La Presse Bisontine 274 - Mars 2025

Le dossier 35

Mars 2025

Comme tous les 5 ans, chaque commune doit organiser le recense ment. Une bonne centaine de communes du Doubs sont concernées À Besançon, le service prévention et promotion de la santé coordonne le plan Addictions. Des actions sont mises en place pour la prévention des addictions, notamment en direction des jeunes. Santé publique Plan Addictions La prévention auprès des jeunes

Anne Vignot : “La dépénalisation du cannabis permettrait aussi de réduire la pression sur les points de deal.”

L’ équivalent d’un S.M.I.C. + 10seil municipal, le mode de scrutin, le nombre de pharmacies par exemple. n J.-F.H. L’ un des axes de la municipalité pour lutter contre le narcotrafic passe par le volet prévention. Le service prévention et promotion de la santé de la direction Santé publique coordonne un plan Addictions. Il est en lien avec le service Sécurité et tranquillité publique, le C.C.A.S., le C.H.U., l’A.R.S. et des associations comme Soléa, Addictions France, Avenir santé, Aides, etc. “Ce plan Addictions est une demande de la municipalité pour accom pagner les personnes souffrant d’addictions et les personnes qui perturbent la tranquillité publique”, expose Ève Palumbo, cheffe de service. En premier lieu, un état des lieux a fait remonter un besoin de coordination entre toutes les structures mais surtout un renforcement des actions auprès des jeunes. “Des actions sont mises en place dans les écoles primaires, en CM2 pour outiller et aider les enfants à développer

des compétences psychosociales, à savoir dire non, gérer les émotions, à développer la réflexion en amont du collège. Pour qu’ils puissent résister à la cigarette” , reprend Ève Palumbo. Des maraudes sur la voie publique permettent également la sensi bilisation des jeunes et répondre à leurs questions. Un livret Addictions à destination des professionnels qui ne sont pas dans la santé donne des repères pour identifier les problématiques d’un usager, orienter vers les différentes structures, etc. Un deuxième guide pour les 15-25 ans livre des conseils pour limiter les risques dans leur consommation, la façon d’aider un ami, repérer un usage problématique, etc. Un nouveau guide est en cours de rédaction pour les addictions des plus 30 ans. La charte de la vie nocturne est également un outil précieux. “Les établissements de nuit qui l’ont signée s’engagent à servir de

l’eau si un jeune ne va pas bien, à appeler un taxi, faire des actions de sensibilisation” , poursuit Ève Palumbo. En retour, ils peu vent étendre leurs horaires dans la nuit. Le projet d’une Halte soin Addictions fait également partie du plan Addictions. Enfin, des couvre-verre réutilisables vont bientôt être distribués pour éviter des intoxications involontaires dans les bars ou boîtes. Pour éviter et/ou repousser des comportements inadaptés, des sifflets “Repousse Relou” seront également dis ponibles. n L.P. Ève Palumbo, cheffe de service prévention et promotion de la santé de la Direction santé publique.

rapides. Nous coordonnons les cellules de veille dans chaque quartier et groupe des correspondants de sécurité, qui permettent les échanges d’informations, qui sont absolument essentiels. Nous inter venons également en prévention, auprès des parents et des jeunes, avec des ateliers parentalité, avec les maisons de quartier et de nom breux acteurs associatifs. n Propos recueillis par L.P.

supervision urbaine, ce sont 283 caméras qui sont déployées et per mettent entre autres 95 % d’élu cidation des crimes, sans toutefois empêcher certains criminels d’agir sous leur champ de vision. Nous allons installer, à la demande de la police nationale et de la gen darmerie, 7 nouvelles caméras sur les lignes de fuite, qui répon dent aux besoins d’intervention sur des délinquants cherchant à sortir de la ville par des axes

l Accompagnement Au plus près des consommateurs “On a une mission d’accompagnement vers la santé” Le Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des Risques des Usa

“Sur le Haut-Doubs, on accompagne une dizaine de personnes”, explique Xavier Dreux, chargé de projet au C.A.A.R.U.D. ici à côté du camion qui se déplace une ou deux fois ar semaine à Pontarlier ou Morteau.

gers de Drogue va à la rencontre des consommateurs pour leur fournir du matériel et les accompagner socialement dans leur addiction. Entretien avec Xavier Dreux, chargé de projet au C.A.A.R.U.D.

E n quelques mots pouvez-vous nous présenter le Centre d’Ac cueil et d’Accompagnement à la Réduction des Risques des Usagers de Drogue Xavier Dreux : Il existe une trentaine de C.A.A.R.U.D. en France. Celui de Besançon existe depuis 2006. Il est porté par l’association Aides qui regroupe différentes struc tures. On donne du matériel pour pouvoir consommer sans risque de maladie. On a une mission d’ac compagnement vers la santé. On peut travailler des thématiques sur les modes de consommation, les produits les plus utilisés. Pour l’État, l’intérêt c’est d’avoir une structure en contact, qui fait du lien social. C’est aussi une façon de faire une veille pour éventuel lement savoir ce qui circule sur le marché illicite. C’est une forme de maraude ? X.D. : C’est plus qu’une maraude car on est présent. X.D. : Au départ, on avait essayé de travailler avec le C.C.A.S. Ce qui fonctionne bien aujourd’hui, c’est le lien avec le C.S.A.P.A. qui nous renvoie des personnes. En général, on monte une fois par semaine, le jeudi après-midi sur Pontarlier ou sur Morteau. Le C.A.A.R.U.D. doit couvrir tout le Haut-Doubs. On se déplace en fonction des besoins. Cela nous est arrivé d’aller plusieurs fois de suite à Baume-les-Dames. Vous vous déplacez parfois sur le Haut Doubs ?

