La Presse Bisontine 277 - Juin 2025

14 Économie

Juin 2025

GRAND BESANÇON

La mise en garde des chefs d’entreprise

“On réclame surtout un meilleur service de transport” La hausse prévue de la taxe “versement mobilité”

L’ augmentation de 0,2 point du verse ment mobilité pour les 900 entreprises du Grand Besançon qui le paient per met de financer la gratuité partielle du réseau décidée par les élus. Pourquoi êtes vous contre cette augmentation de la contri bution ? Olivier Rodary : Avec un taux d’1,8 % de la masse salariale que chaque entre prise concernée verse, on était déjà au maximum de se qu’autorisait la loi, contrairement à d’autres villes de la région comme Montbéliard ou Belfort qui sont à des taux inférieurs. Le fait que Besançon ait été classée en com mune touristique autorise G.B.M. à augmenter encore le taux de ce verse ment mobilité et donc de passer à 2 %. Le versement mobilité payé par les entreprises sert déjà à financer deux tiers du coût des transports Ginko et nous accepterions peut-être cette aug mentation si elle servait à améliorer le service, mais ce n’est pas le cas du tout. C’est-à-dire ? O.R. : Cette augmentation ne sert qu’à financer la gratuité partielle décidée par les élus pour les jeunes et pour tous le samedi. On aurait été sans doute d’accord si on nous avait dit que cette augmentation du versement mobi lité devait servir à décarboner la flotte de bus et supprimer les bus au gasoil, ou alors créer de nouvelles lignes dans des zones non desservies, mais ce n’est pas du tout le cas. La vente de billets Ginko représente 12 millions d’euros par an, la nouvelle gratuité votée récem ment coûte 3 millions d’euros. On se prive donc là d’un quart des recettes

alors qu’on en aurait justement besoin pour améliorer les fréquences et le réseau. On enlève 3 millions d’un côté et on prélève de l’autre 4,5 millions d’euros de plus aux entreprises avec ce passage d’1,8 à 2 %. La gratuité partielle votée récemment n’est pas une bonne mesure selon vous ? O.R. : Toutes les études de la F.N.A.U.T. et d’autres organisations montrent que la gratuité des transports n’est pas le sujet. Avec un ticket à 1,40 euro, un abonnement mensuel à 16,80 euros, Besançon a déjà un des transports les moins chers de France. Personne ne demande la gratuité, mais tout le monde réclame surtout un meilleur service. Ce choix politique se fait au détriment du développement du réseau. Les entreprises du Grand Besançon ont fait entendre leur voix, vous avez l’impression de

Zoom La mesure

de 1,8 à 2 % pour toutes les entreprises du Grand Besançon qui financent en partie les transports en commun n’est pas du goût des dirigeants. Les explications d’Olivier Rodary, chef d’entreprise vice-président du M.E.D.E.F. Franche-Comté.

lité, et aucun de nos salariés n’utilise les transports en commun bisontins tout simplement parce que la zone de Thise n’est pas desservie et que dans les horaires de travail de nos salariés, il n’y a ni bus ni tram. La plupart d’en tre eux viennent en voiture parce qu’ils n’ont pas d’autre choix. Au nom du M.E.D.E.F., vous avez écrit à Anne Vignot pour la mettre en garde contre les conséquences de cette augmentation pour les entreprises locales. Quelle a été sa réponse ? O.R. : Aucune réponse de sa part, ni d’aucun maire du Grand Besançon... n Propos recueillis par J.-F.H. est bien confirmée Selon les services de G.B.M., la déli bération définitive concernant l’aug mentation du taux imposé aux entre prises pour le versement mobilité sera soumise au vote - et normalement vali dée - lors du prochain conseil commu nautaire le 26 juin. L’application de la mesure est prévue au 1er janvier 2026. Pour être en conformité avec la loi, il était nécessaire que le vote intervienne avant le 1 er juillet. G.B.M. confirme qu’il n’est prévu aucune nouvelle concertation avec les chefs d’entreprise du Grand Besançon, malgré les appels des organisations patronales. n

ne pas être entendus ? O.R. : Je m’élève contre ça aussi parce que les entre prises sont dans une période difficile où de nombreux secteurs souffrent. Faire porter uni quement cette mesure sur les entreprises, ce n’est pas sérieux. Si encore on pouvait bénéficier d’un bon réseau. Notre entre prise est basée à Thise, nous payons le versement mobi

“Les salariés viennent en voiture

car ils n’ont pas d’autre choix.”

Olivier Rodary porte la voix du M.E.D.E.F. pour défendre les entreprises du Grand Besançon sur ce sujet du versement mobilité.

