La Presse Bisontine 261 - Mars 2024
Besançon 9
La Presse Bisontine n°261 - Mars 2024
URBANISME
Rue de Champagne “Il ne faut pas détruire mais réhabiliter” Début février, les membres de la Confédération nationale du logement (C.N.L.) ont fait entendre
leur opposition aux démolitions d’immeubles 2 à 8 rue de Champagne dans le cadre des plans de rénovation urbaine. Depuis la situation a encore évolué. Le point avec Michel Boutonnet membre de la C.N.L.
D ans le cadre du Nouveau pro gramme national de renouvel lement urbain (N.P.N.R.U.) de Planoise. les études menées ont abouti à un souhait de déconstruction d’un volume important de logements sociaux dans le quartier. Parmi eux, les numéros 2 à 8 de la rue de Cham pagne sont programmés à être démolis d’ici le deuxième semestre 2024. Aucune reconstruction n’est prévue sur ce site. Il y était prévu une “ferme urbaine” mais l’emplacement de la rue de Cham pagne, à proximité de la rocade de Micropolis et de la rue de Dole, ainsi que la pollution des sols, ont conduit à abandonner ce projet. Cet immeuble de 180 logements fera donc place à… “rien.” Une décision qui est loin de faire l’unanimité. “Il y a, en pleine crise climatique et crise du loge ment, 1 600 projets de démolitions de logements H.L.M. à Besançon dont 1 200 à Planoise” regrette Michel Bou tonnet militant à l’union locale de la Confédération nationale du logement (C.N.L.). L’Union Locale C.N.L. de Besançon a adhéré, avec des dizaines d’autres col lectifs d’habitants et de professionnels (architectes et urbanistes) de toute la France, au collectif “Stop aux démoli tions A.N.R.U.” créé en novembre 2023 au niveau national. Ce dernier exige un moratoire immédiat sur la démo lition des logements sociaux. À Planoise, une enveloppe de 183 mil lions d’euros est prévue dans le cadre des plans de rénovation urbaine (A.N.R.U.) pour détruire ces apparte ments de Champagne mais aussi d’au tres ensembles du quartier, le Tripode de la rue de Cologne ou des immeubles de la rue de Savoie, de la rue de Bruxelles et de la rue de Flandres, qui s’ajouteront à ceux du secteur Picasso Van Gogh et de la rue de Luxembourg déjà démolis. Le N.P.N.R.U. prévoit aussi la réhabilitation de plusieurs centaines de logements. “Nous contes tons la partie “démolitions” de ce plan
et disons qu’il ne faut pas détruire mais réhabiliter, isoler, redonner du confort.” Un argument étayé avec des chiffres à la clé. “En moyenne, la réhabilitation d’un appartement coûte 45 000 euros, la reconstruction 125 000 euros, sans compter la démolition ni les pertes d’exploitation.” Au-delà des chiffres, ce sont des vies qui sont déracinées, car avec ces décons tructions des gens qui ne l’avaient pas prévu sont obligés de déménager. “Nous avons un couple de 90 et 88 ans qui est parti en novembre 2023 après 53 ans passés dans l’immeuble. Une femme de 98 ans est décédée en début d’année après avoir dû quitter, 6 mois plus tôt, son appartement où elle avait passé 50 ans et y vivait en toute autonomie. Elle ne voulait pas quitter son appartement.” Des situations provoquées par le bail leur social, qui, selon Michel Boutonnet, n’entretient plus les immeubles pour pousser les derniers occupants à partir. “Le bailleur social ne fait plus son job ! Fin mai, il y a eu un incendie, il y a des squatteurs, de la drogue, du proxé nétisme…” Le 7 février dernier, Michel Boutonnet et plusieurs membres du collectif sont montés à Paris, dans le cadre d’un ras semblement national à l’appel du col
Début février, la C.N.L. de Michel Boutonnet organisait une conférence de presse devant l’immeuble.
mesures qui préserveraient enfin la sûreté et la tranquillité des locataires de la rue de Champagne. Il y a du mépris des locataires de la part de Loge.G.B.M. Et pourtant les architectes et les urbanistes le disent. Un immeuble, ce n’est pas que de la pierre, du béton et de la ferraille, ce sont aussi des vies !” Réhabiliter et non pas démolir, ils le répéteront à l’infini. n A.A.
au tribunal avec une dizaine de loca taires et militants de la C.N.L., au len demain de cette décision. “Le report a été accordé à Loge.G.B.M. par la juge au 12 mars. Pendant ce temps, les loca taires attendent toujours une sécuri sation de leur immeuble. Aucun repré sentant de Loge.G.B.M. n’était là. La C.N.L. dénonce cette attitude de Loge.G.B.M. qui retarde la mise en œuvre, sur injonction de la justice, de
pour dire quelle réponse pouvait être faite à la revendication du collectif. Localement à Besançon, l’association avait assigné, le 6 décembre dernier, le bailleur Loge.G.B.M. devant le tri bunal pour que soient redonnées des conditions de vie dignes aux habitants de la rue de Champagne. Une action avortée. “Loge.G.B.M. a demandé pour la deuxième fois le report de l’audience” regrettait Michel Boutonnet, présent
lectif “Stop démolitions A.N.R.U.” devant les locaux de l’A.N.R.U. à Pantin, pour contester les décisions de destruc tion devant le tribunal. La directrice générale de l’A.N.R.U. a reçu une délégation du collectif national dans laquelle figurait une habitante de la rue de Cham pagne. Elle a entendu la revendication du col lectif “Moratoire immé diat sur toutes les démolitions !” et s’est engagée à le recevoir à nouveau début mars
“Du mépris de la part de Loge.G.B.M.”
Le collectif souhate une réhabilitation, pas la démolition.
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