La Presse Bisontine 274 - Mars 2025

8 L’ÉVÉNEMENT

Mars 2025

Sans-abri : le retour vers un logement reste précaire

En dix ans, le nombre de sans-abri a doublé au niveau national. Si des moyens financiers ont été mis, tout le parcours de la rue au logement reste compliqué. Et s’engorge en raison notamment de la crise du logement, et du manque d’hébergements d’urgence. Malgré tout, associations, travailleurs sociaux et C.C.A.S. restent plus que jamais mobilisés.

l Doubs

Logement Un manque criant d’hébergement d’urgence

sonnes dans les dispositifs d’in sertion arrivent difficilement à entrer dans un logement classique. Donc les dispositifs arrivent à saturation, les gens ne sortent plus des dispositifs d’insertion. C’est une situation nouvelle qui ne fait que s’approfondir.” À Besançon, 48 personnes sont en attente permanente d’un hébergement depuis plus de six mois. Les abris de nuit et héber gement d’urgence sont saturés à 86 % pour les hommes, 85 % pour les femmes. Dans le Haut-Doubs, les 10 places d’hébergement d’ur gence affichent une occupation constante de 100 %. “ Les gens ont tendance à ne plus appeler le 115, déplore Philippe Cholet. Le dépan nage immédiat sont les places hôtelières. Il y a un intérêt à court terme mais cela reste insuffisant avec un public fragile qui a besoin

Dans le Doubs, comme au niveau national, les demandes d’hébergement des sans-abri sont en constante augmentation. Face à cette situation, les places sont insuffisantes. Et c’est tout le système qui devrait permettre le retour à un logement digne qui s’engorge.

d’accueil et d’orientation) sont éloquents : en 2024, 13 186 appels ont été traités. 77 % de ces appels ont été suivis par une mise à l’abri, en abri de nuit, à l’hôtel ou vers un dispositif d’héberge ment d’urgence. 23 % n’ont pas abouti, pour la plupart (près de 600 sur 1128) par manque de places. Face aux demandes croissantes, le manque de places disponibles se fait de plus en plus criant. Avec 213 places d’hébergement d’ur gence (207 places ouvertes selon la préfecture), le Doubs figure en bas du tableau en comparaison avec les départements de même population. Conséquence : le sys tème s’engorge et arrive à satu ration. “Le phénomène est national mais il est nouveau dans le Doubs et notamment à Besançon. L’accès au logement est devenu compliqué avec un manque à Besançon et dans le Haut-Doubs, notamment de logements sociaux” , relève Phi lippe Cholet, administrateur du G.C.S., groupement de coopéra tion sociale. La structure rassem ble une vingtaine d’associations et de C.C.A.S. dans le départe ment et porte entre autres le S.I.A.O. “Or, notre objectif est de faire rentrer le public avec lequel nous travaillons dans les dispo sitifs de logements (hébergements d’urgence, C.H.R.S., logement adapté), reprend-il. Mais l’accès au logement étant bloqué, les per

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Doubs, et 30 à Montbéliard. “La question est réelle, a réagi le Préfet Rémi Bastille. Le Doubs est assez peu doté en hébergement d’urgence avec un taux d’occupation très élevé. J’ai porté cette probléma tique au niveau du préfet de Région et le travail est engagé sous l’égide de la D.R.E.E.S.” Il l’assure: une réponse devrait arriver rapidement… n L.P. Jeanne-Antide très sollicitée Philippe Cholet, également pré sident de l’association Jeanne Antide qui gère des accueils de jour à Besançon est en première ligne pour constater les fortes sol licitations: en 2024, l’accueil de jour rue Champrond a vu passer 120 personnes quotidiennement et a comptabilisé 31043 repas servis, 1 100 consultations médi cales, 3300 passages par les douches. “C’est comme un baro mètre immédiat : quand la société s’enrhume, on reçoit dans nos dispositifs les malades” , souligne Philippe Cholet. n

E mmanuel Macron l’avait annoncé en 2017, année de son premier mandat en tant que président: “Plus personne dans la rue à la fin de l’année.” Près de 8 ans plus tard, force est de constater que la promesse n’a pas été tenue. Si des moyens ont effectivement été débloqués et deux plans quin quennaux “Le logement d’abord” mis en place, le nombre de sans domicile fixe a plus que doublé en France en dix ans. Selon la Fondation pour le logement des défavorisés (anciennement fon dation Abbé Pierre), 330 000 per sonnes sont considérées en 2024 comme sans domicile fixe, soit sans abri, en habitation de for tune, en hébergement collectif, à l’hôtel, dans les centres d’accueil de demandeurs d’asile ou héber gés en logement associatif. Dans le Doubs, une file active de 200 sans-abri est estimée à Pon tarlier (c’est-à-dire 200 passages sur une année), et environ 150 personnes sont en très grande précarité simultanément à Besan çon (sur un file active de 700 dans l’année). Les chiffres du 115, géré par le S.I.A.O. 25 (service intégré

d’un accompa gnement. Et l’hôtel coûte très cher en plus.” Fort de ce constat, le G.C.S. a inter pellé le préfet demandant l’at tribution de 160 places supplé mentaires d’hé bergement d’ur gence: 100 à Besançon, 30 dans le Haut

160 places supplémentaires demandées.

Les dispositifs d’insertion comme ici comme ici à l’Agora, et les hébergements d’urgence arrivent à saturation.

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