La Presse Bisontine 237 - Mars 2022
26 Le dossier
La Presse Bisontine n°237 - Mars 2022
l Insoumis Les fidèles de Jean-Luc Mélenchon optimistes Union Populaire : motivés “pour renverser la table” Ils sont militants dans la vie associative bisontine, activistes ou simples citoyens. Ils se retrouvent dans l’Union populaire, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, l’un des rares à faire de la “retape” afin que les personnes s’inscrivent sur les listes électorales. Les Insoumis savent pourquoi…
Des militants de l’Union populaire ici dans le quartier Île-de France, à Planoise.
L es militants de Jean Luc Mélenchon ne sont pas les seuls à investir les allées des trois mar chés de Planoise, à Besançon. Le 1 er mars au Grand Kursaal Un premier grand meeting est prévu le 1 er mars au Grand Kur saal à Besançon. Sont annoncés le député et réalisateur François Ruffin, le député communiste Sébastien Jumel et l’eurodéputée Leïla Chabi. Les thèmes qui seront évoqués : le pouvoir d’achat, l’impôt sur le revenu, la VIème République… n
richissent” dit un militant qui échange avec un ressortissant cambodgien.Ce dernier lui avoue qu’il ne votera pas. Qu’importe. “Pour nous, le problème n’est pas l’union de la gauche mais la mobilisation ! Le cœur de la cam pagne, c’est le vote populaire… Voilà la raison pour laquelle notre première action a été d’in sister sur les inscriptions sur les listes électorales (avant le 4mars) car l’abstention vote Macron” , analyse Séverine Véziès, Bison tine et membre du Parlement de l’Union Populaire (lire par ailleurs). Un tract spécifique de campagne explique comment et où s’ins crire. Selon elle, le système a fabriqué une “ apathie politique” qui n’incite plus les citoyens à voter, “alors que l’électorat Macron va, lui, se déplacer” dit elle. Son parti revendique pour cette raison laVIè me République pour remplacer un système à bout de souffle et se déplace avec sa “caravane” dans les endroits stratégiques de Besançon pour détailler le programme. La cara vane est en réalité un abri. Lorsqu’ils échangent avec les Bisontins, les “mélenchonistes” rencontrent les “résignés” de la politique, ceux qui n’y croient plus, et ceux qui veulent du chan gement. “On essaie de convaincre les premiers pour leur montrer qu’unmonde des solidarités peut exister, car sans réponse à l’in justice sociale, il n’y aura pas de
D’autres partis font de même. Mais de façonmoins rigoureuse. Pourquoi ? Parce qu’une partie de la concurrence préfère déployer son énergie là où “ça rapporte”, là où l’abstention est moindre. À Planoise, les chiffres des der nières élections sont clairs : les habitants votent peu, parce qu’ils ne sont pas inscrits sur les listes électorales ou plus simplement parce qu’ils n’ont pas le droit de vote car ils ne sont pas Français. Un constat auquel Guillaume, Roger,Viviane, Stéphane et Séve rine, ne veulent pas se résoudre. “Regardez comme les gens sont heureux de nous accueillir. Ces personnes ne veulent pas d’un monde du chacun pour soi où seuls les premiers de cordée s’en
Le professeur de neurochirurgie rejoint le Parlement de l’Union Populaire Le Parlement de l’Union populaire est une structure inédite dans une campagne électorale de cette ampleur. Composé de 350 personnes (mi-février), il a vocation à s’agrandir. Son rôle ? Dialoguer avec le candidat Jean-Luc Mélenchon sur les sujets programmatiques et stratégiques. Composé pour moitié de membres de la France insoumise, le Parlement de l’Union populaire matérialise surtout “l’union à la base à travers celles et ceux qui résistent dans le pays.” Il compte des personnalités du monde associatif, syndical, des membres d’autres forces politiques, des intellectuels, des artistes, des universitaires, des militants des quartiers populaires, des avocats, des journalistes, des économistes… Il est présidé par Aurélie Trouvé. Des Bisontins l’ont rejoint à l’image de Séverine Véziès (ex-candidate aux régionales) et du professeur de neurochirurgie Laurent Thinès. À noter, le soutien de Thomas Portes, ancien porte-parole de Géné ration.s et de l’écologiste Sandrine Rousseau (E.E.L.V.). n
solution aux problèmes écolo giques ! Ça nous donne de la force ! Il faut renverser la table pour ne pas donner un nouveau mandat à Macron” ajoute Séve rine. Les soutiens de Jean-LucMélen chon, ragaillardis par des son dages encourageants qui le pla cent comme l’homme fort des gauches, ont le moral. “Nous ne sommes pas là pour faire un vote de témoignage, mais pour gagner” insistent Roger,Viviane, et Séverine. Ils chambrent au passage leurs amis et adver saires communistes qui, selon eux, sont davantage dans le témoignage. “Regardez à la Région, ils sont au pouvoir et avalent des couleuvres du fait de leur alliance. On l’a vu avec l’ouverture à la concurrence du marché ferroviaire voté le 27 jan vier dernier. Nous n’aurions jamais transigé là-dessus” juge la porte-parole. L’Union populaire se dit diffé rente dans sa façon d’appréhen der la politique. Il est clair que son organisation n’a rien de pyra midal. Le groupe des Jeunes Insoumis s’autogère. Des assem blées de circonscriptions s’orga nisent. Chacun, chez lui, peut organiser sur une thématique un débat. Sur son site Internet (actionpopulaire.fr), des groupes locaux s’organisent par quartier
(devenu Stellantis) et Alstom Belfort. Il s’était dit au passage heureux de voir que le “rouge” était revenu en force au nombre de drapeaux déployés à Besan çon. Ce même rouge paraît pourtant bien divisé dix ans plus tard. Le P.C.F. n’est plus avec eux, les syndicats font pâle figure. Il pourrait retrouver de la couleur au second tour avec une alliance de raison et d’idées. À noter la touche “jaune”, celle des gilets jaunes, qui gonfle l’électorat mélenchoniste. n E.Ch.
