La Presse Bisontine 277 - Juin 2025
Le dossier 25
Juin 2025
l Besançon
Le même but, mais pas les mêmes avis À droite et au centre, on souhaite l’union à tout prix
A gnès Martin pour Renaissance, Éric Dela brousse pour Horizons, Laurent Croizier pour le MoDem et Ludovic Fagaut pour les L.R. De ces quatre de départ, il est censé n’en rester qu’une ou qu’un pour représenter les couleurs de la droite et du centre aux prochaines municipales à Besançon. Des quatre, trois font actuellement partie de l’opposition municipale et ferraillent depuis plus de cinq ans contre Anne Vignot et son équipe à chaque conseil municipal. Le quatrième, qui n’a aucun mandat électif, regarde d’aussi près la vie politique bisontine tout en pré parant minutieusement l’échéance, persuadé qu’il est d’être l’homme providentiel que la droite et le centre attendent depuis maintenant 70 ans dans la capitale comtoise. C’est Éric Delabrousse, chef du service imagerie du C.H.U. de Besançon et choisi par son parti Horizons pour être le chef de file de ces prochaines municipales. Il s’y voit autant que Ludovic Fagaut pour tirer ce beau rassemble ment de la droite, du centre et de la société civile que chacun appelle de ses vœux. Pour l’instant, le rôle d’Éric Delabrousse est de discuter avec les autres forces en présence. Il a déjà conclu un accord de partenariat avec Agnès Martin, la représentante de Renaissance à Besan çon, et avec Christophe Maillard pour le Parti radi cal. Il lui reste à faire le plus dur : convaincre Laurent Croizier et Ludovic Fagaut, plutôt bons camarades en ce moment, à le rejoindre dans le même attelage. À en croire le futur candidat Horizons, c’est en haut lieu que les choses se décideront. Il voit d’ail leurs dans la large victoire de Bruno Retailleau aux élections internes à L.R. une bonne nouvelle pour lui, et donc une mauvaise pour Ludovic Fagaut. “Contrairement à Laurent Wauquiez qui avait fait de Ludovic Fagaut son poulain et qui refuse toute discussion avec le bloc central, Bruno Retailleau qui est membre du gouvernement sera disposé à discuter avec les autres composantes de la droite et du centre” analyse Éric Delabrousse qui estime déjà que les grands partis auraient tout intérêt à laisser à L.R. des bastions comme Pontarlier, Mor teau et Montbéliard à défendre, et que reviendrait à Horizons, donc à lui, une ville comme Besançon. M. Delabrousse va même jusqu’à affirmer, sûr de lui, que “Besançon est une priorité pour Édouard Philippe.” Ce scénario est évidemment à l’opposé de celui que défend Ludovic Fagaut qui s’estime le plus légitime pour créer autour de lui le rassemblement et qui se voit bien sûr comme “le candidat naturel de la droite républicaine.” D’autant que, laisse-t il entendre, son vote s’est porté sur Bruno Retailleau aux élections internes de L.R. Ludovic Fagaut ne voit clairement que deux têtes de listes potentielles pour Besançon : Laurent Croizier et lui-même et prône, si la droite et le centre veulent se donner une chance de faire bas culer la ville “un rassemblement le plus large possible dès le premier tour, de la droite républicaine jusqu’à la gauche modérée” invite M. Fagaut. Et pour l’incarner ? “Qui sont les leaders locaux qui ont une notoriété, un engagement et une connaissance approfondie des dossiers ? Piloter une collectivité comme Besançon, cela ne s’improvise pas” dit-il du haut de ses dix ans de vice-présidence du Dépar tement du Doubs et comme une critique à peine voilée à Éric Delabrousse. Entre les deux, on l’aura compris, ce n’est pas l’amour ouf… “Il va falloir que tout le monde mette son ego dans sa poche” ajoute Ludovic Fagaut. Pas de quoi faire bouger d’un iota la conviction d’Éric Delabrousse qui n’échange plus depuis de longs mois avec Ludovic Fagaut. “Mon interlocutrice naturelle chez les L.R. Si la volonté d’union semble partagée par les protagonistes, ils sont encore loin d’être sur la même longueur d’onde sur la stratégie du rassemblement.
