La Presse Bisontine 250 - Avril 2023
Le dossier 21
La Presse Bisontine n°250 - Avril 2023
l Association Violences intrafamiliales Près de 300 victimes ont fait appel à Solidarité Femmes en 2022 Depuis la mise en place du Grenelle des violences conjugales en 2019, l’association Solidarité Femmes constate de réels efforts dans la prise en charge globale des victimes. En 2022, 302 personnes ont fait appel à l’association, un chiffre qui reste stable.
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S i les forces de l’ordre ont observé une hausse des faits de vio lences intrafamiliales constatés (de l’ordre de 43 % en 2022 par rapport à 2021), l’association Solidarité Femmes observe des chiffres de prise en charge stables depuis plusieurs années. Preuve s’il en est que la parole des victimes se libère. Mais aussi que la chaîne de prise en charge a fait l’objet de réels efforts. “On l’observe depuis le Grenelle des violences conjugales mis en place en 2019, souligne Éva Bronnenkant, coprésidente de Solida
T.A.C. (tableau accueil confidentialité) au commissariat permet une prise en charge plus rapide et discrète. “Laper sonne qui vient pour des violences conju gales ou sexuelles a juste à poser la main sur une pastille à l’accueil. Elle est ensuite amenée dans une autre pièce. Cela lui évite de tout dire à haute voix devant tout le monde” , reprend Éva. Les policiers peuvent également utiliser un référentiel pour questionner les vic times, leur donnant ainsi des repères et des points saillants. “Depuis le plan départemental du Gre nelle en 2020, les maillons de la chaîne se sont resserrés mais on aimerait que ça se passe sur tout le territoire. Et si le recueil des plaintes s’est amélioré, il reste du travail sur le traitement des dossiers, les délais, etc.” Un nouveau plan sur 2022- 2024 vient d’être signé, qui poursuit les objectifs du précédent tout en mettant l’accent sur la préven tion et l’éducation ainsi que la prise en charge des auteurs de violences. En 2022, 302 personnes dont quelques hommes ont sollicité un premier entre tien avec Solidarité Femmes. La moitié a souhaité bénéficier d’un accompa gnement dans la durée. L’association compte 33 places en C.H.R.S. (centre hébergement et réinsertion sociale) ainsi que d’un accueil de jour. “C’est un lieu d’écoute et d’orientation, les vic times peuvent parler de leur histoire,
rité Femmes. Il y a une volonté de mettre autour de la table tous les acteurs concernés par les violences intrafami liales.” L’association a pour sa part mis en place une permanence au C.H.U. où les victimes peuvent directement dépo ser plainte. “Les forces de l’ordre se déplacent et les victimes savent qu’elles peuvent venir au C.H.U. Sur Besançon, les choses ont bougé” , poursuit la copré sidente. Ainsi, un référent sur les vio lences intrafamiliales est présent au sein de la police. De même, le dispositif
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Éva Bronnenkant, coprésidente de Solidarité Femmes à Besançon, constate les efforts menés depuis 2020 dans la prise en charge des victimes.
Pour continuer à mener à bien leur accompagnement, Solidarité Femmes recherche des mécènes. Elle lance donc un appel aux entreprises qui souhai teraient la soutenir financièrement. En contrepartie, l’association propose d’intervenir auprès des salariés dans des ateliers de sensibilisation. n L.P. Plateforme téléphonique d’écoute pour les victimes de violences : 39 19 ou solidaritefemmes25.org
prendre conscience de ce qu’elles vivent” , explique Éva. L’association compte 13 salariés dont des travailleurs sociaux et une psychologue. La vingtaine de bénévoles propose quant à elle des acti vités. “Le travail sur l’estime de soi est énorme. Avec les activités, les victimes se rencontrent, rompent l’isolement, se rendent compte que des schémas de violence se répètent. Elles reprennent leur vie en main. Dans le cas de violence, l’emprise est telle que c’est un assujet tissement de l’identité” , précise la copré sidente.
l Violences intrafamiliales Prise en charge des auteurs “De plus en plus de volontaires suivis, ce qui est bon signe” Depuis quatre ans, le foyer Altérité géré par l’A.D.D.S.E.A.-Sauvegarde B.F.C., accueille des auteurs de violences intrafamiliales sous contrôle judiciaire ou condamnés. Mais également des volontaires depuis le Grenelle des violences conjugales. Sébastien Girin, directeur adjoint du secteur hébergement et logement de l’association, constate une hausse de ces volontaires.
