La Presse Bisontine 264 - Juin 2024
30 Économie
La Presse Bisontine n°264 - Juin 2024
BESANÇON
Pour détecter les événements critiques Des micro-capteurs, mis au point à Besançon, assureront la surveillance des ponts
L es drames de Gênes à Mirepoix ont démontré l’importance d’une veille technologique active. Auto rités et gestionnaires d’ouvrages cherchent aujourd’hui tous à améliorer l’entretien et la sécurité de leurs ponts, pour éviter que ce genre d’événement ne se reproduise. C’est justement cette piste que va explorer le projet Sircapass, retenu dans le cadre du plan d’investissement France 2030. Un réseau de partenaires publics et privés (A.I.A. Ingénierie, Cerema, Inria…) s’est fédéré autour de la technologie de rupture de Silmach, afin d’anticiper les usures, fissures et La P.M.E. bisontine, qui porte le projet Sircapass avec un consortium, devrait permettre de passer d’une approche urative à une veille préventive des ouvrages, grâce à sa technologie de capteurs sans énergie. L’État a décidé de faire appel à la société Silmach pour la sécurisation de ses ponts.
éventuels effondrements de ponts. La solution apportée par la P.M.E. bison tine tient dans une nouvelle génération de capteurs micromécaniques M.E.M.S. hybrides, qui fonctionne sans électronique et sans source d’énergie. “Notre approche marque une rupture technologique aussi bien vis-à-vis du capteur lui-même, que de la philosophie de surveillance” ,explique Pierre-François Louvigné, qui co-dirige Silmach avec Jean-Baptiste Carnet. “Les technologies actuelles suivent la logique du big data, en captant et stockant des milliers de données. On proposera à l’in verse, ici, de générer très peu de données. Simplement celles qui sont utiles, pour gagner en efficacité et que cela coûte éga lement peu à exploiter derrière.” Une petite révolution que Silmach est la seule à porter. Il n’existerait, en effet, pas d’autre équivalent dans le monde.
L’entreprise développe depuis quelques années cette technologie de capteurs autonomes et sans énergie, pour diverses applications. “Comme dans le domaine militaire pour leur matériel de franchis sement, type pont mobile, ou dans le domaine aéronautique pour les trains d’atterrissage” , énumère Pierre-François Louvigné. Demain, la P.M.E. bisontine équipera donc aussi les ponts. Les micro-capteurs qu’elle développera auront plusieurs finalités : “Ils mesureront la fatigue méca nique, l’ouverture de joints et de fissures, la détection de véhicules hors gabarit, les ruptures de câbles, la détection de chocs au niveau des piles… ” Connectés, ils disposeront d’un module communicant qui transmettra de façon automatique les données, et permettront une surveillance 24 heures sur 24. La
Les capteurs de SilMach se focaliseront sur lesmicro données essentielles pour assurer la surveillance des ouvrages.
ANALYSE
Nicolas Bodin “Je crains le déclassement économique de Besançon” Le deuxième vice-président de Grand Métropole en charge de l’économie et de l’emploi a fait ses calculs. Le Grand Besançon est une des agglomérations de France qui consacre le moins de surfaces à son développement économique.
S ur ce dossier, Nicolas Bodin sem ble se sentir un peu seul. Et quand il en parle en conseil muni cipal à Besançon ou en conseil communautaire à G.B.M., il n’a pas l’écoute attentive que le dossier à ses yeux mérite. La présidente de G.B.M., elle, semble même l’ignorer. Soucieux de l’avenir économique du territoire bisontin et bien conscient que l’aile gauche de sa majorité freine des quatre fers quand il s’agit d’évoquer le sujet du développement des zones écono miques, Nicolas Bodin a sorti sa calcu lette pour arriver au constat suivant, alarmant selon lui : “Entre 2011 et 2022, en moyenne en France, 31,06 % des sur faces de terre artificialisée l’ont été pour créer de l’activité économique, commerce, industrie ou agriculture. Le reste a été dédié au logement. Dans le Grand Besan çon, à peine 22,55 % de l’artificialisation a été dédiée aux activités économiques
et donc tout le reste au logement. Nous sommes quasiment les derniers de France. Je crains le déclassement et la dévitalisation économique de Besançon” constate Nicolas Bodin. L’élu était inter venu sur le sujet lors du précédent conseil municipal, sans susciter la moin dre réaction de la maire de Besançon.
Pour Nicolas Bodin, cette évolution est “inquiétante pour l’ave nir de notre territoire. Et avec la loi Z.A.N., ça va être très compli qué de redresser la barre.” À titre de com paraison, nos voisins dijonnais ont consacré 40,12 % de leurs sur faces artificialisées pour y installer de l’ac tivité économique, c’est près de deux fois plus
Il réclame que s’ouvre “un grand débat sur cette question.”
que dans l’ex-capitale comtoise. “Etdans le même laps de temps, Besançon a perdu son statut de capitale régionale dont on ne se rend toujours pas compte des consé quences” ajoute le vice-président de G.B.M. “On a perdu le siège de nom breuses banques, assurances et syndicats. Moins d’activités économiques, c’est aussi moins de recettes pour financer le social”
estime l’élu socialiste. À l’heure où le gouvernement pousse à la réindustralisation du pays, Besançon semble donc tourner le dos à son poten tiel d’accueil de grandes entreprises. Même s’il reste un peu de places sur les zones existantes, les futures zones de G.B.M. comme Saint-Vit ou Marchaux Chaudefontaine ne sont toujours pas
L’élu bisontin a dressé lui-même ces statistiques concernant l’artificialisation des sols dédiée
à l’activité économique (Besançon est en bleu).
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