La Presse Bisontine 277 - Juin 2025

Besançon 17

La Presse Bisontine - Juin 2025

PORT-DOUVOT

Association Commun jardin

Quand le maraîchage se nourrit du collectif Depuis le début de l’année, un collectif de maraîchers appelé Commun jardin, issu de la couveuse agricole du Grand Besançon, s’est installé sur des terrains

Depuis quelques mois, le collectif s’installe sur les terrains en face de la station Port-Douvot, loués à G.B.M. et à la Ville.

à Port-Douvot. Si l’installation est progressive, la vente de paniers de légumes est déjà possible.

I ls sont pour l’instant encore des jeunes pousses, tout juste sortis de la pépinière. Mais le collectif de maraîchers Commun jardin possède de solides racines qui commencent à s’implanter dans les terres de Port Douvot, pile en face de la station d’épu

ration. Après trois ans passés à tester la force du collectif et à appréhender le métier de maraîcher au sein de la couveuse agricole du Grand Besançon, Graines de maraîchers, Loïc, Antoine, Jean Luc, Gaëlle, Philippe et Thomas se sont

en été, on peut tous prendre un mois de vacances, ce qui est impossible pour un maraîcher seul.” Les avantages du collectif sont nom breux parmi lesquels une entraide pour les manœuvres physiquement dures et la répartition de la charge mentale. “Chacun est référent sur certaines cul tures, sur l’irrigation, sur les maladies, on n’est pas obligés de penser à tout. On a tous des compétences, adminis tratives, d’organisation, de bricolage.” Une fois l’installation terminée, et le rythme de croisière enclenché, le col lectif aimerait créer un lieu vivant, sur leurs terrains avec un point de distri bution de paniers de légumes, un lieu de convivialité, organiser, pourquoi pas, des visites pédagogiques. En plus des légumes, Commun jardin aime cul tiver l’ouverture sur l’extérieur. n L.P.

un maraîchage diversifié avec une cin quantaine de légumes toute l’année. Pour chacun, plusieurs variétés sont cultivées. Comme la tomate qui se décline en une douzaine de variétés. L’originalité de Commun jardin réside bien dans l’idée du collectif. Tous les six ont gardé une activité principale (ils sont enseignants, orthophoniste,

lancés à leur compte, depuis le début de l’année. Sur 1,4 hectare de terrains à Port-Douvot, le collectif réuni sous une association à objet agricole, poursuit l’installation. Une grande serre de 1 000 m 2 est en cours de construction, deux plus petites sont attenantes dont l’une dédiée à la pépinière. À terme, 6 000 m 2 seront aussi cultivés en exté rieur. Début juin, les plants sont mis en terre. Mais la vraie première année complète de production commencera en 2026. “On vend sous forme d’A.M.A.P., explique Antoine. L’année dernière, on a produit une soixantaine de paniers. Mais on aura une première petite année de production, on table sur une trentaine de paniers, distribués sur une vingtaine de semaines. On prend le temps de tester nos sols, d’adapter nos méthodes.” Certifié bio, Commun jardin pratique

ingénieur, coursier) à temps partiel et pra tiquent le maraîchage 10 à 15 heures hebdo madaires. “À nous tous, on réussit à faire l’équi valent d’1,5 temps plein, souligne Antoine. Maraîcher est un métier très dur, soli taire. On a voulu essayer un autre modèle. Par exemple,

Ils sont enseignants, orthophoniste, ingénieur…

L’association Commun jardin regroupe six maraîchers.

EN BREF

CULTURE A voir jusqu’au 22 septembre L’écriture comme moyen d’ancrage Une quinzaine de demandeurs d’asile hébergés dans un des C.A.D.A. de Besançon a participé à un atelier d’écriture encadré par l’écrivaine franco marocaine Leïla Bahsain. Le résultat - souvent émouvant - est à découvrir au musée de Besançon.

La romancière et nouvelliste franco marocaine Leïla Bahsaïn a notamment reçu le Prix Méditerranée 2019 pour son premier roman “Le Ciel sous nos pas”.

Armée Le 17 juin à 20 h 30, un concert exceptionnel est programmé au Grand Kursaal de Besançon, au profit des blessés de l’armée de Terre, en soutien à l’association Terre Fraternité-A.D.O. Cette soirée musicale a pour vocation de rassembler la communauté bisontine autour d’une cause essentielle : accompagner les militaires blessés et leurs familles, en finançant des actions concrètes de soutien physique, moral et matériel. Plus d’infos en écrivant sur em1div-com.trait.fct@ Un mur de soutènement en bord de chaussée sur la route départementale 105, commune d’Avanne Aveney (lieu-dit la Belle Étoile) est en cours de création, jusqu’au 20 juin. D’un montant de 132 000 euros, les travaux sont confiés à l’entreprise Eurovia B.F.C. T.P.R.E. Ce chantier nécessite une interruption totale de la circulation jusqu’au 20 juin. Une déviation est en place, la voie cyclable, elle, est toujours ouverte. intradef.gouv.fr Avanne-Aveney

“É crire, c’est s’ancrer” résume l’adjointe bisontine à la Cul ture Aline Chas sagne pour illustrer le travail effectué par ces 16 demandeurs

vu de ma vie, avec des rues pleines de cadavres entassés contre les murs…” Il poursuit, plus loin : “De même, 130 civils ont perdu la vie en France suite à l’attaque terroriste du 13 novembre 2015. Notre douleur est la même, nos histoires sont les mêmes, seules nos figures dans l’histoire sont différentes.” Chacun, avec sa sensibilité, a essayé de trouver les mots pour les poser en face de la repro duction d’une œuvre du musée. En les guidant, en les aidant à manier les subtilités de la langue française, la romancière a su tirer vers le haut ces demandeurs d’asile qui se sen tent, peut-être, moins perdus qu’avant sur le sol français. Elle leur a peut-être donné une des clés de leur insertion future. n J.-F.H.

la romancière. La plupart des messages sont en effet empreints d’une indé niable force, ils sont souvent émouvants, ne laissent jamais indifférents. Comme ce texte accompagnant le tableau de Jean-Joseph Benjamin Constant “L’exécution des der

d’asile venus d’Afrique subsa harienne ou du Moyen-Orient chercher une vie meilleure en France. Ils s’appellent Frima, Nazli, Mostafa, Taher, Omar ou Alpha. Hébergés dans un des

centres d’accueil pour deman deurs d’asile (C.A.D.A.) de Besançon, ils ont participé pen dant plusieurs semaines aux côtés de la romancière Leïla Bahsaïn à des ateliers d’écriture dont l’objectif était d’illustrer, par leurs écrits, des œuvres pré sentes du musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon. “En s’appuyant sur des œuvres du musée, l’idée était de faire venir ces personnes vers la langue française. Le challenge est réussi” sourit la romancière rencontrée dans cette exposition temporaire qui sera visible jusqu’au 22 septembre. “Telle situation, par les histoires et les émotions qu’elle convoque ou suscite, trouve dans la page un territoire de liberté totale où l’hospitalité de la langue fran çaise devient un havre” image

niers rebelles” où ce demandeur d’asile raconte l’horreur qu’il a vécue en Irak quand les soldats de Saddam Hus sein avaient uti lisé des armes chi miques dans sa ville kurde. “Ce dont on a été témoin le lende main est le pire spectacle que j’ai

“Un territoire où l’hospitalité de la langue française devient un havre.”

Leïla Bahsaïn a passé plusieurs mois auprès de demandeurs d’asile à Besançon

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