La Presse Bisontine 264 - Juin 2024
8 L’événement
La Presse Bisontine n°264 - Juin 2024
l Battant
l Rétrospective Été 2018 La tumultueuse histoire de l’arrêté anti-mendicité L’affaire avait fait grand bruit à l’été 2018. Le maire de Besançon Jean-Louis Fousseret avait pris un arrêté municipal anti-mendicité qui avait fait bondir les associations.
Anne Vignot assure y travailler
L es bornes, il en a évidemment été lar gement question lors de cette réunion publique organisée le 15 mai rue de la Madeleine, dans un bar La Bodega bondé - la Ville avait refusé à l’opposition le prêt d’une salle municipale. Dans ce quartier largement à gauche (Anne Vignot avait rassemblé 558 voix aux municipales de 2020 contre 190 pour M. Fagaut), le leader de l’opposition bisontine s’est confronté à certains riverains qui soutenaient l’existence des bornes, mais a surtout entendu d’autres usagers, les commerçants du quartier, qui subissent depuis un moins et demi une chute notable de leur activité. Et des habi tants qui estiment “qu’au lieu de mettre des bornes que la mairie justifie par la tran quillité publique, ils auraient mieux fait de verbaliser ceux qui roulaient trop vite, ce qui n’a jamais été fait.” “Avec ces bornes, La Ville veut faire de Battant un quartier apaisé. La mise en place des bornes est toujours un sujet chaud de débat, autant que la mendicité ou l’alcoolisation agressive de certains individus. Le quartier, ses bornes et ses personnes alcoolisées
N ous sommes au début de l’été 2018. Par arrêté municipal, le maire de Besançon avait décidé d’interdire la men dicité dans le centre-ville. Sanc tion pour le contrevenant : une amende de 38 euros. Contesté par des associations, attaqué par des citoyens, cet arrêté avait été traîné devant le tribunal administratif de Besançon qui dans une décision du 28 août, avait pourtant donné raison au maire de Besançon et rejeté la demande des requérants. Pour calmer les esprits, après une grande manifestation d’as sociations dénonçant “un texte anti-S.D.F.” , la mairie avait retravaillé le contenu de son arrêté, retirant le terme “men dicité” du texte. Que stipulait cet arrêté ? “L’oc cupation de manière prolongée en station debout, assise ou allongée des voies publiques par des individus seuls ou des regroupements de personnes, que cette occupation soit accom pagnée ou non de sollicitations
à l’égard des passants, lorsqu’elle est de nature à entraver la libre circulation des personnes, à por ter atteinte à la tranquillité publique, notamment lorsqu’elle s’accompagne de nuisances sonores, ou à la salubrité publiques, est interdite.” Avec ou sans le terme de “men dicité”, la finalité de l’arrêté voulu par la mairie de l’époque était strictement la même : éloi gner S.D.F. et mendiants du cen
Le 15 mai, Ludovic Fagaut (de dos) et ses collègues de l’opposition échangeaient avec 90 riverains lors d’une réunion publique à Battant.
municipal, la maire de Besançon a assuré se pencher sérieusement sur cette question qui empoisonne le centre-ville. “On a en effet une montée de l’alcoolisation dans notre ville, liée à la dégradation de l’état de santé mentale qu’on constate depuis le Covid. Cela nécessite un travail collectif, nous sommes en train de travailler avec d’autres villes de France pour trouver des solutions à ce phénomène qui ne cesse de croître” reconnaît-elle. En attendant, le parvis de l’église de la Madeleine résonne tous les jours des voci férations de ces personnes alcoolisées. Si l’insécurité ne règne pas à Battant, c’est le sentiment d’insécurité qui irrite une partie des riverains. n J.-F.H.
on se croit en prison dans notre propre quar tier !” estime cet habitant. Tandis qu’une riveraine sans voiture, et donc sans badge d’ouverture des bornes, est obligée de se rendre à pied jusque devant la borne pour récupérer ses courses que lui livre son fils !
tre-ville. Depuis cette décision municipale dont l’application pre nait fin officielle ment le 31 décem bre 2018, aucune mesure n’a jamais été reprise pour empêcher la men dicité agressive, ni par Jean-Louis Fousseret jusqu’en 2020, ni par Anne Vignot depuis qu’elle est élue. n J.-F.H.
Aucune autre mesure n’a jamais été prise depuis.
“Trouver des solutions à ce phénomène qui ne cesse de croître.”
La mendicité agressive a également occupé les échanges - parfois houleux. “On a maintenant affaire à des personnes venues de Paris, des visages qu’on ne connaissait pas. Qu’at tend la mairie pour agir contre cette alcoolisation excessive ?” Lors du dernier conseil
l Justice
Le 16mai À Amiens, l’arrêté anti-mendicité retoqué
Plusieurs arrêtés anti-mendicité ont été pris par plusieurs villes françaises ces dernières années. Comme à Amiens le 16 mai dernier, ils ont souvent été retoqués par la justice. Brigitte Fouré, la maire d’Amiens, a réagi.
S on exécution immédiate portait selon le tribunal administratif d’Amiens une atteinte grave et immédiate à la liberté d’aller et venir. La juridiction picarde, saisie en référé par la Ligue des Droits de l’homme et les associations amiénoises Maraudes citoyennes et Solam Solidarité, a soulevé des doutes sur sa légalité. Le 16 mai dernier, il a suspendu, avec application immédiate, l’arrêté anti-men dicité signé à titre expérimental et pris le 25 avril dernier. “Avec mon équipe muni cipale, nous avons pris un arrêté municipal qui se justifiait à la suite des plaintes récur rentes des commerçants et par les inter ventions multiples des forces de l’ordre pour faire cesser les troubles à l’ordre public de la part de certains sans domicile fixe” a réagi dans un communiqué la maire U.D.I. d’Amiens Brigitte Fouré le 16 mai dernier. “Il visait à interdire l’exercice de la mendicité agressive dans plusieurs rues d’Amiens du
1 er mai au 31 août du mardi au samedi de 8 heures à 20 heures. Cette décision qui était attendue par de nombreux commer çants, riverains et clients du centre-ville, vient d’être suspendue par le tribunal admi nistratif. Je prends acte de cette décision. Nous continuerons à travailler avec les commerçants et les habitants pour trouver les solutions les plus adaptées au renfor cement de la tranquillité publique et à l’at tractivité du centre-ville afin que celui-ci reste un pôle économique majeur.”
En parallèle, la municipa lité dit poursuivre la mise en place d’actions d’un plan pour le pouvoir d’achat (installation de casiers solidaires, frigos partagés, chalets de la soli darité) à destination des sans domicile fixe et des Amiénois les plus en dif ficulté. n A.A.
“Je prends acte de cette décision.”
ÀAmiens comme à Besançon, la problématique est la même. au centre-ville (photo D.R.).
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