La Presse Bisontine 273 - Février 2025
Besançon 5
La Presse Bisontine - Février 2025
SOLIDARITÉ
Les trois ans de la guerre
Les soutiens au peuple ukrainien ne lâchent rien Une bonne dizaine de bénévoles de l’association Ukraide se retrouvent en moyenne une fois par mois pour remplir un camion de matériel destiné aux hôpitaux d’Ukraine. Le dernier convoi est parti le 29 janvier.
Les bénévoles de l’association
Ukraide ont rempli leur 36 ème camion en cette fin janvier.
U n geste, un regard suffisent souvent à se comprendre entre le jeune chauffeur ukrainien venu charger le camion dans le hangar situé à la périphérie de Besançon et les bénévoles de l’asso ciation Ukraide pour savoir comment remplir au mieux le 38 tonnes qui repartira dès 15 heures en direction de l’Ukraine. Sa première destination : Berdytchiv, une ville située quelques dizaines de kilomètres à l’ouest de la capitale Kiev, quasiment sur le front d’une guerre qui s’éternise depuis bientôt trois ans et qui conti nue à épuiser la population. Ce jour-là, les bénévoles ont chargé encore près de 8 tonnes de matériel : armoires à pharmacie, lits médica lisés, fauteuils roulants, chaises per cées, mais aussi du matériel de pué riculture pour quelques familles dans le besoin. Ainsi qu’une trentaine d’or 21 et 22 février Deux concerts pour l’Ukraine L’association Ukraide organise deux soirées-concerts les 21 et 22 février à la salle polyvalente de Fontain pour soutenir sa cause. Chants ukrainiens et ensemble vocal (pop, rock, soul et gospel) le 21 février dès 18 heures (participation au cha peau). Et chants ukrainiens, groupe Baltazar (rock des années 70 à nos jours) et groupe Rusty Bell (rock années 70-80) le 22 février, toujours à partir de 18 heures (10 euros pour les 3 concerts). Réservation sur https://urlz.fr/tkkx
Commentaire du D r Patrice Gayet “Près d’une quarantaine de camions en trois ans” C’est lui, avec son collège
réceptionnant les dons, venus des établissements de la région (hôpitaux, E.H.P.A.D., etc.) et de particuliers. “Une dame vient de nous faire un don de 10 000 euros, c’est la deuxième fois. Il y a un vrai élan de générosité depuis trois ans, il faut essayer de le maintenir tant que la paix promise n’est pas une réalité.” Les dons servent avant tout à payer l’affrètement du camion ukrainien qui vient charger à Besançon. Son coût : 3 000 euros par voyage. Orchestrés par le responsable de la logistique Jérôme Cordier, les béné voles font le reste. À l’image de Denis Puertolas, présent depuis le premier jour et encore là ce 29 janvier, à se démener pour remplir le camion avec ses copains. C’est aujourd’hui le 36 ème semi-remorque qui met le cap à l’est. Sans doute pas le dernier. n J.-F.H.
dinateurs offerts par une association de Saint-Vit. Outre ces bénévoles présents ce jour là, à cette mécanique désormais bien rodée participe également une Bison tine franco-ukrainienne qui fait le relais entre Besançon et l’Ukraine, Daria Cadalen. “C’est elle qui cen tralise les demandes en fonction des besoins de tel ou tel hôpital ou de
L a Presse Bisontine : Comment a commencé cette belle aventure solidaire ? Patrice Gayet : J’étais depuis deux décennies chirurgien de guerre pour Médecins sans frontières. Quand j’ai vu qu’à 1 750 km de chez nous à peine, sur le sol européen, des catholiques se faisaient bombarder, mon tropisme humanitaire a évidemment ressurgi et dès le début du mois de mars 2022 on se rendait là-bas avec mon collègue Pierre-Charles Henry. Ce qui m’a motivé immédiatement à bouger, c’est cette guerre qui faisait rage aux portes de l’Europe, avec des dizaines d’hôpitaux qui avaient été bombardés. L.P.B. : La solidarité s’est rapidement organisée ? P.G. : Très vite des E.H.P.A.D. nous ont donné l’ensemble de leur ancien mobilier, le C.H.U. a donné du matériel, la clinique Saint-Vincent et la P.F.C., les plus petits hôpitaux, d’autres associations, des par ticuliers, et rapidement on a pu mettre en route le premier convoi. Y aller était très important en tant que chirurgiens, cela nous a permis de rencontre nos homo logues, de serrer des mains, d’échanger des regards. Depuis le premier convoi, il y a un suivi très précis, nous savons où convois remplis de matériel médical avec l’association Ukraide créée pour l’occasion. Pierre-Charles Henry, qui lançait il y a trois ans les tout premiers
telles familles” résume Pierre Charles Henry, vice-président de l’association Ukraide qu’il a fon dée avec un de ses amis médecins Patrice Gayet (voir plus bas). Ensuite, ce sont donc les bénévoles qui pren nent le relais en
Le D r Patrice Gayet,
“Une dame vient de nous faire un don de 10 000 euros.”
initiateur de l’asso ciation Ukraide.
va le matériel qu’on envoie.
L.P.B. : Quel est le bilan chiffré en trois ans ? P.G. : C’est près d’une quarantaine de camions qui ont fait le voyage depuis Besançon, avec un relais notamment depuis Morteau. À raison de quasiment 10 tonnes de matériel par voyage, on a déjà envoyé plus de 300 tonnes de matériel d’une valeur marchande globale de près de 5 millions d’euros. L.P.B. : Après trois ans de conflit, il faut continuer à donner ? P.G. : Oui, les gens sont invités à continuer à nous aider. Tous les dons en numéraire servent à financer les transports de la France à l’Ukraine. Le conflit dure depuis trois ans, notre volume de dons baisse chaque année un peu, c’est important de sensibiliser à nouveau à cette cause. n Propos recueillis par J.-F.H.
Plus d’infos sur www.ukraide.fr
Ils sont une bonne dizaine à s’activer pour charger la cargaison.
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