La Presse Bisontine 240 - Juin 2022

L’événement 7

La Presse Bisontine n°240 - Juin 2022

l Pouilley-les-Vignes Avec le Docteur Rabier, responsable du 39 66 “Faire un tri avant que le patient n’arrive aux urgences, comme à Bordeaux”

l Hôpital Le cri d’alerte du C.O.D.E.S. 25 Des suppressions… et une surpression Le Collectif de défense de la santé du Doubs dénonce la fermeture de nombreux lits, principalement en médecine interne et en soins de suite et de réadaptation, à Besan çon et dans le Doubs. Dans le même temps, il alerte sur la difficulté croissante de recruter du personnel soignant.

dépend de la Haute autorité de la santé, le “Préfet” sanitaire, qui ont pour but de diminuer le coût de la santé.D’autres secteurs sont touchés. “Ce que l’on vit à l’hôpital on le vit aussi à l’Éducation nationale” com plète Antoine Morelli, psychiatre, lui aussi adhérent du collectif. “C’est une destruction des services publics.” Et une destruction de l’indispensable cohésion des soignants. “L’unité, la qualité des liens et de l’expérience commune d’une équipe diminue. Le plaisir au travail baisse et les risques d’erreurs augmentent. Avant, ceux qui dirigeaient l’équipe infirmière étaient des surveillants qui accom pagnaient le personnel dans les soins au quotidien. Aujourd’hui, ce sont des cadres envahis par la gestion et l'administratif qui n’arrivent plus à tenir compte de la qualité des soins. Avant le Covid, les services d’urgence étaient déjà en grève depuis deux ans. De nombreux chefs de service soutenaient le mouvement. Et on ne peut pas dire que ce sont forcément des gauchistes !” n A.A. Les suppressions depuis mai 2022 : 30 lits aux Tilleroyes à Besançon, 14 lits enmédecine interne au C.H.U. Minjoz, 1 équipe au S.M.U.R., 1 ser vice S.S.R. à la clinique Saint-Vincent, 20 lits à l’hôpital de Pontarlier, 33 lits à la clinique Saint-Pierre de Pontarlier, 10 lits à l’hôpital de Mouthe, 42 lits à l’hôpital du Larmont. Au niveau national : 80 services d’ur gence fermés partiellement ou com plètement depuis mai. n Le C.O.D.E.S. 25 Le Collectif de défense de la santé du Doubs (C.O.D.E.S. 25) a été créé très récemment. Il compte pour l’ins tant une cinquantaine d’adhérents venus d’horizons différents. Parmi eux : des citoyens, des membres du médico-social, des administratifs mais aussi un professeur de philosophie solidaire des revendications. Le col lectif a pour but de faciliter l’accès aux soins, de qualité et de proximité, pour tous. Rendez-vous sur Facebook Codes 25 pour en savoir plus. 80 services d’urgence fermés en France

A lors que le gouvernement n’a eu de cesse de piloter la crise sanitaire en fonction du risque de saturationhos pitalière, il a paru surprenant que, enmême temps, des lits soient mas sivement fermés à l’hôpital public selon le C.O.D.E.S. 25 (Collectif de défense de la santé du Doubs), qui indique que “lors du premier quin quennat Macron, 17 900 lits d’hôpi taux ont été fermés dans le pays, dont 5 700 en 2020, en pleine pandémie de Covid.” À la clinique Saint-Vincent de Besan çon, depuis le début de la crise sani taire, un service de 30 lits de Soins de suite et de réadaptation (S.S.R.) n’a toujours pas été rouvert. “C’est le résultat d’une politique de gouver nements, de gauche et de droite depuis 1983” estime Colette Rueff, infirmière à la retraite et membre du C.O.D.E.S. 25. “Cela a commencé par l’instau ration du numerus clausus qui avait pour but de diminuer le nombre de médecins. Et par la suite on n’a pas embauché assez d’infirmières. Aujourd’hui tout lemonde court après des infirmières car il y a eu des démis

