La Presse Bisontine 249 - Mars 2023
Besançon 11
La Presse Bisontine n°249 - Mars 2023
SOLIDARITÉ
Association L’appel de S.O.S. Amitié aux bénévoles
À Besançon, l’association S.O.S. Amitié regroupe une quarantaine d’écoutants et répond à un appel sur 5 sur les 8 000 que reçoit la plateforme nationale. Pour faire face aux appels de plus en plus nombreux, l’association recrute de nouveaux bénévoles. Clara* et Marion*, deux écoutantes bisontines, ont accepté de partager leur expérience. D’ ordinaire, ce sont elles qui écoutent. Patiem ment, avec humanité et empathie, sans jugement. Aujourd’hui, elles ont la parole pour partager leur expérience et donner envie à d’autres de devenir écoutants. Pour récolter des fonds, l'association organise des foires aux livres, au printemps et en automne. La prochaine a lieu du 17 au 19 mars au gymnase Fontaine Écu. Il est possible d’y déposer et acheter des livres d’occasion, des C.D. et des D.V.D. Le point de collecte se fait à l’entrée ou par téléphone au 07 83 15 44 46. Vendredi 17 mars de 15 h à 19 h, samedi 18 mars de 10h à 19h, dimanche 19 mars de 10h à 17h Gymnase Fontaine Écu, 28 rue Fontaine-Écu. n La foire aux livres du 17 au 19 mars
Marion*, écoutante à S.O.S. Amitié depuis dix ans “Il faut que la personne sente qu’elle est écoutée”
Clara*, écoutante depuis deux ans “Devenir écoutante, ça m’a transformée”
peut pas solutionner leurs problèmes. Reconnaître notre propre impuissance demande beaucoup d’humi lité. Mais parfois, je ressors d’un appel revigorée grâce à la qualité de l’échange, très riche. On se sent plus vivant. Il y a beaucoup de gratitude, de remerciements. Certains rappellent juste pour dire merci. C’est gratifiant. Il y a une utilité sur cette ligne.” n L.P. *prénoms d’emprunt
tre mois. La théorie s’appuie sur l’école Carl Rogers, la communication non-violente, l’écoute centrée sur la per sonne. Puis en pratique, nous faisons la double écoute, avec une écoutante. Devenir écoutante, ça m’a transformée, je n’ai plus le même rapport aux autres et aux discussions, à l’écoute. Parfois, on a l’impression d’avoir raté l’appel, on n’a pas su se mettre à sa portée. On peut aider mais on ne
“Il faut avoir une disposition intérieure, il faut arriver à faire une connexion à dis tance avec l’autre, avoir une présence non invasive. On peut faire un guidage subtil sans jamais être dans l’in jonction. Quand on décroche le téléphone, on ne sait jamais qui est derrière. Très vite, j’ai été bluffée par le panorama que ça m’a permis d’avoir sur la France. J’ai longtemps vécu dans un milieu relativement clos et privilégié. J’ai vu une annonce à la télévision qui relayait le besoin de béné voles de S.O.S. Amitié. Je me suis immédiatement inter rogée, j’ai demandé à mes proches : est-ce que je peux correspondre ? Est-ce que je suis assez solide pour affron ter tout ça ? Après une lettre de candidature, il y a un entretien avec un psychiatre. Cet échange m’a permis de me conforter dans mon envie d’être bénévole. J’ai ensuite suivi une formation de qua
richesse énorme ! J’ai décou vert des milieux que je n’avais jamais côtoyés, notamment la santé mentale. Nous avons pas mal d’appels de certaines personnes qui ne sont pas sui vies. Il nous arrive d’avoir des appels de suicidaires (qui ont des idées suicidaires, ndlr) ou des suicidants (qui sont en cours ou ont en projet, ndlr). Mais ce n’est pas la majorité des appels. C’est plus la soli tude, des crises d’angoisse, des problèmes psychiatriques. Les personnes ont un besoin d’être rassurées. En dix ans, ça arrive de temps en temps qu’on ait besoin de pauses. Et une fois par mois, on partage avec un psycho logue ce qu’on a vécu. On peut aussi l’appeler après un appel difficile pour un débrief émo tionnel. Être écoutante m’a amenée à être tolérante à toutes sortes de discours en laissant parler les gens.” n
”Au départ, je pensais qu’être écoutante, c’était apporter des conseils. Ce n’est pas du tout ça. C’est écouter, laisser la parole libre, ne pas influer. Parfois, ce sont des silences, des pleurs, des cris. Il faut attendre que la parole arrive. C’est la première chose que j’ai apprise. J’ai toujours été sensible à la solitude. À la dif férence des autres associations, nous ne sommes pas directe ment en face des personnes qu’on écoute. Le téléphone, c’est une voix. C'est anonyme, et c’est utile des deux côtés. Il faut rappeler que c’est gratuit. C’est rassurant de parler à une voix humaine, sans juge ment. Il faut que la personne sente qu’elle est écoutée, qu’elle peut dire tout ce qu’elle veut. Même si parfois, c’est difficile pour soi-même, il y a des choses qui nous révoltent. Par fois, on nous injurie, il y a un côté défouloir. Mais c’est une
L’association cherchede nouveaux bénévoles pour devenir écoutant.
Le n° national, gratuit et anonyme : 09 72 39 40 50 Pour devenir bénévoles :
recrutement@besancon.sosamitie.org ou association@besancon.sosamitie.org
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