La Presse Bisontine 237 - Mars 2022

Le dossier 27

La Presse Bisontine n°237 - Mars 2022

l P.C.F.

15 ans après, ils y vont comme des grands

Avec le steak frites, les communistes ont la banane Et si le P.C.F. était la surprise de ce premier tour ? Boostés par leur leader - au départ inconnu mais devenu charismatique -, les communistes bisontins se lancent dans cette élection présidentielle qu’ils font seul. Cela ne leur était plus arrivé depuis 2007.

C ela vous a peut-être échappé. Dans les annonces ou les gestes distillés quotidienne ment par les candidats à la présidentielle, celui du Parti commu niste français a déclaré sur France 3 son amour pour le “steak frites”. Le lendemain dans les sondages, Fabien Roussel gagne deux points à presque 5 %, “soit 2 points de plus qu’Hidalgo et le P.-S.” ironise un militant local ! Fabien Roussel dévoilait là son désir “d’un bon vin, une bonne viande, un bon fromage” pour dénoncer la mal bouffe et donner l’accès à de bons pro duits à tous les Français. Les Verts ont sorti des fourreaux les couteaux de cuisine pour dénoncer l’anti-véga nisme. La droite, elle, s’est félicité que les rouges rallient l’oriflamme tricolore de la boustifaille de souche. Fabien Roussel est à l’image de “nos” commu nistes bisontins : des hommes et des femmes sympas aux idées pragma tiques et bien tranchées. De bons cama rades en somme… tant qu’ils ne pren nent pas trop de voix aux autres. Aux affaires au conseil municipal de Besançon, à la communauté urbaine et à la Région, le P.C.F. s’est assis sur certains principes ou propositions

de créations en tous genres d’artistes locaux pour les soutenir suite au Covid. Sa collègue Anne Benedetto mène une politique - pas toujours populaire - de redistribution des locaux aux associa tions. “Je vois de nouvelles associations qui émergent sur le quartier de Palente Orchamps, là où je suis adjoint. C’est normal de leur offrir une place pour leur permettre de se développer et exister dans de bonnes conditions” explique Hasni Halem, l’autre adjoint P.C.F. Anne Benedetto se bat également sur l’attribution de logements sociaux à ceux qui en ont le plus besoin ou sur le sujet de la rénovation urbaine. “Le renouvellement du quartier de Planoise est une vraie question car l’État rénove un quartier mais dit aux habitants : “ Ce sera joli mais vous ne pourrez plus y vivre.” C’est violent !” déclare Hasni Halem. Le P.C.F. local s’est opposé à la destruction d’une tour rue Berlioz (Palente), “parce que les loyers étaient parmi les plus bas de Besançon et qu’ils permettent à une population fragile d’y vivre. Où va-t-elle aller sinon ?” questionne un élu. Au Département, Jeanne Henry (conseillère départementale du canton de Besançon 4) veut un dispositif pour

comme la gratuité des transports aux moins de 26 ans (qu’il compte toujours porter) ou sur l’ouverture du marché à la concurrence dumarché ferroviaire. Il est toutefois à l’origine d’avancées sociales locales. Rappelons les trois premiers mètres cubes d’eau gratuits pour les abonnés du Grand Besançon, une promesse tenue par le camarade Christophe Lime, qu’un ancien socia liste décrivait comme “le meilleur suc cesseur à Fousseret” mais que son “seul problème était d’être communiste.” Depuis, le “patriarche” a laissé la main à des petits jeunes…aux dents longues

Gérard, Elsa, Alain, Patrick et Mathieu reçoivent un bon accueil au marché de Planoise.

même si Mathieu Guine bert, secrétaire départe mental et conseiller régio nal, admet “qu’il est parfois difficile de porter des idées même lorsqu’on est dans la majorité” , en l’occurrence à la Région. À la culture, l’adjointe à laVille de BesançonAline Chassagne a doté la ville d’un fonds municipal d’art. Le principe : une enveloppe de 50 000 euros permet d’acquérir une col lection d’œuvres d’art ou

Ce qu’ils ont réussi à faire localement.

inciter les plus fragiles “à demander leurs aides” dit la benjamine du Conseil départemental. Elle veut travailler sur l’emploi et la formation tout au long de la vie avec la Région, compé tente en la matière. Sa seule difficulté : faire partie de la minorité. “À la Région, nous essayons de porter le sujet de l’aide aux entreprises, annonce M. Guinebert. Oui pour les aider mais sûrement pas les grands groupes qui se gavent. Ces aides-là sont données sans condition comme à Stellantis ! On veut qu’elles soient fléchées sur le travail et non le capital et soient soumises à des condi

tions.” Dans leur local rue des Flûttes-Agasses, les communistes ont le moral. Ils sont une trentaine. “Fabien (Roussel) nous a remis un coup d’accélérateur” estime Gérard qui tracte sur le marché de Palente, un fief communiste. Ils ont la banane “car cela fait depuis 2007 et la candidature de Marie-George Buffet que nous ne sommes pas partis seuls” dit un autre militant. Espérons qu’elle ne leur reste pas en travers la gorge au soir des résultats du premier tour, le 10 avril. n E.Ch.

02/2022 - Crédit Photos : Istockphoto.

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