La Presse Bisontine 232 - Octobre 2021

24 Le dossier l Commerce

La Presse Bisontine n°232 - Octobre 2021

Galère de la livraison au centre-ville Ils ont perdu des ventes à cause d’une borne

Incompréhension autour de l’accès au centre-ville, interdit aux livraisons et aux retraits de commandes après 11 heures La mairie assure qu’elle cherche une solution pour permettre à des clients du centre- ville de venir chercher un colis imposant.

Sébastien, vendeur de vins à la maison Barthod.

À Besançon, ce sont les bornes de la discorde. Ce poissonnier de la place de la Révolution avait une “belle” commande d’huîtres à honorer. Le plateau était prêt. Sauf que son client n’a jamais pu venir le chercher : la borne ne s’est jamais abaissée malgré les tentatives d’explica- tion à l’agent de la société Faci- lity Park. Pour un autre, ce fut un canapé. L’enseigne Culina- rion, place de la Révolution, a trouvé la parade…mais à quel prix ! Elle a embauché une per- sonne supplémentaire afin qu’elle accompagne son client avec un chariot, du magasin au parking Marché Beaux-Arts. Tous n’ont pas cette possibilité. À Besançon, la réglementation sur les livraisons ou des retraits de commandes est claire. De 6 heures à 11 heures, il est pos- sible d’accéder au cœur de ville pour les camions, camionnettes voire un particulier qui a une raison valable. Depuis novembre dernier, les plaques minéralogiques des com- merçants qui en ont fait la demande sont enregistrées à la police municipale et transmises à la société chargée des ouver- tures ou fermetures. Terminé

les bips. Après 11 heures, toutes les livraisons sont terminées. Il existait une tolérance, révolue semble-t-il. “Il est toujours dif- ficile de savoir si la personne derrière le micro est de bonne foi donc on évite d’abaisser la borne après cette heure-là” témoigne une source proche du dossier. Malheureusement, les commer- çants se sentent les premiers pénalisés : “Jamais nous n’avons abusé ! , explique Sébastien, com- merçant à l’enseigne Barthod rue Bersot. Quand un client commande 36 bouteilles par exemple, on ne peut plus lui dire, après 11 heures, de venir devant

Les com- merçants de la place de la Révolution.

la boutique pour que l’on puisse charger dans son objectif. L’objectif n’est évidemment pas de faire de la rue Bersot un boulevard. On demande que le bon sens prime” estime-t-il. Lorsqu’ils sont deux vendeurs au magasin, ces professionnels peuvent livrer au

“On demande que le bon sens prime.”

client. Seul, c’est mission impos- sible. Comme les autres, ils ont l’autorisation de la Ville pour accéder à leur boutique pour la réapprovisionner. Un soir, alors qu’il revenait avec 120 bouteilles dans sa camionnette, l’accès lui a été refusé. Incompréhension et colère. À écouter cinq autres profes- sionnels, le problème viendrait “du même agent, un jeune, qui refuse d’ouvrir la borne. La der- nière fois, alors que j’avais bien mon autorisation, il m’a refusé de passer avec ma camionnette. J’avais une lourde marchandise. Excédé, je me suis rendu à Faci- lity Park… mais je ne l’ai pas vu” témoigne un commerçant. Interrogée, la société qui gère ce service n’a pas pu répondre dans le temps imparti. Les livreurs professionnels se sont adaptés. Ils débutent leur tournée par le centre-ville tôt le matin pour éviter un refus. Une enseigne de vin de la place de la Révolution n’a pas pu être livrée parce que le camion est arrivé après 11 heures Il a dû faire marche arrière. Du prag-

matisme, voilà ce que deman- dent les professionnels du cen- tre-ville qui voient d’unmauvais œil le développement anar- chique des livreurs à vélo dans les rues. n E.Ch.

Zoom “Une ouverture via

un système de numéro de commandes, à réfléchir” C hargée des questions de voirie à Besançon, Marie Zéhaf entend les plaintes des commerçants. Elle a rencontré en septembre l’Union des commerçants de Besançon pour tenter de trouver une solution. Objectif : ne pas ouvrir la borne de manière anarchique mais repérer ceux qui ont des raisons valables des autres. L’élue propose un système de numéro de commandes que l’acheteur pourrait divulguer à la personne chargée d’ouvrir la borne à distance. Les commerçants restent dubitatifs. Ils ne veulent pas d’une usine à gaz. En parallèle, la Ville de Besançon vient de conventionner une étude avec le Cerema (Centre d'études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) pour réfléchir à la livraison au dernier kilomètre. Ce dossier fut un enjeu de la campagne des municipales. L’étude pourrait divulguer des pistes en 2022. n

Après 11 heures, les bornes sont en position haute. Aupara- vant, il existait une forme de tolérance. Rue Bersot, on peut imaginer que la présence des voitures après 11 heures peut gêner.

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