La Presse Bisontine 264 - Juin 2024
L’événement 7
La Presse Bisontine n°264 - Juin 2024
l Politique Benoît Cypriani, l’élu référent “Les arrêtés anti-mendicité ne servent à rien” L’adjoint bisontin en charge de la sécurité, de la lutte contre les incivilités, et de la tranquillité publique réfléchit à la création d’une brigade de médiateurs pour pacifier les points chauds du centre-ville notamment en soirée.
L a Presse Bisontine : Consta tez-vous aussi comme des riverains ou commerçants du centre-ville que la situation se dégrade ? Benoît Cypriani : Nous n’avons pas de données quantitatives sur cette question. La mendicité n’est pas un phénomène nou veau à Besançon. Le constat,
du narco-trafic y compris dans nos villes moyennes. En plus, beaucoup de personnes qu’on retrouve à la rue souffrent de problèmes psychiatriques. La Ville a donc à supporter des choses auxquelles elle et ses associations partenaires ne peu vent pas faire face seules. Les questions de santé, comme celle des minima sociaux relèvent de l’État. La Ville, et le Départe ment, ont bien sûr un rôle social mais qui n’est pas extensible. B.C. : Nous faisons tout notre possible sur le plan social. Nous avons agrandi l’accueil de jour, nous assurons les repas du midi et du soir, nous avons des loge ments d’urgence pour la nuit, nous avons des équipes mobiles qui sillonnent les rues et d’autres équipes associatives qui travail lent sur les addictions. Et tous les S.D.F. n’ont pas forcément envie de rester dans les accueils durant la journée. L.P.B. : Pour lutter contre ce phénomène de mendicité agressive, que faites vous alors ? B.C. : Nous avons commencé l’an dernier à réorganiser la police municipale, en créant trois équipes au lieu de deux, dont deux tournent l’après-midi. Nous avons augmenté les effectifs de la police municipale à 52 agents, en étendant leurs horaires d’été. L’idée est bien de rendre plus visibles nos policiers quand il y a plus de monde dans les rues. On a également créé un numéro d’appel direct de la police muni cipale. L.P.B. : C’est donc un constat d’im puissance que vous dressez ?
c’est que la pauvreté s’aggrave en France, les Restos du cœur ont servi ici à Besançon 28 % de repas en plus cette année. Une partie de cette pauvreté, on la retrouve hélas dans la rue. Ce qui est plus récent aussi, c’est qu’on assiste à une augmenta tion des phénomènes de toxico manie avec une vraie emprise
Benoît Cypriani, l’adjoint bisontin à la sécurité.
S.D.F., ou quelqu’un qui vit dans la rue, n’est pas solvable et que la plupart des amendes qu’on a dressées depuis septembre n’ont abouti à rien. La seule solution en cas de problème est d’appeler la police municipale. On sait que dans de nombreuses villes, les arrêtés municipaux fleuris sent au printemps. Mais ils n’ont aucun intérêt ! L.P.B. : Que ferez-vous de la pétition lancée par des commerçants du cen tre-ville ? B.C. : Elle a été signée par 26 commerçants, sur les 700 que compte la ville. Je ne nie pas
B.C. : Depuis septembre der nier, il y a eu 35 interventions sur appels de commerçants. Les policiers municipaux viennent pour calmer le jeu quand ça chauffe un peu. Il y a eu 13 interventions pour vol à l’éta lage, 5 verbali
vous travaillez à un nouveau disposi tif ? B.C. : Oui. Nous sommes en train de réfléchir à la mise en place de médiateurs qui seraient là pour pacifier les choses en cas de problème. Un peu dans l’es prit des anciens correspondants de nuits, mais avec un cadrage plus efficace. L’autre réflexion engagée est celle d’une structure de lutte contre les addictions. L.P.B. : L’opposition vous reproche d’avoir la main leste pour verbaliser les voitures stationnées autour du Plais des sports un soir de match et d’être tolérant vis-à-vis de la mendicité agres sive… B.C. : Pour les amendes autour du Palais des sports, on sait que des flyers de prévention ne ser viraient à rien. Cette opération était là pour montrer que le sta tionnement anarchique est for cément gênant. Pour le reste, on sait que ça ne sert à rien de verbaliser la mendicité agres sive. Ce n’est pas une question de laxisme ou d’immobilisme. Verbaliser un mendiant, agressif ou pas, est en plus contraire à la convention européenne des Droits de l’Homme. Je ne me vois pas aller à l’encontre de ces règles. n Propos recueillis par J.-F.H.
Les commerçants s’impatientent Nous avions rencontré le mois dernier les commerçants situés dans le secteur du 75, Grande rue, irrités par la montée de la mendicité agressive et des alter cations entre gens de la rue. Insultes, crachats, menaces, odeur d’urine… “On va bientôt passer plus de temps à résou dre les problèmes générés par les per sonnes alcoolisées, droguées ou atteintes de troubles psychologiques, qu’à gérer nos magasins” commentait Tom Fouilloux, le gérant du magasin Carrefour Market. Avec certains de ses collègues, ils ont lancé une pétition. La situation ne semble pas s’être apaisée depuis. Leur pétition signée par une qua rantaine de collègues n’a pas trouvé l’écho escompté. “Il y a encore eu une altercation avec un jeune homme devant le magasin, poursuit le gérant de la supé rette. Il a à nouveau insulté un de nos salariés en disant qu’il était dans ses droits. On demande tous les jours aux personnes de ne pas squatter devant le magasin.” Les commerçants craignent l’arrivée des beaux jours et avec elle, la présence plus longue des sans-abri devant leurs échoppes. n
“L’idée est bien de rendre plus visibles nos policiers.”
sations pour chiens non tenus en laisse, 7 verbalisations pour consommation d’alcool sur la voie publique et 10 pour ivresse manifeste. Oui, je reconnais qu’il y a de la mendicité agressive à Besançon, souvent à cause d’in teractions entre alcool et pro blèmes psychiatriques. L.P.B. : Êtes-vous prêt à reprendre un arrêté municipal pour stopper ces phé nomènes de rue ? B.C. : Non. Ce genre d’arrêté qu’avait pris Jean-Louis Fous seret il y a quelques années n’a pas fait la preuve de son intérêt. D’abord parce qu’on ne peut pas contraindre quelqu’un de bouger s’il ne le souhaite pas. Ensuite parce que par définition, un
que les per sonnes qui l’ont signée sont par fois impactées par ces pro blèmes, mais je ne sais pas ce que pensent tous ceux qui n’ont pas signé cette pétition. La question peut se poser plus souvent autour des débits de bois sons.
“Verbaliser un mendiant est contraire à la convention des Droits de l’Homme.”
Les personnes qui squattent le parvis de l’église de la Madeleine ont aussi le don d’irriter certains riverains.
L.P.B. : Sur ce point,
L.P.B. : Avec quels résultats ?
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