La Presse Bisontine 251 - Mai 2023
14 Besançon
La Presse Bisontine n°251 - Mai 2023
ENBREF
SOLIDARITÉS 22 % de pauvres à Besançon “Le grand sujet en ce moment est la précarité énergétique” Chaque année, le C.C.A.S. publie son analyse des besoins sociaux des Bisontins. Le document, dense et fourni, est la source qui irrigue la politique sociale du C.C.A.S. et les actions à mener. Sylvie Wanlin, vice-présidente du C.C.A.S., décrypte les données.
Courbet Le musée Courbet d’Ornans est le premier musée de Bourgogne Franche-Comté à s’équiper de Flâneuses pour améliorer le confort de visite de ses publics. Ces Flâneuses sont disponibles pour tous les publics sans distinction. À mi-chemin entre un fauteuil roulant et un déambulateur mais au design fonctionnalités ont été pensées pour améliorer l’expérience de visite et ainsi permettre de profiter pleinement des expositions. Dannemarie La rentrée 2023 du lycée agricole de Dannemarie-sur l’une des quatre écoles nationales vétérinaires françaises ou douze écoles d’ingénieurs. Renseignements au 03 81 58 61 41 Gennes L’école de musique du Plateau accueille les 29 et 30 avril Sophie Binet-Budelot, soliste internationale à l’alto, instrument très méconnu. Suite à la masterclasse, une restitution publique a lieu le samedi 29 avril à partir de 20 heures à la salle des fêtes de Gennes. Plus d’infos au 06 61 81 05 57. contemporain, elles ont différents usages. Leurs Crète sera marquée par l’ouverture d’un nouvel enseignement optionnel intitulé “Agro-Véto”, chaînon manquant pour construire un parcours vers
L a Presse Bisontine : L’analyse des besoins sociaux (A.B.S.) est un document qui doit obligatoirement être fait tous les cinq ans au moment du renouvellement du conseil municipal. La ville de Besançon a choisi d’en éditer un tous les ans. Pourquoi ? Sylvie Wanlin : Pour un meilleur suivi d’année en année, faire le bilan et l’évolution. C’est un travail important qui recense des don nées fiables et sécurisées. C’est une pho tographie démographique à un instant
T. Le C.C.A.S. conduit une politique basée sur l’A.B.S. qui répond à une feuille de route politique, le projet social de 2022 à 2026. Pour la première fois, l’axe 1 du projet est co-construit avec 150 associations d’aides sociales. On intervient auprès des publics prioritaires identifiés dans l’A.B.S. On adapte aussi nos urgences, cette année, c’est notamment la précarité énergétique et le logement senior. À chaque fois, on essaie de coller à l’actualité. Cela permet
également de faire un focus sur une action phare, en l’occurrence le sport en 2023. L.P.B. : Plusieurs thématiques sont abordées dans l’A.B.S., dont le logement, qui est la première dépense des Bisontins… S.W. : Le grand sujet en ce moment est la précarité énergétique. Une grande étude a été réalisée au sein du réseau de dis tribution alimentaire qui est une veille sociale prodigieuse. La majorité des habi tants est déjà aidée pour lutter contre l’inflation énergétique. Mais dès lors qu’il y a une augmentation quelque part, ils ne peuvent plus assurer leurs besoins essentiels. L’inflation et la précarité éner gétique augmentent le recours aux paniers alimentaires. En 2022, on a comptabilisé plus de 2 000 passages à l’aide alimen taire, soit 300 de plus que l’année d’avant. Nous avons aussi mené une action sur le local pour tous avec des paniers repas composés d’aliments bio ou issus du circuit court. Prochainement, nous allons créer un réseau d’alerte avec le Département, les
Le modèle économique des C.C.A.S. en danger Depuis 2021, la Ville octroie au C.C.A.S. une rallonge budgétaire de l’ordre d’1,5 % par an, soit environ 145 000 euros. Si les deux dernières années, cette somme était allouée à un projet précis - le Plan Jeune et l’aide alimentaire -, en 2023, cette aide, certes insuffisante, doit alléger les difficultés financières du C.C.A.S. “Nos dépenses sont en augmentation, et nos recettes ne bougent pas” , alerte Sylvie Wanlin. Car cette situation se reflète dans de nombreux C.C.A.S. de France. Sylvie Wanlin, avec sa casquette de présidente de l’Union départementale des C.C.A.S., va débuter un état des lieux avant d’en référer aux parlementaires locaux. “La situation en investissement est saine mais c’est le fonctionnement qui pose problème” , précise l’élue. Pour qui tout le modèle économique des C.C.A.S. est à revoir. n
bailleurs sociaux, les travailleurs sociaux, la Ville, l’association C.L.C.V. et E.D.F. Il vise à avoir une vigilance et une sen sibilisation des travailleurs sociaux et des bénévoles de l’aide alimentaire dans la détection de ces publics, de les accom pagner et les informer sur les aides dont ils peuvent disposer. L.P.B. : L’A.B.S. relève que le niveau de pauvreté s’établit à 22 % sur Besançon, avec un revenu mensuel médian de 1 658 euros, en dessous de
HISTOIRE
Politique Henri Régnier, itinéraire d’un patron devenu maire
Depuis 1945, la ville de Besançon n’a connu qu’un maire classé “à droite”. Jean-Claude Goudot, du collectif Histoire des Chaprais, ravive la mémoire d’Henri Régnier, qui a conduit sa société des Monts-Jura avant de conduire sa ville.