comme c’est le cas àViotte-Mon trapon ou ailleurs. Les partici pants se rencontrent pour coller, tracter, ou débattre. La consigne est la suivante : “N’attendez pas les consignes pour vous réunir, réfléchir, proposer.” La dynamique est là. Sera-t-elle gonflée avec unmeeting de Jean Luc Mélenchon à Besançon ? Le candidat n’a pour le moment pas prévu de (re)venir à Besan çon. Il y a dix ans, le 12 janvier 2012,Mélenchon avait harangué la foule au Palais des Sports avec le Front de Gauche après une visite à Peugeot Sochaux
Roger Gremion, un “ancien” communiste passé chez Mélenchon.
l Transfert
Génération.s avec Europe Écologie-Les Verts
personnes. L'ex-députée frondeuse rallie Yannick Jadot Barbara Romagnan intègre l’équipe nationale des Verts où elle est chargée de la question des libertés publiques. Membre de Géné ration.s, elle explique son choix et analyse l’échec des socialistes.
L.P.B. : L’écologie, tous les partis en parlent. Pourquoi n’avoir pas retrouvé les rangs du P.- S. ? Quel regard portez-vous sur son état de délabrement ? B.R. : J’ai du respect pour le P.-S. et j’ai encore des camarades. Ce parti s’est décrédibilisé avec le bilan de François Hollande. La gauche a gagné des élec tions et a changé des choses quand elle s’est appuyée sur la société. Or, le P.-S. a perdu ce lien avec les associa tions, les syndicats…Cette disjonction avec la société conduit à la mort de la gauche. Cela peut guetter les écolo gistes : il faut faire attention à ne pas croire que l’on a plus besoin de la société lorsque l’on est au pouvoir. Ce qui m’a fait au chaud au cœur en revanche, c’est de voir que le 8 février à Besançon, nous étions très nombreux à assister à la conférence de François Gemenne sur le thème des migrants. Beaucoup d’habitants, hors des partis, aident ces
L.P.B. : Rejoindre les Verts, est-ce pour obtenir l’investiture aux législatives ? B.R. : Non. Et cela ne marche pas puisque les Verts ont fait un autre choix en la réservant à une personne d’E.E.L.V. sur ma circonscription. L.P.B. : Vous ne serez donc pas candidate ? B.R. : Je ne sais pas. Je souhaitais l’être puisque j’ai cherché à rencontrer toutes les organisations de gauche qui ont choisi de se désigner chacune un can didat (N.D.L.R. : des pourparlers sont encore engagés). Nous, Génération.s, n’avions que moi à proposer sur la région. L.P.B. : Un mot sur votre rôle avec l’équipe nationale d’E.E.L.V. ? B.R. : Je vais travailler sur les libertés publiques, un sujet qui m’importe. On
dre le parti mais ces deux sujets font partie de mes priorités. Mon engage ment écologique n’est donc pas nouveau mais ce qui change aujourd’hui, c’est la prise de conscience de la primauté de la question écologique (N.D.L.R. : elle avait rédigé un rapport parlemen taire sur les centrales nucléaires fran çaises). Je reste une militante de l’éga lité et beaucoup des inégalités observées aujourd’hui sont celles liées à l’accès aux ressources. Ceux qui ne peuvent pas se chauffer, ceux qui ne peuvent pas respirer un air sain parce qu’ils habitent près d’une autoroute, sont les plus précaires. Il faut partager les ressources de manière démocratique.
L.P.B. : Est-ce un retour en politique ? Barbara Romagnan : Je n’ai jamais arrêté la politique même si je n’ai plus de mandat d’élue. Je demeure une mili tante qui défend des idées comme j’ai pu le faire au travers de mon mandat de députée de la 1 ère circonscription du Doubs entre 2012 et 2017. B.R. : Car je suis une militante écologiste de longue date même si je ne suis pas adhérente à E.E.L.V. Je me reconnais dans la politique de Yannick Jadot lorsqu’il parle de l’accueil des migrants ou de la démocratie dans le monde. Ce n’était pas un choix facile que de rejoin L.P.B. : Pourquoi avoir rejoint l’équipe de cam pagne de Yannick Jadot ?
Barbara Romagnan reviendra peut-être aux prochaines législatives.
me considère - à tout ou à raison - un peu de légitimité sur ce sujet puisque j’ai voté contre l’état d’urgence et contre les lois liberticides. n Propos recueillis par E.Ch.
Made with FlippingBook - Online magazine maker