La Presse Bisontine 247 - Janvier 2023

L’interview du mois 5

La Presse Bisontine n°247 - Janvier 2023

Zoom Un bilan

l’adaptation, il faudra également réduire nos émissions. On sait qu’il reste 1 000 milliards de tonnes de carbone sous forme de charbon, pétrole et gaz. On en consomme 10 milliards de tonnes tous les dix ans. il faut ralentir le réchauffement autant que possible et surtout gagner du temps en limitant nos émissions. Si la hausse des tempé ratures de 2,7 °C prévue vers 2 100 se produit en 2150, on aura gagné 50 ans. L.P.B. : Cela sous-entend de changer notre façon de vivre ? Y.F. : Oui car il faut désormais penser non pas à ce qui va arriver demain mais dans cinquante ans. Penser à nos enfants, nos petits-enfants et, au niveau sociétal, essayer d’aider à la diffusion d’une cer taine idée de la politique. C’est important d’être pragmatique, d’aborder le problème sans a priori idéologique qui n’ont rien à faire avec la science. Je pense au nucléaire. On n’a plus le temps de s’en passer. On va devoir composer avec toutes les sources d’énergie possibles, le nucléaire mais aussi le solaire, l’éolien… L.P.B. : Que pensez-vous de l’intérêt des C.O.P. ? Y.F. : S’il n’y avait pas eu de C.O.P., on n’en serait pas là. Elles ont eu pour effet de sensibiliser l’opinion des pays déve “On a mangé notre pain blanc.”

semblent bien plus préoccupants. Sans oublier l’impact de l’anthropocène sur la biodiversité. Au final, on se retrouve avec deux problèmes majeurs à gérer, à savoir le climat et l’effondrement de la biodiversité. On peut en ajouter un troi sième avec le fait qu’on va manquer d’énergie. Les réserves de pétrole, gaz, charbon seront épuisées dans 100 ans et encore il faudrait, pour ce faire, ralentir la consommation. D’autant plus qu’on ne sait pas exploiter 100 % d’un gisement car cela coûterait plus cher que ça rap porte en dollars et en énergie. On va donc arriver à une crise énergétique avant la fin du siècle. Il faudra faire avec et on peut aussi espérer de nouvelles découvertes même si la fin du siècle est trop proche pour espérer mettre au point une solution énergétique qui réponde aux besoins. L.P.B. : Que faire alors ? Y.F. : Tout n’est pas foutu. Il y a deux

loppés sur la réalité du problème. Grâce aux C.O.P., on a popularisé quelque chose. Il y a quand même des tentatives, des recherches d’accords qui engagent les gouvernements, les États. Sans ces confé rences des parties, je pense que les émis sions auraient été supérieures. On sait que c’est insuffisant mais l’injustice cli matique est quand même prise en compte. Les C.O.P. ont permis d’engager les pays développés sur une somme de 100 milliards d’euros à l’horizon 2020 en faveur des pays non développés. On est arrivé à 83 milliards, c’est mieux que rien même si cela ne va pas assez vite. L.P.B. : Êtes-vous vigilant à réduire vous aussi vos émissions ? Y.F. : Je fais attention mais pas assez. Je me bats depuis 50 ans pour sensibiliser la société sur les enjeux climatiques et il m’arrive parfois d’être dans la contra diction sans y être pour autant en per manence. J’ai isolé la maison, je fais attention à la température, je privilégie le vélo dans la mesure du possible. J’es saie d’être cohérent. Il faut tenter de ne pas gaspiller et se poser la question : est-ce vraiment nécessaire, indispensa ble ? L’approche individuelle est tout à fait insuffisante, l’essentiel des efforts doit concerner l’industrie et les États. L.P.B. : On arrive au bout d’un modèle ? Y.F. : Oui, on a mangé notre pain blanc mais ce n’est pas foutu. Il y a encore une porte de sortie si l’on s’y met tous ensem ble, à tous les niveaux. n Propos recueillis par F.C.

l’équateur et les pôles où l’on mesure des augmentations de températures de 0,7 °C par décennie. Conséquences, le jet-stream fait des méandres plus au sud à l’origine des gouttes froides ou à l’inverse il monte plus au nord en favo risant les remontées d’air chaud et les dômes de chaleur qui sont apparus quatre fois au cours de l’été dernier. Voilà les deux raisons principales. L.P.B. : Si on essaie de se projeter, que peut-il arriver ? Y.F. : Tout va dépendre des émissions de gaz à effet de serre en sachant que la part du CO2 représente les deux tiers. Le reste est dû aux changements d’usage des sols avec l’artificialisation, la défo restation…D’où le rôle de la C.O.P. pour essayer de ralentir le processus. Il n’y a plus guère d’espoir de se limiter à une hausse d’1,5 °C même si théoriquement c’est encore possible sous réserve de stopper toute émission immédiatement. Une utopie quand on sait qu’en 2021 les émissions de gaz à effet de serre ont dépassé de 2 % celles d’avant Covid. Certes, il y a une amélioration mais on ne parvient pas à respecter les engage ments de la C.O.P. 21 et les choses empi rent avec la guerre en Ukraine. L.P.B. : Le tableau est sombre… Y.F. : On a devant nous un obstacle très important. On sait ce qui va se passer dans les décennies à venir. On tire le signal d’alarme. Pour autant on continue à se faire la guerre ici ou là sans trop se soucier des enjeux climatiques qui me

mitigé pour la C.O.P. 27 La C.O.P. 27 s’est conclue le 20 novem bre en Égypte. Les pays développés ont finalement accepté de créer un fond dédié aux pays “particulièrement vulnérables” abondé par des sources de nouvelles ressources, permettant d’entrevoir l’élargissement du cercle des pays donateurs aux secteurs aérien et maritime ainsi que les entreprises du secteur des énergies fossiles en les taxant. Sa mise en œuvre opéra tionnelle est prévue pour 2024, et sera préparée par un groupe d’experts com posé à majorité de représentants des pays en développement. Concernant les perspectives de réchauffement climatique, cette C.O.P. a juste permis de maintenir l’objectif de réchauffement à + 1,5 °C en rap pelant les objectifs de l’accord de Paris pour viser 43%de réduction des émis sions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Alors que cet objectif avait déjà été jugé comme intenable…La C.O.P. 28 aura lieu à Dubaï en 2023. n

choses à faire. Essayer de s’adapter au réchauf fement et aider les autres à s’adapter. Même si je suis toujours inquiet de l’évolution des choses sur le plan géopolitique. On sait qu’il y aura de plus en plus de problèmes de sécurité liés à l’insécu rité climatique : les sécheresses à répétition, les mouvements de population… Avec

“Il faut penser à nos enfants,

nos petits enfants.”

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