La Presse Bisontine 259 - Janvier 2024
Le Grand Besançon 25
La Presse Bisontine n°259 - Janvier 2024
SAINT-VIT
À l’est de la commune Zone d’activité des Champs Chevaux : entre inquiétude et résignation Le projet d’aménagement des 19,5 hectares, situés le long de la R.D. 673 (à côté de Gamm Vert), est en marche et devrait sortir de terre d’ici 2026-2027. Ce qui suscite la gronde des agriculteurs et de leurs soutiens sur place, autant choqués par les méthodes que les choix de Grand Besançon Métropole.
C ette future zone d’acti vité, placée entre Besançon et Saint-Vit, fait partie des projets d’aménagement prio ritaires arrêtés par Grand Besançon Métropole. Une des cinq implantations actées dans son schéma de zone d’activité économique (adopté en 2022), qui doit permettre de répondre au besoin d’industrialisation et
François Favory ne comprend pas qu’on détruise “un espace agro-pastoral actif.”
Favory, qui fustige au passage une forme de précipitation à l’ap proche de l’application du zéro artificialisation nette (Z.A.N.), qui réduira les surfaces que les collectivités auront le droit de consommer en 2030-2050. La Communauté urbaine, elle, se défend de tout unilatéralisme. “J’entends les réserves sur la consommation de terres agricoles. Mais on ne peut présenter les choses comme s’il y avait une hiérarchie entre l’économie agri cole et industrielle. Il y a un réel besoin de réindustrialisation, et ce n’est d’ailleurs pas propre à notre territoire” , rappelle Nicolas Bodin, le vice-président de G.B.M. en charge de l’économie, qui relève également une cer taine inquiétude chez les élus. Le dossier devait être remis à l’ordre du jour au Conseil com munautaire de ce 14 décembre, avec un point parallèle sur l’état d’avancement de la création de la zone Marchaux-Chaudefon taine. Avec sans doute quelques crispations. Les projets d’expansion des entreprises industrielles amè
de développement économique du territoire. Mais qui pose aussi la question de l’étalement urbain et de la consommation des terres agricoles. “L’Agglomération dit partout qu’elle veut développer l’agriculture périurbaine et avoir une offre au plus proche du bas sin de consommation, et elle vient, ici, détruire des terres agricoles exploitées, dans le mépris le plus total du travail paysan et des
investissements consentis depuis des années pour bonifier les sols” , s’indigne François Favory. Ce riverain et président de l’asso ciation de défense des vals de Sobant et de la Sonoche (adhé rente de France Nature Envi ronnement) est d’autant plus remonté que tout lui semble “décidé d’avance.” “Ce projet était déjà prévu par la commune de Saint-Vit et le Val Saint-Vitois, avant son rattachement au Grand Besançon. Il n’y a jamais vraiment eu de discussions sur les bien-fondés de cette décision.” La présence de dolines sur site qui vont compliquer l’aménage ment, et la proximité de Terre Comtoise (dont le stockage d’en grais solides, à base de nitrate d’ammonium, est potentielle ment à risque selon lui), suffisent à questionner à son sens le projet. Au-delà même du retrait des parcelles travaillées, ici, par plu sieurs exploitants, ainsi que par la ferme du lycée agricole de Dannemarie-sur-Crète. “Mais on va nous dire qu’il y a urgence à créer ses zones pour l’emploi” , remarque avec ironie François
nent un nécessaire aménage ment du territoire grand bison tin, qui a l’inconvénient “d’avoir très peu de friches” , rappelle Nico las Bodin. Le dynamisme du sec teur ouest bisontin et l’empla cement de cette zone (entourée d’autres entreprises et à proxi mité des grands axes), pèsent en sa faveur. “Il faut réussir à allier les champs sociaux, écolo giques et économiques. Chacun à sa juste place” , estime le vice président, qui juge les préoccu pations des agriculteurs “com préhensibles et importantes.” Des études complémentaires, après les explorations archéolo giques effectuées en septembre octobre, vont venir appuyer le dossier de la Z.A.E. saint-vitoise dans les prochains mois. Sur la partie assainissement, mais aussi géologique (vis-à-vis des dolines notamment), écologique (avec une réévaluation de l’im pact sur la faune et la flore) et enfin agricole, avec un diagnostic de la valeur agronomique des
sols. Pour l’heure, Grand Besançon Métropole n’a pas de maîtrise foncière, seules des discussions amiables ont été entamées avec les propriétaires. Ce qui constitue la seconde source d’agacement des exploitants sur place, qui dénoncent les “moyens cavaliers” de l’Agglomération, en dehors du fond du projet. “Rien n’est respecté. Les travaux explora toires sont réalisés avant même qu’un protocole de sortie n’ait été signé et alors qu’on est en cul ture” , s’offusque ainsi Éloi Petit, de la S.C.E.A. Vaccaires Saint Jean à Torpes, qui cultive près de 7 hectares sur la zone concer née. “Ils se rangent derrière un arrêté préfectoral qui les autorise à explorer.” Quant aux compen sations qui seront discutées, “ce n’est pas tant une question d’ar gent que de façon de faire” , résume Éloi Petit, qui dénonce les méthodes du chef de projet actuel. n S.G.