À cette époque, en 1947, les affaires politiques bisontines ne s’arrêtaient pas aux portes du Conseil municipal de Besan çon. Et pour cause, en pleine Guerre froide, les Bisontins et les Bisontines avaient de nombreuses préoccupations. C’est dans ce contexte historique chargé qu’Henri Bugnet, ancien maire de Besançon de 1936 à 1944, devenu mem
bre du nouveau parti gaulliste, le Ras semblement du Peuple Français, conduit une liste d’union avec les radicaux. Il obtient 13 sièges sur 35 et devance une liste de coalition entre le M.R.P. et les Indépendants qui compte 10 élus. La liste socialiste, avec comme tête de liste Jean Minjoz, maire sortant, n’obtient que 7 sièges et les communistes 5. L’abstention des élus M.R.P. et Indé pendants permet à Henri Bugnet d’être élu, d’une courte tête, maire de Besan çon. Sur sa liste, Henri Régnier, patron des Monts-Jura, membre du R.P.F., devient premier adjoint. Henri Bugnet meurt en 1950. Aussi Henri Régnier devient maire. Il va poursuivre cette politique d’administration de la ville en s’alliant avec des modérés de droite et de gauche. “C’était un patron, un stratège” détaille Jean-Claude Goudot, membre du collectif Histoire des Cha prais, en parlant du natif de Pierrefon taine-les-Varans. Un bâtisseur qui avait la réputation d’avoir fait construire des logements pour ses ouvriers des Monts Jura. Un chef d’entreprise qui connais sait les préoccupations de ses salariés, donc pensait saisir celles des Bisontins. Il pensait pouvoir faire ses preuves dans sa capacité à construire. “Henri Régnier fit un discours d’investiture
Jean-Claude Goudot, avec, enmains, un numéro du magazine Charge utile datant de 2009 qui retrace l’Histoire des Monts-Jura d’Henri Régnier.
municipalité et Jean Minjoz parvient à devenir maire aux élections munici pales de 1953, offrant 18 sièges à la gauche, contre 17 pour la droite. “Ilne perd que d’un siège et décide de rester dans l’opposition jusqu’à la fin de son mandat. Il devient alors président de la Chambre de commerce et d’industrie du Doubs de 1956 à 1965” conclut Jean Claude Goudot. Henri Régnier décédera le 30 juin 1969. Le 2 juillet, plusieurs milliers de Bisontins lui rendront hom mage lors de ses obsèques. n A.A.
trèsplat” poursuit Jean-Claude Goudot. “Ce n’était pas un tribun politique mais un chef d’entreprise clairvoyant.” Homme affable, ouvert, paternaliste, Henri Régnier était un vrai franc-com tois. Consensuel, “il ne s’opposait pas pour s’opposer” , à ses rivaux politiques. Très ouvert d’esprit, il avait déjà tous les codes des politiques comme on peut les connaître aujourd’hui. “Par exemple, il ne connaissait rien à la musique, mais il a vite compris qu’elle était importante pour sa ville. Résultat, il fut à l’origine, avec André Falque, du Festival de
musique créé à Besançon en 1951. Il participa aussi à la suppression du tramway, qui avait déjà du plomb dans l’aile depuis l’Occupation, et à son rem placement par l’autobus.” Passionné par le tourisme, le monde du spectacle et le sport, il a voulu déve lopper et promouvoir la ville en ce sens. Mais à cette époque, c’est surtout la crise du logement qui préoccupe les pouvoirs publics et les habitants. Henri Régnier, lui, ne s’en préoccupe guère. Résultat, son opposant Jean Minjoz et ses alliés critiquent copieusement la
Le jeune Henri Régnier, futur maire de Besançon.
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