La Presse Bisontine 241 - Juillet 2022

28 Le Grand Besançon

La Presse Bisontine n°241 - Juillet 2022

DAMMARTIN-LES-TEMPLIERS Un commerce inspiré de ce qui se fait en Suisse La Chèvrerie d’Aude, un petit magasin atypique

Installée depuis 2014 à Dammartin-les-Templiers, Aude Chognard franchit un nouveau cap en ouvrant un magasin libre-service. Un commerce à la ferme, atypique, qui fonctionne sur la confiance en le client.

Aude Chognard dans son petit magasin ouvert 7 jours sur 7 de 8 heures à 20 heures en libre-service. Elle n’assure pas de permanence, mais elle n’est jamais très loin.

A ude Chognard vient d’ouvrir un petit magasin à Dammar tin-les-Templiers, rue de l’Église. Un commerce à la ferme, dont l’entrée se trouve juste à côté de celle de la chèvrerie où la pay sanne élève une cinquantaine de bêtes. Actuellement, ses chèvres lui donnent chaque jour 80 litres de lait qu’elle transforme en fromages. En plus des marchés et des tournées, elle vend dés ormais une partie de sa production dans son magasin qui fonctionne en libre-service. Aude Chognard a décidé de faire confiance à ses clients en adoptant ce modèle économique peu répandu en France, qui lui permet de vaquer à ses occupations sans avoir à assurer une présence à la boutique. L’autre intérêt du concept est l’amplitude horaire : 7 jours sur 7 de 8 heures à 20 heures. Pendant ces heures d’ouverture, le client fait ses courses après avoir pris connaissance des consignes laissées sur une ardoise par la maîtresse des lieux. Il commence par se servir. Ensuite il fait lui-même son addition sur un petit carnet de notes où il récapitule la liste des produits (une calculatrice

est à disposition) avant de déposer son règlement, en chèque ou en espèce, dans un petit sac en coton. Il ne lui reste qu’à glisser le tout par une fente prévue à cet effet dans une porte en bois. Après trois semaines d’ouverture, ce mode de fonctionnement original trouve petit à petit son public. “J’ai des ventes tous les jours au magasin. J’approvi sionne le stock quotidiennement” explique Aude Chognard qui n’a pas eu à déplorer de vols. Elle ne les craint pas vraiment d’ailleurs. Le lieu est néanmoins couvert par un système de vidéosurveillance pour prévenir moins le vol que d’éventuelles dégradations. “J’ai décidé de faire confiance aux gens.

Ils sont respectueux. Pour l’instant, tout se passe bien. Souvent ils me laissent des petits mots sympas sur le car net” dit-elle. Sa clientèle dépasse celle du village de Dammartin-les-Tem pliers. Elle vient de Champlive, Osse, Nan cray, et plus largement du plateau de Saône.

“Créer un espace de vente qui a une âme.”

Ainsi lemagasin de la Chèvrerie d’Aude propose des tisanes de Roche-lez-Beau pré, du chocolat de Gonsans, des œufs de Mamirolle, ou des gourmandises de Lilirose d’Étalans. “Je réfléchis à com pléter mon offre par de la charcuterie” conclut-elle. Une production locale bien sûr et toujours en libre-service. n T.C.

sement aménagé avec ses poutres appa rentes et son vélo-comptoir, une ancienne bicyclette de famille qui a été transformée en banque d’accueil. L’entrepreneuse a profité de l’ouverture de son commerce pour vendre d’autres produits que ses fromages. Il s’agit de produits locaux, proposés par ses col lègues qu’elle côtoie sur les marchés.

La confiance est le socle de son modèle économique. Le système est rare en France, alors qu’il est répandu en Suisse. C’est d’ailleurs lors d’un périple en territoire helvétique qu’elle a adopté l’idée sans regret. “J’aurais pu mettre un distributeur comme on en voit un peu partout.Mais ce genre d’équipement n’a pas d’âme. Moi, j’ai voulu créer un espace de vente qui a une âme” insiste Aude. Le petit magasin est soigneu

Renseignements : La Chèvrerie d’Aude sur Facebook

Apéro Tous les mardis en EN BREF

SANTÉ Les travaux en extérieur Le monde agricole encore trop insouciant face aux dangers du soleil C’est en tout cas ce que tend à démontrer le docteur Mathieu Longet dans sa thèse consacrée aux comportements des agriculteurs francs comtois face aux risques de l’exposition solaire.

