La Presse Bisontine 263 - Mai 2024

Le dossier 25

La Presse Bisontine n°263 - Mai 2024

l Association La problématique du vélo “Élargir une route, c'est créer le bouchon de demain”

L’association Vélo Besançon rappelle l’importance de favoriser les modes de transports doux tout en confirmant son hostilité au projet d’élargissement de la R.N. 57. Le point avec Aline Vieille, membre du conseil d’administration de cette association militante.

bles grand luxe. Donc, il serait possible de faire 140 kilomètres de pistes cycla bles avec ce budget… Des villes comme Lyon ou Grenoble ont, elles, fait des investissements importants pour le vélo. Nos collectivités vont s’endetter pendant des années pour payer ce projet de doublement de la R.N. 57.” Aline Vieille a d’autres pistes pour repenser les mobilités dans le Grand Besançon : favoriser la pratique du vélo sécurisée, les transports en com mun et la marche. Et repenser l’amé nagement des pistes cyclables. “Il n’y a pas d’homogénéité sur les pistes cycla bles du Grand Besançon” pense-t-elle. “Le vélo n’est pas assez considéré. Trop souvent les pistes cyclables sont de la même couleur que la voie normale. Trop souvent les aménagements sont mal pensés, en particulier au niveau des carrefours. Il faut plus d’homogénéité et de continuité. Entre autres nombreux exemples, on peut citer la bande cyclable qui longe la bretelle d’accès au boulevard Blum depuis la rue de Belfort et qui disparaît tout simplement quand le cycliste arrive sur le boulevard.” n En chiffres : l 3 %: la part des déplacements faits à vélo en France l - 4%: la part des déplacements faits à vélo à Besançon

L e 2 avril dernier, l’Association Vélo Besançon était associée à la conférence “Comment mieux se déplacer demain - Quelles mobilités dans le Grand Besan çon ?” Une évidence puisque cette pro blématique est l’objet même de l’asso ciation. “Les modes de déplacement se concurrencent entre eux, c'est pourquoi les modes doux doivent être privilégiés par les aménageurs par rapport à la voiture individuelle qui doit être consi dérée comme ce qu’elle est : une nuisance pour la ville” rappelle Aline Vieille, membre du conseil d’administration de l’association depuis 7 ans. Évidemment, le projet d’élargissement de la R.N. 57 entre Beure et les bou levards, le plus gros projet du moment en termes de mobilités, ne lui plaît pas du tout. “Ce projet de doublement est complètement à rebours de ce qu’il faut faire” pense-t-elle. “Ce n’est pas un projet écologique car il incite à prendre encore plus la voiture. Quand on crée une nouvelle route, on crée le bouchon de demain, on augmente l'offre d'in frastructures routières et on crée des embouteillages. Ce projet augmentera

le nombre de bouchons.” Pour illustrer son propos, Aline Vieille convoque le passé pour inciter à ne pas recommencer ce qui selon elle a ressemblé à des erreurs. “À Besançon, par rapport aux années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, nous avons une rocade en plus. Mais il y a toujours des bouchons. C’est implacable. Quand vous créez une nouvelle route, vous induisez du trafic supplémentaire. C’est le trafic induit. Les usagers emménagent plus loin, rentrent manger le midi… C’est un fait qui a été prouvé par maintes études scientifiques depuis des décennies avec des exemples dans le monde entier…” Pour l’association Vélo Besançon, et tous les autres membres du collectif contre le dédoublement de la R.N. 57 baptisé R.N. +5,7° (France Nature Environnement, Beure respire, Alter natiba…), ce projet ne vaut vraiment pas le coup, ni le coût. “C’est 140 millions d’euros annoncés pour 3 kilomètres mais cela sera plus car ces chiffres ont été donnés avant l’inflation. Nous, nous rappelons qu’avec 1 million d’euros, on peut faire 1 kilomètre de pistes cycla

Aline Vieille est membre du conseil d’administration de l’association Vélo Besançon.

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