La Presse Bisontine 246 - Décembre 2022

24 Le dossier

La Presse Bisontine n°246 - Décembre 2022

l Collectivités Grand Besançon Métropole 90 emplois non pourvus à G.B.M. La fonction publique territoriale

Trois questions à… Jacques Desoche “On va devoir fermer des services !” Responsable du syndicat C.F.T.C. à la Ville et à G.B.M., Jacques Desoche ne cache pas ses inquié tudes concernant la pérennité de certains services.

avec sa garantie de l’emploi ne fait plus rêver. Malgré les efforts déployés, G.B.M. peine toujours à recruter. Certains services seraient en danger de disparition selon les syndicats.

L a Presse Bisontine : La situa tion de l’emploi à G.B.M. vous inquiète-t-elle ? Jacques Desoche : Oui, la situa tion est vraiment inquiétante. Je prends le seul exemple de l’atelier mécanique. Normale ment, on devrait avoir 10méca niciens poids lourds. Actuelle ment, ils sont 4… La collectivité n’est plus en capa cité de réparer ses balayeuses, ses bennes, si bien que G.B.M. a confié cet entretien à des sous-traitants. Comment envi sager de revenir en arrière ? En d’autres termes, ces ser vices-là risquent d’être voués à disparaître à moyen terme. Les jeunes recrues ne veulent plus rester. Il y a tellement de camions à réparer à l’intérieur des ateliers que les mécani ciens les réparent dehors. On va devoir fermer des services et même la présidente de G.B.M. en est consciente. L’ex ternalisation de certains ser vices n’est que la transition vers une fermeture. L.P.B. : D’autres motifs d’inquié tudes ? J.D. : Rien que le service eau et assainissement cherche une

trentaine de personnes. Le résultat, c’est que les travaux dans les communes prennent énormément de retard. Le ser vice informatique est aussi dans une situation qu’on peut qualifier de critique, sans par ler du périscolaire. Cette situa tion fait que la collectivité n’as sume plus correctement ses missions de service public. On assiste au délitement de la fonction publique territoriale. L.P.B. : Les difficultés de recrutement sont liées à une question de rému nération ? J.D. : Notamment. Des techni ciens avec un B.T.S. qui gagnent 1 400 euros par mois, ce n’est pas normal. Raison pour laquelle pour de nom breux agents, la prime de fin d’année est vitale. Il y a dans cette collectivité un vrai manque de reconnaissance des compétences et des diplômes. Seulement, si la collectivité se met à augmenter les rémuné rations sur les métiers en ten sion, elle devra augmenter tout le monde. Et dans le contexte actuel des finances publiques, elle ne peut pas l’envisager. n Propos recueillis par J.-F.H.

S ur les 1 437 postes ouverts au sein de Grand Besançon Métropole, 90 emplois restent non pourvus. “Il y a de réelles opportunités à saisir actuellement” confirme Gabriel Baulieu, le premier vice président de la collectivité, en charge des ressources humaines. Sous-entendant que la situation de l’emploi a rarement été aussi tendue au sein de la collectivité. Les trois collectivités locales (Ville de Besançon, C.C.A.S. et G.B.M.) gérées par le même ser vice R.H. recrutent pourtant chaque année plus de 340 agents en moyenne pour remplacer les départs, mais c’est encore très insuffisant pour compenser la pénurie. “De longue date, certains postes sont difficiles à pourvoir, en raison d’une pénurie générale