Ludovic Fagaut, Laurent Croizier, Éric Delabrousse et Agnès Martin, quatre acteurs des prochaines municipales pour la droite et le centre.
tour et qu’au second, on se retrouve tous. Je ne défends pas une union avec la droite dès le premier tour. On a des choses à dire et on y tient” insiste Agnès Martin qui se dit plutôt de centre-gauche. S’ils ne sont pas encore sur la même longueur d’onde côté stratégie, tous les quatre sont en tout d’accord sur un point : le bilan d’Anne Vignot depuis 5 ans à la tête de cette ville est catastrophique. “Depuis 5 ans, l’équipe Vignot a abîmé Besançon et son image” résume Laurent Croizier. “Je reproche à l’actuelle majorité d’avoir enfermé Besançon dans des idéologies en malmenant la cohésion sociale” estime de son côté Agnès Martin. Ludovic Fagaut pense qu’il faut impérativement “stopper cette gauche extrême qui pilote une ville qu’elle a mise à l’arrêt” , tandis qu’Éric Delabrousse pense qu’il faut “totalement repenser la manière de conduire cette ville.” Dans contexte où L.F.I. - que M. Croizier estime être “le R.N. de gauche” - et la majorité d’Anne Vignot semblent vouloir faire cause commune, “un large rassemblement est d’autant plus important” ajoute Laurent Croizier. L’élu MoDem a encore quelques semaines pour arriver à ses fins. L’union sacrée n’est pas encore à l’ordre du jour... n J.-F.H.
y est également ? Oui. Mon travail est actuellement de rassembler tout le monde en vue d’un rassem blement dès le premier tour, mais aussi avec d’autres personnes engagées qui viendraient du monde éco nomique et associatif.” Pour l’instant, ces velléités de rassemblement ne sont encore qu’un vœu pieux. “J’entends encore hélas des egos qui empêchent pour l’instant ce ras semblement” déplore le député du Doubs. Pour rait-il alors être l’homme providentiel qui départage tout le monde ? Sans doute, sauf que pour l’instant, s’il se dit aujourd’hui “prêt à m’investir complète ment” , entre le fait de rester député et de prendre le risque d’échouer à la conquête de Besançon, son instinct penche sans doute pour la première hypo thèse. “Laurent Croizier fait un très bon mandat de député” glisse au passage Ludovic Fagaut… Enfin il y a Agnès Martin qui a été élue il y a quelques semaines comme cheffe de file pour Renaissance. Elle espère bien que la voix du courant centriste qu’elle représente pourra être entendue. Contrairement aux trois autres protagonistes, Agnès Martin se distingue en estimant que le parti qu’elle représente “a des choses à dire et on doit jouer jusqu’au bout notre identité. Je souhaite qu’on défende un projet devant les Bisontins au premier
pour l’instant, c’est Christine Werthe en tant que déléguée locale du parti” ajoute M. Delabrousse qui estime que Ludovic Fagaut ne pourra pas faire l’unanimité autour de lui. Par ailleurs, il croit peu aux chances d’un candidat qui avait déjà échoué à faire le rassemblement en 2020. Lui aussi emploie
pourtant les mêmes termes que Ludovic Fagaut : “Le rassemble ment le plus large possible dès le premier tour.” Et puis il y a donc Laurent Croi zier qui s’est donné pour mission, du haut de sa stature de député, de provoquer l’alternance. “En tant qu’un des leaders de l’oppo sition municipale et d’élu natio nal, j’ai une responsabilité : faire en sorte qu’un autre projet pour Besançon puisse se mettre en place en 2026. Je crois donc au rassemblement de tous ceux qui souhaitent un autre projet pour Besançon et qui vont au-delà des logiques de partis. Est-ce que M. Fagaut est dans cette logique ? Oui. Est-ce que M. Delabrousse
Entre les deux, on l’aura compris, ce n’est pas l’amour ouf…
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