EN BREF

URBANISME

Le règlement de publicité

Les professionnels affichent leur colère Le nouveau règlement local de publicité a pour but de lutter contre

Invités au festin Dans le cadre de ses actions solidaires, la Fondation Brico Dépôt, créée en 2021 pour contribuer à la lutte contre le mal logement, soutient l’association Les Invités au Festin. Dans ce cadre, elle a remis un chèque de 5000 euros à l’association le 15 mai dernier. Les Invités au Festin est une association qui lutte contre souffrance psychique, en accompagnant une trentaine d’adultes en situation de fragilité psychique après une hospitalisation psychiatrique, pour les aider à retrouver progressivement une vie active. Grâce au soutien de la Fondation Brico Dépôt, la maison qui les héberge a pu bénéficier de travaux de rénovation, ainsi que du financement de matériel et de meubles. l’isolement et l’exclusion des personnes en

l’anarchie et la multiplication des panneaux de publicité. Les sociétés locales qui vivent de cette activité s’inquiètent.

Un des afficheurs

“D éfendre le cadre de vie” , c’est ce qui a guidé les élus bisontins pour établir le futur Règlement Local de Publicité intercommunal, ou R.P.L.I. Ce document d’urbanisme est censé faire la chasse à la pollution visuelle et à l’anarchie des panneaux de publicité, par affichage ou lumineux qui ont trop longtemps pullulé sans trop de cohérence. Limiter l’emprise de la publicité sur les espaces communs était l’objectif affiché de ce travail. À l’issue d’une phase de concertation et d’une consultation publique bientôt bou clée, un nouveau R.P.L.I. régentera la publicité sur les panneaux. La dimension de certains sera divisée par deux, d’autres disparaîtront carrément de l’espace public. Ce nouveau R.L.P.I. encadre la taille, la densité et la luminosité des dispositifs publicitaires. “Il permettra de protéger notre patrimoine et de lutter contre la pol lution visuelle qui dégrade notre quotidien” affirme Grand Besançon Métropole, pilote du dossier. Ce nouveau R.L.P.I. ne sera pas sans conséquence sur les entreprises qui vivent

de cette activité, afficheurs en tête. Le marché bisontin se partage entre les gros faiseurs nationaux voire internationaux (J.-C. Decaux, Girodmédias…) et d’autres entreprises locales (Médiavenue, A.F.C.M., Médiatik Led, etc.). Ces derniers n’ont pas manqué d’alerter les élus sur les consé quences économiques de ce nouveau R.L.P.I., à l’image d’A.F.C.M. qui a collé sur ses panneaux d’affichage des messages pointant le risque de fermeture de ces entreprises locales. Parmi les entreprises locales concernées il y a aussi Médiatik Led, une société bisontine dirigée par Martial Troncin, spécialisée dans les panneaux lumineux, une des cibles des anti-pub qui se sont déjà exprimé lors des premières consul tations publiques. “Personnellement, je suis relativement épargné par ce projet de nouveau R.L.P.I., mais on ne pourra plus se développer sur les axes structurants de Besançon. Je vais par exemple perdre le panneau que j’ai rue de Dole” explique le professionnel. Les professionnels locaux de l’affichage qui se sont concertés espèrent voir les

locaux, la société A.F.C.M. basée à Serre-les-Sapins a fait connaître son mécontentement sur ses propres panneaux.

que non, la publicité n’est pas le monopole des méchantes multinationales capita listes ! “Ils n’ont pas honte… Comment peut-on oser afficher ce tissu de mensonges dans l’espace public et réclamer le soutien de la population pour simplement défendre ses profits ?” a pointé l’élu, ignorant sans doute aussi que ces affiches avaient été conçues par la société locale A.F.C.M., basée à Serre-les-Sapins, qui cherche juste à défendre son activité et ses emplois… Le vote définitif du nouveau R.L.P.I. devrait intervenir en décembre pour une entrée en vigueur en 2027. n J.-F.H.

autorités publiques leur accorder quelques assouplissements dans certaines zones. Certains acteurs plus importants comme J.-C. Decaux seront épargnés, notamment avec ses sucettes lumineuses fixées au sol, “parce qu’il est soumis à la règle du mobilier urbain et non pas à ce R.L.P.I. Forcément que ces nouvelles règles vont privilégier les gros, il y a un peu deux poids deux mesures” déplore M. Troncin. Ce sujet a aussi suscité de nombreux com mentaires. Certains, navrants, à l’image de ceux de l’élu bisontin communiste Hasni Alem qui ignore peut-être que des P.M.E. locales vivent de cette activité et

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