La Presse Bisontine 263 - Mai 2024

24 Le dossier

La Presse Bisontine n°263 - Mai 2024

l Travaux

Végétalisation et désimperméabilisation Rue de Dole : premiers coups de pioche en juin C’est la première grande pénétrante qui sera traitée à

Voici les profils-types de la requalification de la rue de Dole (documents G.B.M.).

Besançon. Les transports en commun et les vélos auront plus de place, au détriment de la voiture. Démarrage avant l’été.

D e Micropolis au carrefour d’Arènes, la rue de Dole est l’une des rues les plus longues et des plus fréquen tées de Besançon. La ville veut en faire un modèle d’intégration, symbole de la cohabitation plus apaisée entre les différents modes de déplacement, dans la droite ligne du plan de mobilités bientôt approuvé. L’idée sous-jacente de ces travaux est aussi de dissuader les automobilistes venus de l’extérieur de systématiquement aller jusqu’au centre-ville avec leur voiture et de les inciter au contraire à laisser leur véhi cule au P + R de Micropolis pour ensuite prendre le tramway ou le bus. “Pour dynamiser ces P + R, il faut arrêter d’entrer dans le centre-ville comme dans du beurre !” image un connaisseur du dossier. “Les voitures pourront tou

jours circuler rue de Dole, mais en mode apaisé et plus lent” note Marie Zéhaf. Les travaux sur la rue de Dole se feront en plusieurs phases, “et s’étaleront sur quatre ans” estime l’élue bisontine. La première tranche concernera la section

depuis l’angle de la rue Charles Dornier, proche du rond-point de la Bas cule et l’angle de la rue du Polygone, au droit du quartier Jean-Jau rès et des longs bâti ments militaires. Le démarrage est prévu mi-juin. Ces travaux consiste ront à donner plus de places aux bus et aux vélos, par la création notamment d’une vraie

“Les voitures seront en mode apaisé et plus lent.”

Et les esquisses d’aménagement vues d’en haut.

voie cyclable bi-directionnelle sécurisée (qui sera construite sur le côté gauche de la rue dans le sens Besançon-Dole). Par ailleurs, tous les îlots centraux seront supprimés, de manière que la circulation soit ralentie quand un auto mobiliste veut tourner à gauche dans une rue perpendiculaire. L’espace gagné par la suppression de tous ces terre pleins permettra à la ville de végétaliser cette artère en plantant de nouveaux arbres, ainsi lutter contre les îlots de chaleur, dans la droite ligne de la poli tique municipale, désimperméabiliser une partie de la chaussée, et donc créer cette voie cyclable. Pour les riverains qui étaient invités à une réunion d’information le mois dernier, ces travaux semblent plutôt bien perçus. “Je trouve plutôt favorable le fait de vouloir baisser la vitesse de circulation des voitures et de laisser plus de places aux vélos, aux piétons etauxbus” commente Michel Krucien, un riverain du secteur Jean-Jaurès.

Tous les terre-pleins centraux de la rue de Dole seront enlevés.

Un nouveau feu tricolore doit d’ailleurs être installé à l’angle de la rue de Dole et de la rue du Caporal-Peugeot pour ralentir les flux automobiles. La prin cipale crainte des riverains, c’est “le report du trafic dans nos petites rues pendant les travaux.”

La rue de Dole sera la première grande pénétrante de la ville à être ainsi requa lifiée. Suivront dans les prochaines années la rue de Belfort et la rue de Vesoul notamment, pour un traitement de même nature. n J.-F.H.

l Association Trottoirs Libres “Je deviendrais cardiaque si j’étais chauffeur de bus à Besançon” Depuis 2019, l’association Trottoirs Libres défend les droits des piétons et autres usagers vulnérables dans les rues de Besançon. Ses membres, et notamment son président Yves Ketterer, militent pour l’adoption d’une initiative citoyenne demandant l’introduction de navettes électriques dans La Boucle.

P our lui, pas de doute, “la voirie est le premier établissement recevant du public, bien avant les établissements comme les centres commerciaux.” YvesKet terer a fondé Trottoirs Libres à Besançon, en 2019. Cette asso ciation a pour mission de pro téger les droits du piéton dans l’espace public et de rendre les rues accessibles à tous. Des objectifs louables qu’Yves, en situation de handicap moteur, ne pouvait défendre qu’avec la plus grande détermination. “Quand on fait l’accessibilité pour les invalides, on fait en réa lité l’accessibilité pour tous. Car il y a d’autres personnes, la maman et sa poussette, l’ouvrier

au tribunal de Nancy” , ajoute Yves. Pour lui, si les collectivités n’agissent pas, les automobilistes “n’adopteront pas des compor tements respectueux des usagers vulnérables.” Ce qui occupe particulièrement le président de Trottoirs Libres, c’est l’initiative citoyenne dépo sée par son association qui a déjà récolté près de cent signa tures sur Internet. Son intitulé : “Pour des navettes électriques dans la Boucle”. La volonté d'Yves Ketterer et des membres de son association est de mettre fin au transit de nombreuses lignes de bus, qui provoquent d'importantes nuisances sonores et de la pollution, dans un rayon d’à peine 500 m.

changé. Ses rues aussi. “Besan çon a été précurseure à un moment donné. C’est une des premières villes en Europe qui a piétonnisé ses rues, par exem ple, explique Yves Ketterer. Mais aujourd’hui, elle est en retard dans certains domaines. Je pense aux pistes cyclables qui passent bien souvent sur les trottoirs” Pour faire avancer les choses, l’association Trottoirs Libres doit dialoguer, parfois même batailler, avec les autorités locales. Avec l’association Vélo Besançon, elle a porté un recours judiciaire contre la décision prise par la ville d’autoriser les sta tionnements de quinze minutes sur les trottoirs. “L’affaire va prochainement passer en appel

poussant son diable ou les enfants, qui sont vulnérables dans l’espace urbain” , signale t-il. Si lui ainsi que son copré sident sont en fauteuil roulant, les autres bénévoles de Trottoir Libres sont des piétons valides

L’initiative citoyenne déposée par Trottoirs Libres intitulée “Pour des navettes électriques dans la Boucle” a recueilli 97 signatures sur Internet. Encore trop peu.

ou des cyclistes. “Nous représen tons bien les pié tons dans leur ensemble” , estime celui qui, retraité, a du temps à consa crer à son asso ciation. Depuis les années 1970, la capitale com toise a beaucoup

Des navettes électriques pour remplacer les bus dans LaBoucle.

“L’objectif n’est pas de remplacer forcément tous les bus par des véhicules électriques, précise Yves. Nous souhaitons, avec la F.N.A.U.T., qu’à l’occasion du renouvellement de la délégation de service public, en septembre prochain, une étude sur Ginko et sur le plan de mobilité soit réalisée. Je deviendrais car diaque si j’étais chauffeur de

bus à Besançon.” Son associa tion veut aller plus loin que la simple expérimentation courte et décevante d’une navette au centre-ville de Besançon, en 2015. Selon Yves, la capitale comtoise devrait “créer un hyper centre historique dans lequel les bus seraient absents, comme à Dijon ou à Chartres.” n

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