La Presse Bisontine 250 - Avril 2023
22 Le dossier
La Presse Bisontine n°250 - Avril 2023
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“On est bien loin de l’imaginaire d’une justice laxiste” l Justice Le procureur de la République
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Le procureur de la République Étienne Manteaux commente l’évolution des chiffres de la délinquance dans notre département avec un fait marquant : les procédures en matière de trafics de stupéfiants.
par nature des I.R.A.S., ces fameuses infractions révélées par l’action des ser vices. Si on ne va pas chercher ces infra ctions liées aux stu péfiants, personne évi demment n’ira porter plainte. En général, les consommateurs n’iront jamais dénon cer une place de deal ! Ce dont on manque en matière de statis tiques liées aux stu péfiants, ce sont les données épidémiolo giques pour savoir si
Tout cela les aurait incités à augmenter la consommation de stupéfiants, mais il est difficile d’avoir des données pré cises sur ce point. L.P.B. : L’augmentation des affaires liées aux stupéfiants montre aussi que c’est devenu une priorité dans ce département ? É.M. : Les chiffres montrent en effet très bien la hausse des procédures. En 2018, rien que dans le quartier de Pla noise, on dénombrait 32 places de deal. Aujourd’hui, elles sont entre 8 et 14, dont 3 très actives. Et, les points presse que j’organise trop souvent le montrent, on assiste aussi à une forte augmen tation des règlements de compte sur fond de trafic. Après une baisse en 2021, ces faits ont repris de façon tra gique en 2022 à Besançon. L.P.B. : Un commentaire sur la délinquance routière ? É.M. : Avec 25 morts sur les routes du département en 2022, on est proche du chiffre le plus bas de 2020 (24 décès), et on est bien loin de la centaine de morts par an qu’on déplorait dans les années soixante-dix. Si les chiffres des décès ont bien baissé et c’est tant mieux, ce qui est très négatif, c’est la forte augmentation du nombre d’accidents corporels : + 25 % en 2022 par rapport à 2019. Il y a eu un réel relâchement sur la route avec, toujours en causes principales, la vitesse et l’alcool. L.P.B. : L’activité judiciaire a-t-elle sensiblement augmenté en 2022 ? É.M. : Énormément. En 2018, 300 per sonnes avaient été déférées au Parquet après une mesure de garde à vue. En 2022, ce nombre est monté à 750, soit 2,5 fois plus ! Ces chiffres traduisent très clairement la qualité du travail effectué dans ce département par la police et la gendarmerie qui élucident beaucoup plus d’affaires car celles-ci sont traitées de façon beaucoup plus diligente. Un autre facteur d’explica tion, c’est le nombre d’élucidations réa lisées en matière de stupéfiants. L.P.B. : Vous réfutez donc tout procès en laxisme ? É.M. : Au regard de ces chiffres, en effet, on est bien loin de l’imaginaire d’une justice laxiste qui laisserait tout le monde en liberté. À la maison d’arrêt de Besançon, on dénombre actuelle ment 420 détenus, alors que le nombre de cellules individuelles est de 220 seulement. On subit ici une surpopu lation carcérale très inquiétante. n Propos recueillis par J.-F.H.
L.P.B. : Comment faut-il analyser les chiffres concernant les atteintes aux personnes ? É.M. : De manière nuancée là encore. Les vols à la tire, à l’arraché, les vio lences crapuleuses sont en baisse dans notre département, mais ce qui aug mente justement dans cette catégorie des atteintes aux personnes, ce sont les violences intrafamiliales. Les hommes ne sont pas forcément plus violents qu’avant, mais toute la diffé rence, c’est que les femmes déposent beaucoup plus plainte et que les ser vices de police et de gendarmerie reçoi vent les femmes battues de manière beaucoup plus qualitative qu’avant. L.P.B. : Globalement, on ne peut donc pas parler d’une explosion de la délinquance dans notre département ? É.M. : L’évolution des chiffres ne traduit pas en effet une explosion de la délin quance. En revanche, ce qui explose, ce sont les procédures de trafics de stupéfiants parce que les trafics sont
L a Presse Bisontine : Les chiffres de la délinquance sont toujours délicats à manier et le public a parfois du mal à s’y fier. Comment les interpréter le plus justement ? Étienne Manteaux : C’est vrai, car il existe ce qu’on appelle les “chiffres gris” de la délinquance. C’est la différence entre le nombre de faits dénoncés et jugés, et les faits commis. Ces chiffres gris, en matière de cambriolages par exem ple, sont très faibles parce qu’un cam briolage, pour être reconnu et comp tabilisé doit faire systématiquement l’objet d’un dépôt de plainte. Pour d’au tres faits, comme les violences conju gales par exemple, ces chiffres gris sont sans doute plus élevés que les chiffres recensés. L.P.B. : Ces violences conjugales et plus lar gement intrafamiliales ont augmenté de plus
de 43 %. Comment l’expliquez-vous ? É.M. : La société d’aujourd’hui n’est plus la même que celle d’il y a 25 ans et sans doute que la libération de la parole explique, en partie, l’explosion du nombre de faits. L.P.B. : Les cambriolages, eux, sont en baisse de 30 %, alors que le senti ment d’insécurité semble être au plus haut ? “Ce qui explose,
“On subit une surpopulation carcérale très inquiétante.”
É.M. : C’est un bon exem ple du ressenti d’une bonne partie de la popu lation qui est intime ment convaincue que la délinquance explose, ou même qu’on cacherait les vrais chiffres ! La baisse sensible des cam briolages est pourtant une réalité.
ce sont les procédures de trafics de stupéfiants.”
on assiste vraiment à une augmenta tion de la consommation. On dit que les jeunes ont subi plusieurs types de souffrance avec le confinement, l’an goisse du réchauffement climatique ou d’une société qui fait moins rêver.
Le procureur de la République Étienne Manteaux estime que la police et la gendarmerie traitent les affaires “de façon plus dili gente qu’avant” dit-il.
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