“Globalement, les agricul teurs ne se protègent pas assez du soleil”, analyse le

comtois face aux risques de l’ex position solaire. Le futurmédecin avait choisi de cibler uniquement les chefs d’exploitation à carac tère agricole, 10 000 en Franche Comté. “2 380 ont répondu, soit un taux de retour de 24 %. On était assez surpris de ce résultat qui s’explique sans doute par l’en voi de questionnaires papier beau coup plus efficaces qu’une solli citation numérique. 42 % des agriculteurs qui ont répondu sont installés dans le Doubs. Il y a trois fois plus d’hommes que de femmes et 70 % sont dans l’éle vage laitier bovin.” Premier constat : le niveau d’ex position est très important. 91% des agriculteurs travaillent dehors plus de 4 heures par jour et souvent à la période la plus critique, entre 11 heures et 16 heures L’analyse des résultats met en évidence l’insuffisance desmoyens de protection. Si 83% mettent régulièrement une cas quette ou un chapeau, 60 % por tent des lunettes de soleil et seu lement 37 % s’habillent contre le soleil. “Les vêtements, c’est plu tôt le fait des anciens alors que la crème solaire et les lunettes concernent davantage les jeunes et la population féminine. Glo balement, on voit que les agri culteurs ne se protègent pas assez” , détaille Mathieu Longet. Le cancer de la peau arrive seu lement au cinquième rang des craintes des agriculteurs vis-à

juillet et août à 19 h 30, la Citadelle de Besançon propose de réserver un espace qui sera privatisé le temps d'un apéritif. Cour des cadets, pied de la tour de la reine, cour de l’aquarium… chacun aura la surprise du lieu dans lequel il passera un moment privilégié lors de cette soirée estivale. Renseignements au 03 81 87 83 33. Don du souffle L’association bisontine le Don du Souffle a accordé une bourse d’un montant de 35 034 euros à deux projets. La première au Professeur Cindy Barnig, pneumologue au C.H.U. de Besançon, pour son projet sur la “Caractérisation du profil psychique des patients asthmatiques sévères”. La seconde au Docteur Alexandre Doussot, du service chirurgie digestive et cancérologie du C.H.U. de Besançon pour son projet “Intérêt du profil perfusionnel et métabolomique dans le développement des fistules pancréatiques après duodénopancréatectomie céphalique”. Rens.: 03 63 08 51 66.

docteur Mathieu

Longet qui a fait sa thèse sur le sujet.

“On a aussi essayé de déterminer le profil le plus exposé : un homme jeune de 18 à 30 ans, peu diplômé. Cette thèse constitue un état des lieux qui mériterait d’être com plété par d’autres recherches” , souligne le jeune médecin qui a soutenu avec succès sa thèse le 12 mai dernier à Besançon. On sait par exemple que les risques augmentent avec l’alti tude. Un paysan ou un maçon du Haut-Doubs est plus exposé auxU.V. qu’un surfeur australien. Le travail de Mathieu Longet fera prochainement l’objet d’une publication dans une revue de santé internationale. Il sera aussi présenté sur les congrès dédiés à la dermatologie. Localement, il est aussi question de lancer des campagnes de dépistage en s’appuyant sur le réseau desmai sons de santé. n F.C.

vis des risques d’exposition. Ils ont plus peur des coups de soleil, des coups de chaleur. Les effets immédiats plutôt que les consé quences à long terme. “20%n’ont aucune appréhension. Seulement 7 % connaissent la règle A.B.C.D.E. qui permet à tout un chacun de savoir si un grain de beauté est dangereux ou pas. Il n’y a pas de gros écart avec la moyenne nationale qui est de 9%.” La profession agricole reste encore timorée à l’idée d’aller voir un dermatologue ou un médecin généraliste. 25 % ont consulté un dermatologue au moins une fois dans leur vie. 15 % signalent qu’ils font de l’auto-examen cutané. À partir de ces informations, Mathieu Longet a essayé d’iden tifier les métiers les plus à risques.Viticulteurs,maraîchers et paysagistes arrivent en tête.

S i les maladies respira toires ou les conséquences des pesticides ont déjà fait l’objet d’études diverses et variées, force est de constater qu’il n’y a pas grand-chose sur les cancers de la peau chez les agriculteursmême si on subodore qu’ils sont plus exposés à ces risques que d’autres professions. Quelques projets alimentaient les échanges entre différents acteurs de santé habitués à col laborer : M.S.A., Association de Santé d’Éducation et de Préven tion sur les territoires en Bour gogne-Franche-Comté et le ser vice de dermatologie du professeur François Aubin au C.H.U. de Besançon. “C’est un peu une opportunité, indique

Mathieu Longet. Je suis venu me présenter et François Aubin m’a proposé de travailler sur les cancers de la peau dans lemonde agricole. Onmanque d’informa tions notamment sur les carci nomes qui représentent une de deux formes de cancers de la peau, lamoins gravemais pas lamoins développée

puisqu’on répertorie a minima entre 80 000 et 100 000 cas par an. On a mis plusieurs mois pour affiner le sujet de la thèse.” Laquelle s’intitule : Connaissances et comportements des agriculteurs francs

Seulement 37 % s’habillent contre le soleil.

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