La Presse Bisontine 261 - Mars 2024
8 Besançon
La Presse Bisontine n°261 - Mars 2024
VIE DE QUARTIER Pas de débit suffisant Ça rame à Velotte sans fibre A.D.S.L. en bout de ligne, 4G instable et de mauvaise qualité, télétravail impossible… Plusieurs habitants de Velotte et des Vallières sont excédés du retard pris dans le déploiement de la fibre et multiplient les actions pour être raccordés d’ici la fin de l’année.
A près la distribution symbolique d’oranges au conseil municipal de Besançon fin janvier, le col lectif d’habitants (qui s’est bap tisé V.V.F. pour Velotte Vallières Fibre 2024) entend remettre le couvert. Cette fois, dans la boutique d’Orange du cen tre-ville, le 9 mars. Bien décidé à ne pas relâcher la pression sur le four nisseur Internet. “Ce n’est pas normal. On ne peut pas se connecter parfois, à certains moments de la journée, pen dant les vacances ou les week-ends, ou ne serait-ce qu’ouvrir une pièce jointe” , se désole André Gudefin, un membre du collectif. “S’il y a deux utilisateurs au sein de la même maison, cela devient vite très compliqué.” Situés en bout de ligne A.D.S.L., les deux quartiers ne disposent que d’un débit Internet très faible. Un problème qui devient de plus en plus prégnant avec le développement du télétravail et des démarches administratives en ligne, “sans parler des devoirs et des cours qui passent aussi de plus en plus par Internet” , souligne André Gudefin.
drait pas, c’est qu’Orange oublie qu’il a des clients ! Ils ont fait rapidement les raccordements qui étaient les plus simples et aujourd’hui, ils peinent à faire les plus compliqués.” Sachant que plusieurs bâtiments collectifs et entreprises du quartier ont, eux, bel et bien bénéficié de l’installation de la fibre. Le fait d’avoir recours à des sous-traitants en cascade n’aiderait pas également. Le cas de Velotte et Vallières n’est bien sûr pas isolé. La Ville de Besançon et certaines communes du Grand Besan çon faisant partie des territoires les moins bien lotis, avec tout autant de questions posées notamment sur le secteur sauvegardé de la Boucle. Sui vant un récent accord pris avec l’opé rateur, l’agglomération bisontine aurait toutefois été ciblée pour bénéficier d’un rattrapage prioritaire du déploiement de la fibre. Orange a signé ainsi un nouveau contrat, l’engageant à installer 30 000 prises sur le territoire bisontin avant la fin 2025. Il sous-traitera le déploiement à l’entreprise N.G.E.
La 4G peut constituer une alternative, mais est tout aussi peu fiable selon ces habitants.Le fait que la situation dure les pousse aujourd’hui à réagir. Six ans après la convention signée entre Orange et la Ville, ils attendent toujours la fibre comme d’autres Bison tins. “On a découvert qu’Orange a été condamné à verser une amende 26 mil
lions d’euros à l’État pour ne pas avoir res pecté ses échéances et qu’il a cessé tout déploiement sur Grand Besançon Métropole fin 2022 (arrivé à la fin de son contrat). Résultat : 2023 a été une année blanche et il a fallu lui imposer de se remettre en route” , explique indi gné André Gudefin. Pour cet habitant, il semble y avoir une réelle mauvaise volonté de la part du fournis seur. “Ce qu’on ne vou
30 000 prises à tirer sur le territoire bisontin d’ici fin 2025.
“La fibre pourra passer ici en aérien”, précise André Gudefin devant l’un des poteaux.
Orange n’a pas donné pour l’heure d’échéancier ou de visibilité sur le pha sage des opérations. Un prochain comité de pilotage entre l’opérateur, la préfecture et Grand Besançon Métro pole est prévu à la mi-mars. n S.G.
Le collectif V.V.F., lui, ne veut pas atten dre si longtemps. “On fera tout pour que la fibre soit en place d’ici la fin d’année. Pour nous, en plus, cela pas sera en aérien. Donc avec moins de dif ficultés de mise en œuvre, en principe, sauf en cas de changement de poteaux.”