ble ? Sans doute, reconnaît la collectivité, “peut-être aussi une méconnaissance des avantages offerts par la collectivité” pour suit le vice-président qui ne peut que constater que “les difficultés de recrutement se sont largement accrues ces dernières années : elles concernent désormais de nombreux métiers. Parallèle ment, le nombre de départs en disponibilité s’accroît sensible ment. Cette situation peut, dans certains cas, aller jusqu’à rendre difficile la continuité du service public” reconnaît-il. Parmi les 56 annonces mises en ligne la semaine dernière par la collectivité, on trouve des postes aussi divers que techni cien dessinateur en bâtiments, ingénieur système informatique, chef de projet num@airie, chef du service études et application. “Le service informatique est un des gros points noirs” note la collectivité. La situation dans le service eau et assainissement est tout aussi critique. G.B.M. cherche notam ment un chef de secteur pilotage des ouvrages enterrés en assai nissement, un agent de pilotage des stations eaux usées, un chef d’équipe maintenance de sta tions, traitement des eaux, un cadre expert en gestion patri moniale des réseaux eaux assai nissement. La direction Écono mie Emploi Enseignement Supérieur et Commerce connaît aussi une pénurie et recherche désespérément un chef de projet aménagement urbain, un chargé

de personnel qualifié, de la concurrence avec le secteur privé ou avec d’autres collec tivités, mais il faut reconnaître que générale ment, nos offres d’emploi susci tent, en moyenne, relati vement peu de candidatures” ajoute M. Bau lieu. Une ques tion de grille indiciaire sala riale trop fai

La situation est critique au service informatique, notamment.

Gabriel Baulieu, l’élu en charge des ressources humaines à G.B.M. : “Nous n’avons jamais eu autant de postes à pourvoir.”

lement de bras : la direction du Parc automobile avec des annonces pour un contrôleur technique des équipements embarqués pour le Parc auto mobile, des mécaniciens (sur ce poste l’annonce est permanente) ou encore un agent d’entretien. À tel point que les syndicats craignent la fermeture du ser vice (voir plus bas). Même topo pour le département Urbanisme (G.B.M. gère désor mais l’instruction des permis de construire pour de nom breuses communes) qui manque d’un instructeur droit des sols. Même la direction Administra tion générale recrute, actuelle ment un cadre expert en gestion des assemblées. Gabriel Baulieu tente bien de mettre en avant les avantages liés à la fonction d’agent terri torial : “Les agents recrutés peu vent bénéficier d’un espace d’évo lution professionnelle au sein de nos trois collectivités, de nom breuses possibilités de dévelop pement des compétences (offre de formations, accompagnement au parcours professionnel…), d’un travail dans une collectivité dynamique, d’une attention por tée à la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, de la valorisation de la prise de responsabilités, via l’avancement

de mission enseignement supé rieur, recherche et vie étudiante, ou encore un chargé de mission commerce. Les besoins courent même jusqu’au Conservatoire à rayonnement régional qui cherche actuellement un pia niste accompagnateur. Autre service qui manque cruel

Jacques Desoche, délégué syndical, estime que la collectivité n’assume plus correctement ses missions de service public.

sibilité d’intégrer les emplois permanents de la collectivité en bénéficiant d’un contrat de 3 ans reconductible, aboutissant à un contrat à durée indétermi née après 6 ans” ajoute Gabriel Baulieu. La fonction publique territoriale n’est pas épargnée par les crises de vocations. L’élu constate impuissant : “Il y a encore quelques années, il fallait que le candidat sache démontrer que c’était lui le plus adapté au poste. Aujourd’hui, c’est à la col lectivité de tenter de séduire les candidats…” n J.-F.H.

et le régime indemnitaire, des avantages sociaux accordés au personnel (C.O.S. service social, prise en charge des abonnements de transport en commun à 70 % et prochainement à 75 %), et d’un 13 ème mois et d’un régime indemnitaire permettant que la rémunération minimale pour un agent à temps complet soit supérieure de 18 % au niveau du S.M.I.C.” ,mais tous ces argu ments ne semblent plus porter. Malgré les plans de communi cation déployés, dans la presse ou via les outils numériques. Et des nouveautés comme “la pos

La banderole posée sur le Centre technique municipal avenue Clemenceau est une des tentatives presque désespérées de la collectivité pour recruter.

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