La Presse Bisontine 263 - Mai 2024

L’interview du mois 5

La Presse Bisontine n°263 - Mai 2024

ENBREF

Poumon Le cancer du poumon est un cancer fréquent et de mauvais pronostic. Pour le détecter, l’examen de référence est le scanner faible dose, par lequel la détection précoce des tumeurs malignes reste trop faible, entraîne de nombreux faux positifs très anxiogènes pour le patient. Des chercheurs du C.H.U. de Besançon ont contribué au dépôt d’une demande de brevet européen portant sur des biomarqueurs utilisables en biopsies liquides et spécifiques des cancers pulmonaires. Sur une simple prise de sang, l’emploi de ces biomarqueurs pourrait se faire dans le cadre du dépistage, du diagnostic ou du suivi des adénocarcinomes pulmonaires, avec des résultats hautement précis. Citadelle Gibbon, Ibis chauve, Apron, Binturong… Ces espèces vous sont peut-être inconnues, pourtant elles sont menacées d’extinction. Pour mettre en lumière les projets de conservation d’espèces précieuses soutenus par l’équipe du parc zoologique, le sensibilisation, le “Printemps de la biodiversité” jusqu’au 29 mai, avec plusieurs après midi dédiées à la découverte de ces espèces fascinantes. Infos sur www.citadelle.com Muséum organise à la Citadelle une saison de

cer l’identité historique des habitants.

nelle, par ma grand-mère maternelle aussi, Marie Octave Monod. C’est elle qui m’a parlé pour la première fois de l’affaire Dreyfus, qui l’avait profondément marquée. Une fémi niste ardente, en son temps. Deux de mes sœurs, Sylviane et Brigitte, viennent d’en publier chacune une biographie. La famille de cette grand-mère était protestante et j’en ai sans doute reçu quelques valeurs par héri tage. Au premier chef la liberté de conscience, sans que celle-ci ait à s’en remettre à une quelconque autorité supérieure. La laïcité, évidemment aussi, avec un refus obstiné de tout identitarisme, une fidélité profonde à la loi de 1905. On peut respecter infiniment les croyances de chacun, on peut aussi ne pas être d’accord avec le président Macron qui a participé avec le Pape François lors d’une messe à Marseille. Mon cher Clemen ceau en aurait été révulsé. La place du chef d’un État laïque n’est jamais dans un lieu de culte : aucun. L.P.B. : Vous ne vous contentez pas d’être historien et écrivain, vous êtes aussi un homme de théâtre et vous écrivez même des chansons… J.-N.J. : Oui, j’ai collaboré avec Antoine Sahler, un autre Franc-Comtois, comme parolier à des chansons qu’il a mises en musique et dont un album vient de paraître. Je travaille en parallèle avec un metteur en scène pour la présentation prochaine d’une de mes pièces de théâtre, “Ovide en exil”, après la première, “l’Un de nous deux”, où je faisais s’entretenir Léon Blum et Georges Mandel, prisonniers ensemble près de Buchenwald en 1944. Celle ci a été jouée près de deux cents fois à Paris et à Avignon : mais pas à Besançon, hélas ! n Propos recueillis par J.-F.H.

L.P.B. : Les élections européennes approchent. En tant qu’homme de gauche, avez-vous fait votre choix ? Êtes-vous toujours un militant socialiste ? J.-N.J. : Je n’ai jamais pris ma carte au P.-S., même si j’ai présidé quelques années le groupe de gauche au Conseil régional de Franche-Comté, même si j’ai été par deux fois secrétaire d’État sous François Mitter rand. Ce dernier n’avait d’ailleurs jamais eu cette exigence d’adhésion au P.-S. pour me faire confiance au sein du gouvernement. La gauche universaliste, fille des Lumières, de Jaurès et de Clemenceau, libre de toute tentation identitaire, est ma famille. Mais même si je salue hautement le rôle des partis en démocratie, comme le fait d’ailleurs la Constitution, je n’ai guère le goût d’être encarté. Tout en considérant que le clivage gauche-droite est insubmersible, à vue humaine. On devrait le vérifier bientôt. L.P.B. : La fusion des Régions, décidée il y a déjà près de dix ans, est-elle une bonne chose à vos yeux, vous qui revendiquez d’être profondément franc comtois ? J.-N.J. : Les grandes régions sont un continuum administratif voulu politiquement dont le principe reste mal compris par les citoyens. Elles ont créé pourtant, comme l’affirme jus tement Marie-Guite Dufay, une dynamique dans les investissements avec des projets plus ambitieux que ceux qu’auraient pu por ter les deux anciennes régions séparées. C’est patent dans notre cas. Cela n’empêche pas les citoyens de Bourgogne de continuer à se sentir Bourguignons et ceux de Franche Comté de continuer à se sentir Francs-Com tois. “Comtois, rends-toi ! Nenni ma foi ! ” Les grandes régions ne sont pas là pour effa

L.P.B. : Vos racines franc-comtoises sont en effet profondément ancrées, notamment du côté de Rioz en Haute-Saône où votre grand-père puis votre père auront été tour à tour maires pendant près de 50 ans au total. Ils vous ont montré la voie républicaine ? J.-N.J. : Mon grand-père Jules Jeanneney était né en 1864, il est mort en 1957, j’en ai donc des souvenirs précis. Il avait été une

première fois ministre sous Clemenceau en 1919, puis aux côtés de Charles de Gaulle en 1945, qui l’avait appelé comme un symbole de la transition entre la III ème et laIV ème République. Mon père a été son direc teur de cabinet à Matignon. C’est là que j’ai connu Charles de Gaulle, si je puis dire, lorsque j’avais deux ans, et que je lui ai été pré senté. La seconde fois, j’étais plus lucide, quand j’ai accompagné mon père pour lui rendre visite à Colom bey-les-deux-Églises, à la fin de 1969. De ce second moment, je garde un sou venir puissant. J’en raconte le détail dans mes Mémoires. L.P.B. : La laïcité, la liberté de conscience, toutes ces valeurs vous ont été transmises par la famille ? J.-N.J. : Par ma famille pater

“Je n’ai jamais eu vraiment le goût

d’appartenir à un parti.”

Jean-Noël Jeanneney

dans les rues de Besançon

où il aime flâner quand il revient en ses terres franc-comtoises.

Espace V (face station-ser

Valentin / Be rvice Carrefour)

esançon

espace-du-do

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