt rassurant. “Je suis convaincu que la forêt franc-comtoise a un bel avenir même si elle a sans doute atteint sa taille maximale.” n
plutôt homogène au niveau des âges. La modernisation rime avec optimi sation des tâches, de la réception des grumes jusqu’à l’expédition. “Dans une scierie comme la nôtre, on arrive à 62 % de rendement en sachant que tout est valorisé. La sciure sert à produire des pellets, les écorces du terreau…” En dehors de la Bourgogne-Franche Comté, la scierie Renaud expédie ses produits dans toute la France : région parisienne, le Centre, la Normandie. “On a peu de clients dans le Nord.”
Zoom “Il faut de la solidarité entre les communes” Face aux scolytes, toutes les com munes ne sont pas logées à la même enseigne. “Plus de 100 communes dépendent des recettes forestières. À cause des scolytes, ces communes décapitalisent et devront forcément faire face à une baisse des recettes. Les plans de relance sont utiles mais pas suffisants. Des communes sont déjà dans des situations budgétaires très délicates et devront sans doute augmenter leurs recettes fiscales en sollicitant la population” , explique Domi nique Maillot, le vice-président des communes forestières du Doubs. Bien conscient des enjeux, Rémi Bastille le préfet du Doubs estime que la situa tion est très hétérogène d’une commune à l’autre. “Certaines coupent beaucoup et d’autres se rétractent. Il faudrait avoir une approche plus collective et de la solidarité entre les communes. Des réflexions sont à mener pour lisser les effets des recettes et éviter les trop fortes fluctuations.” n
rapidement possible et ce à tous les niveaux car la qualité va se dégrader rapidement. Un bois sco lyté frais peut être valo risé en un bois de construction mais si on attend trop, il sera trans formé en bois de coffrage ou d’emballage.” La scierie Renaud réalise un chiffre d’affaires de 6 millions d’euros avec un effectif de 18 salariés
L’ambition de tendre vers 50 000 m³ par an.
La scierie Renaud a investi 6 millions d’euros dans un ambitieux programme de modernisation industriel.
Le renouvellement forestier Les aides de l’État à la filière bois dans le Doubs en 2023-2024 (fonds France 2030)
tant des projets à 1,057 million d’euros, soit un taux d’aide moyen à 78 %. 77 dossiers aidés : 61 forêts privées et 16 forêts des collectivités 160 hectares de forêt renouvelés : 69,7 hectares de forêts privées et 89,5 hec tares de forêts des collectivités. l 2,3 millions d’euros d’aides pour les entreprises de travaux forestiers Ces aides ont permis d’accompagner les entreprises dans leur modernisation en soutenant les investissements dans des équipements performants d’un point de vue économique, social et environ nemental. 2,9 millions d’euros d’aides ont été attribués pour un montant d’in vestissement de 8 millions d’euros dans 27 équipements différents : machines de bûcheronnage, porteur forestier, maté riel de sylviculture… n
l 13 millions d’euros d’aide pour la 1 ère et la 2 ème transformation - Six entreprises du Doubs de première et seconde transformation du bois ont bénéficié des aides de l’État. Cela repré sente une enveloppe de 12,9 millions d’euros pour un montant d’investissement de 53,5 millions d’euros, soit un taux d’aide 24 %. l 160 hectares de forêt renouvelés La mesure de renouvellement forestier du dispositif France 2030 est dotée de 150 millions d’euros. Ce dispositif vise à aider les propriétaires forestiers publics et privés à améliorer, enrichir ou renou veler leurs forêts victimes du changement climatique. Dans le Doubs, 77 dossiers ont bénéficié de ce dispositif, ce qui repré sente 160 hectares de forêt. Les aides s’élèvent à 826 000 euros pour un mon
Étienne Renaud a présenté la scierie familiale au préfet du Doubs Rémi Bastille le 25 avril dernier.
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