ENVIRONNEMENT Quartier Bregille “Que les tulipes ne soient plus détruites”
Depuis le 7 février, Jérôme Pillot et Sébastien Fraccalaglio ne décolèrent pas à la vue de la zone de tulipes sauvages protégées qui a été détruite sur le terrain à côté de leur maison. La seule et unique station de tulipes sauvages (Tulipa sylvestris) répertoriée à Besançon.
U n acte de malveillance ou de négligence ? La question n’est pas encore tranchée mais le mal est déjà fait. Le 7 février dernier, deux pelleteuses, venues soi disant pour une étude de sol dans le cadre d’une future construction d’immeuble, ont tracé un chemin et détruit une bonne partie d’une zone de tulipes sauvages, protégées au niveau national depuis 1982 et présentes à cet endroit du che min des Ragots. Au plus grand désarroi de Jérôme et de Sébas tien qui habitent à côté de la zone concernée, située juste en face… de la Maison de la biodi
versité. “Quand je suis rentré et que j’ai constaté la situation, j’ai demandé aux ouvriers s’ils étaient au courant qu’ils creu saient à un endroit où il y avait des tulipes sauvages protégées et s’ils avaient une autorisation” rappelle Sébastien Fraccalaglio. “Ils se sont arrêtés tout de suite et sont partis. Mais en trois quarts d’heure, ils ont eu le temps de faire des dégâts. Si je n’étais pas intervenu ce matin-là, ils auraient tout détruit.” Forcément la situation n’allait pas en rester là. Ils ont dans la foulée averti la D.R.E.A.L., l’O.F.B. (Office Français de la Biodiversité) et la Mairie de
Besançon. L’O.F.B. et la Mairie ont très vite réagi. Dès le dimanche 11 février, Anne Vignot, qui avait été mis en copie, a personnellement répondu à leur mail trois heures après en ces termes : “J’ai appris en effet ces dégâts inadmissibles et ai demandé que l’on signifie à cette entreprise d’arrêter immédiate ment.” La Mairie et la D.R.E.A.L. étaient informées depuis mars 2022 de l’existence de cette station de tulipes sauvages pro tégées nationalement, d’où ces indications dans le courrier d’Anne Vignot : “Après vérifica tion en lien avec le Conservatoire
Jérôme Pillot regrette la situation, estimant que les pelleteuses auraient pu passer ailleurs.
botanique national de Franche Comté et la Direction régionale de l’Environnement, de l’Amé nagement et du Logement de Bourgogne-Franche-Comté, il s’avère que cette station n’était pas référencée. Cette parcelle fera donc l’objet d’une attention par ticulière des services d’urbanisme de la Ville et un courrier à des tination du propriétaire du ter rain a été envoyé par le service espèces protégées de la D.R.E.A.L.” La D.R.E.A.L. indique que la personne à l’origine des travaux a bien sollicité les autorisations nécessaires, qu’un périmètre de
sauvegarde a été identifié mais qu’un débordement du périmètre de sauvegarde a été constaté. Autrement dit que les bulldozers avaient le feu vert pour inter venir mais pas à cet endroit. La D.R.E.A.L. évoque donc une erreur matérielle, dit évaluer la situation et les solutions pouvant être mises en place pour com penser cette erreur matérielle. Un état des lieux est en cours pour mesurer l’écart entre la superficie qui devait être pré servée et celle touchée par les travaux. Pas de quoi atténuer l’agacement du voisinage. Et Jérôme Pillot d’ajouter, résigné :
“Ils pouvaient passer partout ail leurs pour faire ce chemin. Nous savons bien qu’il y aura un immeuble à terme à cet endroit. Mais nous pensons qu’il y a moyen de faire des constructions tout en respectant la nature. J’ai merais avoir la cartographie de la tâche de tulipes référencée et que les tulipes ne soient plus détruites à l’avenir.” Une habi tation à côté oui, mais en plein milieu de la station de tulipes sauvages, non. Les habitants du quartier espèrent, qu’a minima, le terrain sera remis en état afin de protéger la biodiversité et cette spécificité à Besançon. n
Deux pelleteuses ont détruit une bonne partie d’une zone de tulipes sauvages au chemin des Ragots.
Made with FlippingBook Online newsletter creator