M édecin généraliste à Pouilley les-Vignes, le docteur Benoît Rabier préside l’association com toise de régulation libérale (Acoreli), orga nisme qui gère le 39 66, le “Allô docteur”, service qui répond la nuit et le week-end aux questions malades pour l’ensemble de la région, à l’exception de Besançon qui est géré par S.O.S.Médecins. 56 régu lateurs, tous médecins généralistes, com posent ce service dont 40 dans le Doubs, 4 en Haute-Saône, 10 dans le Jura. Les médecins régulent également les appels la nuit et le week-end. “Depuis février, nous avons mis en place une régu lation de jour, de 8 heures à 20 heures, pour soulager nos confrères urgentistes” présente le docteur Benoît Rabier. La journée, le pool de 14médecins répond en moyenne à 60 appels par médecin, la journée, avec le 39 66, pour soulager les urgences. Difficultés à soigner les vivants, difficulté à s’occuper des morts. Pour la médecine générale, le constat est rude. Depuis quelques années, selon si l’on meurt à domicile, ou dans un établissement non médicalisé, c’est le médecin traitant ou de garde qui signe le certificat de décès, obligatoire pour une prise en charge par les pompes funèbres. Pour un décès sur la voie publique, c’est un médecin désigné qui intervient. Très souvent, c’est le méde L’association comtoise de régu lation libérale (Acoreli) a ouvert depuis février une régulation

lequel décide, ou non, de diriger le patient aux urgences. La nuit, ce sont - en moyenne - 4 appels par heure et par médecin, et 700 le samedi pour l’équipe. À l’image de ce que vient de tester le ser vice des urgences de l’hôpital de Bordeaux, le président milite - depuis plusieurs années - pour que le tri des patients arri vant aux urgences soit décidé en amont, par unmédecin. “Je préconise ce système depuis plusieurs années où le patient se présente aux urgences car il est attendu,

sions en masse. 310 agents, sur un effectif total de 5 000, ont démissionné de l’hôpital Minjoz en un an, alors que certains soignants sont suspen dus, sans salaire depuis le 15 sep tembre dernier.” Résultat, le découragement de l’en semble du personnel est latent. L’exemple donné par Annie Morelli, psychologue à la retraite elle aussi membre duC.O.D.E.S. 25 est parlant. “Pendant 5 ans, vous faites partie du service de cardiologie. Ce dernier ferme.Vous vous retrouvez en “gastro”. Il faut réapprendre tous les protocoles, c’est la panique totale. Les infirmières sont baladées de service en service. Elles n’ont plus le temps de nouer un relationnel avec les patients. Et quand on nous dit on ferme les S.S.R. car on n’a pas de médecins nous, on répond que c’est aux agences de santé de faire de meilleures planifications. Ce n’est pas un problème de médecins mais de planification !” Selon le collectif qui s’intéresse autant à l’hôpital, qu’à la psychiatrie et au médico-social (E.H.P.A.D.), ces des tructions de lits sont des décisions politiques, prises par l’A.R.S. qui

avec un numéro de dossier, après avoir été dirigé par le médecin régulateur. En appelant le 15, le médecin décide s’il y a nécessité d’une prise en charge. S’il ne l’en voie pas aux urgences, il déli vre un conseil ou invite le malade à prendre rendez vous le lendemain avec son médecin.Tout cela simplifie le travail du personnel en aval. Il faut faire un tri.” Paradoxe du système, l’Aco reli peine à recruter des médecins volontaires. n

“Le patient est attendu aux urgences.”

Certificats de décès : pénurie demédecins pour les signer

cin de famille qui se déplace. De nom breuses communes peinent à trouver la perle rare pour signer l’acte (payé environ 100 euros)… parce que les cabinets ne répondent pas, ou parce que le profes sionnel est en intervention. Les services de police sont d’ailleurs parfois obligés de patienter avant que le médecin n’arrive. Dans le Doubs, le Préfet réquisitionne deux médecins-pompiers pour pallier cette carence. n

Antoine Morelli, Colette Rueff et Annie Morelli, membres du C.O.D.E.S. 25.

Depuis mai, 18 camions bennes à ordures ména gères et 1 camion grue se parent des plus beaux paysages de Grand Besançon Métropole. Des paysages de Grand Besançon s’exposent sur les camions d’ordures ménagères D epuis 2012 et 2015, les messages diffusés sur les camions bennes étaient incarnés par deux enfants : la jeune fille aux couettes et le garçon

aux lunettes rondes, qui soucieux de la réduction du poids de la poubelle grise, invitaient au tri des déchets. Grand Besançon Métropole choisit un nouvel angle pour sensibiliser les habitants : Interpeller. Quatre paysages sortis de Grand Besançon sont associés à un message clé “Ne vous gâchez pas la ville/ la vue.” Des images esthétiques mettent en avant la beauté du territoire mais sont perturbées par des déchets abandonnés. L’objectif est de montrer aux usagers que les richesses de Grand Besançon pourraient être davantage préservées par des gestes

de tri simple et la lutte contre les dépôts sauvages. Un message en accord avec les problématiques actuelles d’environnement et de cadre de vie au niveau local et national, qui d’ici l’été, sera diffusé par les équipages en régie de la Direction Gestion des Déchets et ceux de son prestataire Veolia. n

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