La Presse Bisontine 251 - Mai 2023

20 LE DOSSIER

La Presse Bisontine n°251 - Mai 2023

Eau : l’hEurE dE la sobriété a sonné !

Alors qu’Emmanuel Macron a présenté il y a quelques semaines son plan Eau, visant à améliorer la gestion de l’eau à l’échelle nationale, la gestion de l’eau est devenue un axe stratégique des politiques publiques. Zoom sur la situation dans le Grand Besançon.

l Doubs L’état de la ressource en eau Vers une sécheresse estivale, la soif de solutions Début avril, 75 % des nappes phréatiques en France métropolitaine accusent un niveau bas, en dessous des normales mensuelles, alerte le Bureau de recherches géologiques et minières. Le risque de sécheresse cet été est avéré. Quelles solutions peuvent être mises en place pour anticiper cette situation et le manque probable d’eau sur le territoire ?

S ur la carte de France du Bureau de recherches géologiques et minières (B.R.G.M.), le Doubs apparaît en jaune. Significa tion : niveau modérément bas des nappes phréatiques. Une situation qui reste stable, sans baisse ni hausse. Et sauf épisodes pluvieux très intenses, les nappes ne vont pas se recharger suffisamment pour affronter l’été. “À partir d’avril, les épisodes de recharge devraient rester ponctuels et peu intenses, explique ainsi le B.R.G.M. La période de recharge 2022-2023 a été marquée par une succession d’épisodes de recharge et de périodes sèches. Les tendances se sont lentement inversées au cours de l’automne 2022. Ce constat s’explique par une faible infiltration des pluies en profondeur, du fait de sols très secs et d’une végétation active tar divement. En mars, le cumul de préci pitations a été excédentaire sur une grande partie du territoire. Les pluies ont d’abord permis d’humidifier les

est important de rester vigilant” ,alerte la Préfecture. Pour anticiper le manque d’eau à court terme - cet été - et à long terme, quelles solutions s’offrent aux collectivités et aux particuliers ? Deux actions simples et basiques mais souvent difficiles à mettre en place faute de volonté - poli tique ou individuelle - : économiser la ressource en eau en modifiant notre usage quotidien et faciliter la recharge des nappes. Sur ce dernier point, Fran çois Rollin, de l’Agence de l’eau, délégué régional à Besançon avance plusieurs exemples. “La désimperméabilisation des sols permet de renvoyer l’eau vers les zones humides et des espaces où elle peut s’infiltrer. On facilite aussi la recharge des sous-sols lorsqu’on restaure la morphologie des rivières. Auparavant, on avait beaucoup rectifié pour canaliser et favoriser l’évacuation de l’eau. Alors que si l’eau serpente entre les terres, elle s’infiltre mieux. Ce sont des solutions fondées sur la nature.” S’il constate que

sols secs puis ont permis à la végétation de sortir de sa dormance avant de réus sir à s’infiltrer en profondeur.” Pour anticiper un été qui risque de mettre à sec les ressources en eau du département, la Préfecture du Doubs a réuni fin mars un comité de ressource eneau. “Il apparaît qu’après un mois d’automne excédentaire en précipitation d’environ 10 %, le département du Doubs a connu une pluviométrie très déficitaire cet hiver. Le mois de février fut ainsi l’un des plus secs connus par

Le niveau du Doubs à Besançon est satisfaisant… pour le moment.

de plus en plus de projets vont dans le bon sens, il faut néanmoins accélérer le rythme car le changement climatique, qui lui accélère, pénalise aussi la recharge des nappes. “Comme il fait plus chaud globalement, le phénomène d’évapotranspiration s’accentue. Les végétaux absorbent plus d’eau qui est renvoyée dans l’atmosphère, en lieu et place du sous-sol.” Enfin, la seconde solution reste de moins puiser dans la ressource. Pour Emmanuel Macron qui a présenté son plan Eau fin mars, l’objectif d’ici 2030 est une économie d’eau de 10 % pour tous les secteurs. Le chef de l’État a ainsi insisté sur la mise en place d’une tarification progressive qui alourdirait la facture pour les plus gros consom

mateurs. Le syndicat intercommunal des eaux de la Haute-Loue, à qui revien nent la production et la distribution de l’eau potable pour 74 communes, reste réservé sur ce sujet. Depuis plu sieurs années, il s’attelle à la disparition de ses trois tranches de prix de l’eau, qui favorise ceux qui consomment le plus. En 2025, les abonnées du syndicat verront un prix du m 3 unique. Reste qu’il faut réussir à trouver - col lectivement - des solutions pour les gros consommateurs (agriculture, industrie, etc.). Toute une réflexion systémique doit s’engager. La question de l’or bleu et de sa préservation doit irriguer toutes les strates de la société, au risque sinon de tout assécher. n L.P.

le département avec un déficit de précipitations de 80 % par rapport à la normale saisonnière. Néanmoins, depuis mars, la pluviométrie est excé dentaire de plus de 35 % dans le département. Si les récentes pluies ont permis d’améliorer l’hu midité des sols et de rem plir les réserves d'eau, il

Des nappes phréatiques à unniveau modérément bas.

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