X.D. : En aucun cas. Les salariés de l’association qui se déplacent sont des accompagnateurs en santé. On propose tout le matériel qui sert à la consommation. On peut apporter un conseil sur le mode opératoire, sur la nature des produits… On a un rôle pré ventif pour que les gens qui se droguent le fassent dans les moins mauvaises conditions. Il peut être utile de rappeler que la consom mation de drogue a toujours fait partie de l’humanité. Cela fait partie de la vie. C’est important de faire la distinction entre drogue dure et drogue douce ? X.D. : Il faut appréhender la drogue différemment car tout dépendra du niveau de consommation, de la concentration des produits. C’est le grand problème du marché noir où rien n’est connu et cela oblige les consommateurs à jouer à la roulette russe. Pour moi, la drogue dure, c’est l’alcool dont le manque peut tuer. On est plus souvent amené à accompagner des personnes qui consomment de l’héroïne, de la cocaïne et des produits de synthèse présentant des risques avec le V.I.H. ou l’hé patite. X.D. : Il faut toujours garder à l’es prit que les dealers doivent se protéger eux ou leurs vendeurs, donc ils privilégient les techniques les plus discrètes. Certains utili sent des applis, des sites web. Ils communiquent sur des réseaux Comment s’approvisionnent les consom mateurs aujourd’hui ?

Et que faites-vous concrètement au cours de ce déplacement ? X.D. : On a un camion aménagé avec deux espaces d’entretien dis tincts. On définit par avance des lieux de rendez-vous avec les per sonnes qui nous ont sollicitées. On organise des rendez-vous déca lés pour éviter que les gens se croisent. On tient à préserver une certaine confidentialité. Quand on se déplace, on rencontre en moyenne cinq personnes sur le secteur de Pontarlier et peut-être un peu moins sur Morteau. Selon les circonstances, on est parfois contraint d’aller voir les personnes directement chez elles. L’idée, c’est d’avoir le moins d’exigences pour bâtir ce lien. Ce sont souvent les mêmes personnes ? X.D. : Oui assez régulièrement. Il y a aussi un effet saisonnier pour certaines. Sur le Haut-Doubs, on accompagne une dizaine de per sonnes. On fait aussi de temps en temps des interventions à l’accueil de jour de Pontarlier pour expli quer qui on est et ce que l’on fait. Comment se déroule un entretien ? X.D. : On apporte une écoute. Les raisons de se droguer sont mul tiples. Cela peut servir d’anti-dou leur. Pour certains, le produit ne peut pas être enlevé. Quand c’est le cas, on accompagne la consom mation. On s’adapte aux besoins de la personne sur des théma tiques de santé au sens global : revenus, entourage social… Êtes-vous habilités à prescrire des pro duits de substitution ?

des usagers souhaiterait sans doute avoir une traçabilité sur la qualité des produits. De quels moyens humains dispose le C.A.A.R.U.D. ? X.D. : Il y a quatre salariés : un coordinateur, un chargé de projet, moi en l’occurrence, et deux accom pagnateurs en santé. On peut ajouter 5 à 6 bénévoles. On en comptait une quinzaine il y a 10 ou 15 ans et près de 100 il y a trente ans. Pour information, il m’arrive aussi de consommer de la drogue. Serait-ce pertinent d’ouvrir une salle de consommation à Besançon ? X.D. : Sans doute, mais il faudrait y adjoindre une équipe médico sociale complète et cela aura for cément un coût. Il existe des dis positifs plus légers et plus mobiles tout aussi efficaces.

sociaux. On trouve aussi de la drogue sur le dark web ou des applications cryptées avec paie ment en espèces voire en crypto monnaies. Ces plateformes sont facilement accessibles. Comment prévenir l’usage de produits très nocifs à la santé ? X.D. : Pour la drogue, on travaille avec le réseau addictologie vigi lance. On peut être amené à faire analyser des échantillons pour informer le consommateur sur la dangerosité ou pas de tel ou tel produit. Est-ce que cela vous semblerait opportun de dépénaliser le cannabis ? X.D. : Si on dépénalisait, les per sonnes attendraient moins d’être en difficulté pour aller consulter. Du fait de l’illégalité, on entre dans une économie capitaliste. Un produit illégal est vendu plus cher. Un gramme de cocaïne coûte envi ron 50 euros. Pendant les fêtes de fin d’année, le prix était descendu à 25 euros le gramme. Une partie

Doubs une sorte d’effet frontalier ? X.D. : On sait bien que des per sonnes vont s’approvisionner en Suisse pour le cannabis. J’ai eu à gérer quelques consommateurs frontaliers mais c’est difficile de parler vraiment d’effet frontalier d’autant plus que les horaires du C.A.A.R.U.D. ne correspondent pas à ceux des frontaliers en termes de disponibilité. Que peut-on dire du groupe accompagné par le C.A.A.R.U.D. sur le Haut-Doubs ? X.D. : La moyenne d’âge avoisine 39 ans. Toutes les personnes héroï nomanes ont commencé à en consommer dans les années 80 90. Ils ont aujourd’hui autour de la soixantaine. Rappelons que nous sommes missionnés pour aider seulement les personnes qui ont plus de 18 ans. Sur le groupe Haut-Doubs, les deux tiers sont des hommes. Au niveau des C.S.P., on trouve de tout. n Propos recueillis par F.C.

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Numéro d’appel C.A.A.R.U.D. : 07 62 93 32 38

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