Les fouilles archéologiques, qui ont déjà eu lieu, concrétisent un peu plus la création de la zone.
PIREY
Transports en commun Quand le bus devient stressant pour les actifs Des actifs travaillant à Besançon et résidant dans les communes périurbaines comme Geneuille ou Pirey témoignent des difficultés pour se déplacer en trans ports en commun. En cause, un bus sur deux de la ligne 3 s’arrête à Temis, nœud de correspondances pour rejoindre huit communes du Grand Besançon.
Lepôle Témis, un des nœuds de corres pondances leplus important deG.B.M., voit défiler jusqu’à 600 bus et cars par jour.
2 0 minutes à vélo élec trique contre 45 minutes, voire une heure en bus. C’est bien là tout le paradoxe que dénonce Patrick* comme d’autres de ses collègues. Cet actif habi tant une commune périurbaine et travaillant à Besançon à proxi mité de la gare Viotte se rend sur son lieu de travail à vélo ou en bus les mauvais jours, le sta tionnement d’une voiture étant d’une part trop compliqué. Et d’autre part, il tente d’agir à son niveau pour limiter l’autosolisme. Sauf que prendre les transports en commun s’avère être tout sauf une balade de santé. Concrètement, Patrick doit pren dre la ligne 3 direction Témis pour ensuite attraper l’une des
huit correspondances pour ren trer dans sa commune du Grand Besançon. “Historiquement, 100 % de la L3 desservait le pôle Temis, qui est un des plus gros nœuds de correspondances avec les lignes périurbaines” ,explique Patrick. Or depuis 2021, un bus sur deux s’arrête au C.R.O.U.S. et repart au centre-ville afin d’améliorer les fréquences de passage sur une ligne en surca pacité. “Ça complique la donne, il y a deux fois moins de bus. Si celui qu’on a pris s’arrête au C.R.O.U.S., il faut prévoir de prendre un autre bus ou de mar cher. Or, les derniers départs des bus vers les communes périphé riques sont à 18 h 10 et 18 h 35. Pour les actifs, c’est un stress de rentrer chez soi. Il faut toujours
consulter l’application Ginko, prévoir un quart d’heure de marge de sécurité. Si on rate la dernière correspondance, on est bon pour payer le taxi ou faire une heure à pied. C’est juste dis suasif. Ça ne donne pas envie de prendre les transports en com mun. Il y a un gros décalage entre la réalité et les messages qu’on nous demande d’appliquer.” Pour le Grand Bisontin, les usa gers ne franchissent pas le cap des transports en commun, non pour une question d’argent, loin de là, mais de confort. Si l’idéal consisterait à mettre en place une troisième correspondance le soir à Temis, Patrick souhaite avant tout prendre la L3 plus sereinement. Quelque part se dessine en filigrane une problé
matique Besançon-communes périurbaines où les transports dans la ville intra-muros seraient privilégiés. “Ginko ne tient pas son engagement en fréquence, un bus toutes les cinq minutes. Au centre peut-être, mais pas en bout de ligne. Certains collègues ne se garent plus au parking relais de Témis mais plutôt vers le C.R.O.U.S. ou vers le stade Léo-Lagrange, ce qui permet de bénéficier de bonnes fréquences. La desserte prend moins en compte les communes périphé riques. J’ai l’impression que le raisonnement porte avant tout sur les lycéens, les étudiants en intra-muros. Or, si on peut faire basculer les gens de la voiture au bus, c’est avec les habitants
de réajuster les correspondances vers les communes périphé riques. “Il y a tout un enchaîne ment avec les entreprises de transport qui sont aussi confron tées au manque de conducteurs” , souligne Marie Zéhaf. Ceux qui conduisent les bus périurbains sont ensuite utilisés sur d’autres trajets. Décaler toute l’organi sation s’avère donc compliqué. L’élue invite les usagers qui ren contrent des problèmes à prendre contact avec la direction du transport afin de dégager une solution adaptée. Patrick, lui, n’espère plus grand chose. Il attend le printemps pour pouvoir enfourcher à nou veau son vélo. n L.P. *Prénom d’emprunt
des communes avoisinantes.” Marie Zéhaf, élue aux transports et aux mobilités à Grand Besan çon, justifie la décision d’arrêter un bus sur deux au C.R.O.U.S. par la surfréquentation de la ligne. “La L3 est à 120 % de sa capacité, elle peut accueillir jusqu’à 9 500 usagers par jour, on arrive à 12 000. Nous n’avons plus de solutions pour l’alléger. On travaille sur la prochaine D.S.P. (délégation de service public) pour voir si on peut réor ganiser cette ligne.” Quant à rajouter des bus ? Impossible pour des raisons matérielles, Ginko n’ayant pas de bus sup plémentaires. Alors que le pôle Témis voit passer près de 600 bus et cars par jour, il est difficile
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