La Presse Bisontine 250 - Avril 2023
Besançon 9
La Presse Bisontine n°250 - Avril 2023
GRETTE-BRÛLARD Défrichement La construction de nouveaux logements militaires passe mal Les travaux, entamés début février, sur un terrain militaire du Polygone du Génie (rue Gruey) irritent France Nature Environnement, qui, alertée trop tard, n’a pas pu déposer de recours contre le déboisement et la création d’une zone pavillonnaire.
S ituée non loin du centre logis tique de La Poste, avenue Cle menceau, la parcelle en question faisait office de petit bois. Déchargée de longue date de toute acti vité par l’Armée et gagnée au fil des ans par la végétation. Ce qui fait par ticulièrement bondir le président de France Nature Environnement (F.N.E.)
du Doubs, Gilles Benest. “Cette zone présentait un fort intérêt floristique et faunistique du fait d’un regain de nature. Nous sommes atterrés par ce défrichement, alors même que la Ville lance une concertation sur le projet urbain Grette-Brûlard-Polygone pour “un nouveau quartier conciliant nature, habitat et répondant aux défis du déve
loppement durable.” Choisir d’amputer cette partie, qui constituait une porte d’entrée et assu rait une continuité écologique sur le secteur, est un non-sens aux yeux de ce militant. “Cela handicape les efforts de la Ville et des associations de pro tection de la nature alors que l’État et l’Armée devraient montrer l’exemple.” L’incompréhension est d’autant plus grande pour Gilles Benest que “d’autres espaces déjà artificialisés sont dispo nibles à proximité.” L’Armée, qui est propriétaire de ce ter rain, prévoit en fait d’y construire une trentaine de bâtiments, soit 52 loge ments d’ici l’été 2025. “Ce projet immo bilier, mûri depuis quelque temps, vien drait répondre à un réel besoin localement, la garnison de Besançon faisant partie des trois plus grosses garnisons militaires de France” ,rappelle le capitaine Alice Chagneau, conseillère communication de l’Armée. “Ils s’ins crivent dans le projet national de créa tion de plusieurs milliers de logements supplémentaires au profit des familles de militaires” , précise l’institution. Et de préciser qu’une concertation étroite a bel et bien été menée avec la mairie
Gilles Benest regrette que ce projet, annoncé sousla précédente mandature municipale, n’ait pu être traité plus tôt faute de bénévoles suffisants.
de Besançon et la préfecture de Région, en lien et autour de ce projet urbain Grette-Brûlard-Polygone. Pour la section F.N.E. du Doubs, cela ne suffit pas. “Du peu qu’on voyait en se promenant autour, il y avait des rapaces, des chiroptères, des couleuvres vertes et jaunes, des hérissons… L’Armée avait bien d’autres possibilités, notam
Besançon (qui a accueilli les Assises nationales de la biodiversité en sep tembre dernier) peut-elle se montrer légitime après ça ?” Côté militaire, on se défend d’avoir contrevenu aux règles. “Les 18 derniers mois ont été consacrés à des études environnementales poussées sur cet espace : nature des sols, hydro logie, étude de la faune avec notamment la préservation des chiroptères, ou encore de la flore avec la conservation des arbres remarquables.” Reste, enfin, une question juridique pour Gilles Benest. “Le projet ne sera pas soumis aux obli gations d’un lotissement, alors qu’il en sera pourtant bien question ici, sous prétexte que la parcelle ne sera pas découpée en plusieurs morceaux. L’as pect juridique devrait être le même pour tout le monde.” n S.G.
ment sur son terrain en face : certes plus petit, mais qui aurait égale ment eu moins d’em prise au sol, avec de l’ha bitat vertical. On préfère au lieu de ça continuer à grignoter des espaces naturels” , se désole Gilles Benest. “Pour nous, ce projet est fait à l’envers. Comment
52 nouveaux logements prévus à l’été 2025.
La parcelle déboisée devrait accueillir du petit et
dugrand collectif.
INDUSTRIE
Des perspectives contrariées à l’export Une innovation bisontine retoquée par le Plan Biden
La société Camelin Décolletage Industries travaillait depuis plusieurs mois pour un fournisseur de General Motors, avant que le marché ne lui soit subitement retiré. Elle veut mettre à profit la technologie développée pour d’autres donneurs d’ordres.
L a production devait débu ter en juillet. Un simple coup de téléphone, reçu fin février, a fait tout bas culé, rompant avec des mois d’investissement. Le résultat d’une répercussion du plan Biden, lancé en 2022 par le pré sident américain pour reloca liser la production aux États Unis. “General Motors a reçu
Spécialisé dans le décolletage et l’usinage pour les équipe mentiers automobiles, le groupe Camelin travaillait depuis 8 mois, dans son usine bisontine, sur le développement d’une technologie innovante destinée à produire des raccords en T en inox, allant sur les rampes de refroidissement des véhicules électriques. “Nous avons déve loppé un process réunissant des savoir-faire présents dans l’usi nage et la reprise de frappe à froid, qui nous permet d’écono miser énormément de matières et d’être très compétitifs.” Cette innovation mondiale, ren due possible par l’association des compétences des entreprises de Camelin Décolletage et de Méca-Forging (Haute-Saône), avait même permis de damer le pion à des concurrents étran gers (chinois et indiens) sur ce marché. Aujourd’hui, elle se montre d’autant plus d’intérêt qu’elle reste unique et ouverte à d’autres applications que l’au
une aide de 59 millions de dol lars et rompu tous les contrats en Europe” , précise Christian Arnaud, P.D.G. de la société Camelin Décolletage Industries. Continental France qui portait le marché avec lui et qui était en train d’embaucher 100 per sonnes, se voit, lui aussi, contraint de changer de fusil d’épaule.
L’entreprise bisontine avait consenti un investissement de l’ordre de 500 000 euros, notamment en machines, pour cemarché.
être trouvées suite à la rupture soudaine de ce contrat, le P.D.G. a ainsi bon espoir quant à l’issue des investissements consentis (d’environ 500 000 euros en machines, outillages et R et D). “Cette technologie permet, sur de la production de pièces en grandes séries (de 100 000 à 5 millions), d’économiser jusqu’à 60 % de matière” , insiste-t-il. Ce genre de désillusion ferait, en outre, partie des aléas de l’industrie. Camelin Décolletage,
qui réalise 60 à 70 % de son acti vité à l’export, en a déjà fait l’ex périence. “Nous avions aussi perdu un gros marché avec le Dieselgate.” Sans mettre en péril l’entreprise, cette nouvelle déconvenue laisse malgré tout un goût amer à Christian Arnaud, qui lance à son tour un appel du pied au gouvernement français, l’invitant à prendre exemple sur son homologue américain. n S.G.
tomobile. “On se retrouve avec une capacité de production ins tallée sur cette nouvelle techno
L’usinede Besançon devait produire, en grande série, des raccords en inox pour les rampes de refroidissement des véhicules électriques de General Motors.
logie, qui pour rait intéresser d’autres équipe mentiers ou industriels” , souligne Chris tian Arnaud. En dehors des mesures de compensation qui pourront
Unprocess inédit de frappe et de reprise.
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