La Presse Bisontine 250 - Avril 2023

8 L’événement

La Presse Bisontine n°250 - Avril 2023

l Association Ils ne lâchent rien Les Jardins des Vaîtes au bout du combat C’est une des associations les plus mobilisées depuis le début contre le projet d’urbanisation du quartier. Leur souhait réitéré : conserver les terres en l’état pour une expérimentation à caractère social.

L es jardiniers avec leur petit lopin de terre, leur bêche et leurs bottes, contre la mairie, les pro moteurs et leurs bulldozers. Le combat de David contre Goliath, ou du pot de terre contre le pot de fer, c’est un scénario récurrent en matière d’urbanisme. Et pour l’instant à Besançon, c’est le pot de terre qui a remporté, sinon la guerre, du moins les premières batailles, avec cette récente déci sion du tribunal administratif. Les membres actifs de l’asso ciation Les Jardins des Vaîtes ne comptent pas en rester là et attendent désormais “l’abandon total du projet” tranchent Claire Arnoux et Marie Parreaux, co présidentes de l’association et riveraines du quartier qui confir ment être engagées dans “ce grand mouvement de défense des terres qui dépasse largement les frontières de Besançon et qu’on retrouve partout en France” , fières de compter autour d’elles entre 70 et 80 adhérents. L’association bisontine fait d’ail

Argumentaire Pourquoi ils ne veulent pas du projet revisité ?

Claire Arnoux et Marie Parreau sont bien décidées à défendre tous les lopins de terre des Vaîtes.

l Concernant les recommanda tions de la Conférence citoyenne sur les Vaîtes, aucun consensus n’avait émergé concernant l’ur banisation ou la non-urbanisation des Vaîtes. l La mairie avait fait le choix d’in visibiliser complètement le sce nario 1, choisi par 15 citoyens, de zéro artificialisation. l Il existe encore à Besançon de nombreuses friches disponibles avant d’artificialiser les Vaîtes. l La Ville de Besançon dit vouloir construire des immeubles à 5 étages, mais a aussi introduit une possibilité : le retour de la maison individuelle avec jardin, soit le type de logement le plus dévoreur d’espace. l La question des mobilités douces et du tram. Le tram ne doit pas servir uniquement à dynamiser le centre-ville. Il peut également per mettre aux habitants des quartiers hyper urbanisés de se rendre dans des îlots de fraîcheur, comme le quartier des Vaîtes. l La prise en compte du maraî chage et du jardinage : les citoyens à l’unanimité avaient demandé à conserver les jardins existants. Or le nouveau zonage proposé par la mairie détruit 3 zones de jardins, en zone 4, 5 et 6 bis.

l Si le nombre de logements a été divisé par deux selon les chif fres de la mairie, le nombre et les emplacements des parkings pré vus restent exactement les mêmes. l La question du groupe scolaire. La Conférence citoyenne deman dait que la priorité soit mise à la rénovation de l’école actuelle. Avec 500 à 600 logements, une école Tristan Bernard rénovée peut largement suffire. l La D.U.P. concerne 34 hectares pour un projet de quartier durable. La Z.A.C. est la première phase d’urbanisation de ce quartier dura ble. Elle concerne un zonage pré cis de 23 hectares et consiste en l’écoquartier proprement dit. Il y a donc 11 hectares de terres en D.U.P. hors Z.A.C., urbanisables dans un deuxième temps. l Le dernier rapport du G.I.E.C. avec une température de la pla nète qui devrait augmenter de 1,5 °C dès 2030, soit dix ans plus tôt que la précédente prévision. Même en limitant le réchauffement climatique, les catastrophes natu relles devraient se multiplier. “Et nous en sommes encore à dis cuter de la pertinence de bétonner jardins, terres maraîchères et espaces naturels en ville…” n

maisque “plus personne ne veut de ce projet. La Ville est en train de déployer des trésors d’argu mentations pour justifier l’in justifiable” commente Claire Arnoux. L’argument des dents creuses, elles le balaient d’un revers de main en estimant que “ce n’est parce qu’ils feraient les Vaîtes qu’ils ne continueraient pas à artificialiser les sols en périphérie. Preuve en est avec les 90 hectares que G.B.M. comp tent dédier aux futures zones d’activité” avance Claire Arnoux, elle-même jardinière aux Vaîtes, mais hors périmètre ciblé par le futur éco-quartier, sur un ter rain qui ne le lui appartient pas, comme à nombre d’autres jar

leurs partie de la plus vaste coalition des jardins populaires en lutte. Elles réfutent en même de “défendre un pré-carré au motif que nous sommes toutes les deux riveraines du quartier. Notre combat est beaucoup plus

diniers amateurs. “Nous faisons de l’autogestion spontanée, argue t-elle, et nous n’occupons pas ces terres de manière illégale, mais plutôt a-légale, dans le sens où aucune réglementation ne nous y en empêche” nuance la mili tante. Non seulement Les Jardins des Vaîtes s’opposent fermement à tout projet de construction, mais cette fois exige que la Ville, via Territoire 25 l’aménageur du projet, remette en état les lieux en “supprimant l’horrible tran chée qu’ils ont aménagée, qui coupe le site en deux et qui a massacré la nappe phréatique.” L’association militante voudrait que la Ville fasse des Vaîtes “un espace d’expérimentation sociale” pour une utilisation différente des terres et attend, espèrent ses membres actifs, que la justice ordonne désormais à la Ville le reclassement du périmètre retenu pour le projet de construc tion, en terres agricoles dans le Plan local d’urbanisme, déplo rant, au passage, que jamais Lorine Gagliolo, vice-présidente de G.B.M. en charge du déve loppement durable n’ait accepté de recevoir les Jardins des Vaîtes pour discuter. Entre l’association et la Ville, Anne Vignot en tête, le dialogue est au point mort. n J.-F.H.

large” notent les deux mili tants se reven diquant en même temps de “l’éco-fémi nisme.” Après la nou velle décision du T.A., l’asso ciation Jar dins des Vaîtes estime désor

“Nous n’occupons pas de manière illégale, mais a-légale.”

Préserver toutes les terres, c’est le seul objectif de l’association Jardins des Vaîtes.

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