Sébastien Girin est directeur adjoint du secteur hébergement et logement de l’A.D.D.S.E.A.-
Sauvegarde B.F.C. et gère entre autres Altérité.
L a Presse Bisontine : Le foyer Altérité a vu le jour en 2019. Quatre ans plus tard, quel bilan peut-on en tirer ? Sébastien Girin : Dans le Doubs, nous avons 21 places d’hébergements, 15 à Besançon dans des appartements diffus et 6 à Montbéliard. En 2022, nous avons accueilli 52 personnes, 42 sont sorties et 6 ont été incarcérées. Sur les 42, 10 sont repartis au domicile avec accord de la victime. Il est encore trop tôt pour calculer s’il y a eu récidive, il faut au moins 5 ans. Mais si ça ne marchait pas, je ne mettrais pas autant d’énergie. L.P.B. : Altérité accueille des auteurs de violences sous contrôle judiciaire, ou condamnés en aménagement de peine. Et depuis le Grenelle des violences conjugales, suivent également des volontaires… Pourquoi ? S.G. : La grosse nouveauté du Grenelle est le financement d’un suivi pour des volontaires. D’une part, les personnes
qui ne sont plus ou pas sous contrôle judiciaire ou en aménagement de peine continuent souvent leur parcours à Altérité pour éviter la rupture de soins. Ensuite, en plus des 41 places de contraintes judiciaires sur la Franche Comté, nous avons une file active de 50 personnes volontaires sans héber gement pour un suivi par le C.P.C.A.* (centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales en Franche Comté dont fait partie l’A.D.D.S.E.A.- Altérité, N.D.L.R.). Souvent, les volon taires sont orientés par leur médecin généraliste, leurs conjointes, une assis tante sociale, etc. Ce sont des auteurs qui sont passés à l’acte, ils se rendent compte de leur violence et ont le souhait de se faire soigner. En 2020, une pla teforme nationale d’écoute** pour les auteurs est créée. En 2023, de plus en plus de volontaires ont été orientés à Altérité, ce qui est bon signe. L’idée est
de venir le plus en amont possible. Car il ne faut pas oublier qu’un tiers des auteurs ont été confrontés à des vio lences intrafamiliales dans leur enfance. L.P.B. : Concrètement, quand et comment un auteur intègre la structure ? S.G. : Le critère premier est la protection des victimes. Altérité est un outil au service de la justice et des victimes. Il y a trois moyens d’intégrer le dispositif : le contrôle judiciaire, l’aménagement de peine et le volontariat. Lorsqu’un auteur de violences est en garde à vue, le parquet évolue s’il a un profil Altérité. Il faut qu’il ne soit pas dans le déni des faits, que ce soit des premiers faits de violences avec une I.T.T. inférieure à 8 jours. Ensuite, au moment du défèrement, selon les pré conisations du parquet, un juge de la détention et des libertés décide du pla cement à Altérité, soit un contrôle judi
ciaire avec un parcours de soins. Altérité est une contrainte mais surtout un accompagnement psycho-social. Ceux qui sont condamnés peuvent bénéficier d’un aménagement de peine à Altérité. L.P.B. : Comment cette idée est-elle née ? S.G. : L’A.D.D.S.E.A.-Sauvegarde B.F.C. possède des places d’hébergement en urgence pour les femmes victimes de violences conjugales. En 2016, on com mence à s’interroger sur ce dispositif de protection car pour ces femmes, c’est la double peine : elles subissent des violences et elles doivent en plus quitter le domicile. En 2018, l’A.D.D.S.E.A. rencontre le Parquet et on décide de changer de paradigme pour lutter contre les violences et contre la récidive. Il existait très peu de structures sur l’évic tion du conjoint violent. Le 25 novembre
2019, Édouard Philippe (alors premier ministre, N.D.L.R.) annonçait la création des 18 premiers centres. Ouvrant une nouvelle politique publique de prise en charge des auteurs de violences. n Propos recueillis par L.P. *Le centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales regroupe Altérité-A.D.D.S.E.A. sur le Doubs, l’A.H.S.S.E.A.-Auviv en Haute-Saône, l’association Saint Michel-le-Haut dans le Jura et l’Ar mée du Salut dans le Territoire de Belfort. Il compte en tout 41 places de contraintes judiciaires. **Plateforme nationale d’écoute des auteurs de violences conjugales 08 019 019 11
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