La Presse Bisontine 229 - Juillet 2021
8 L’événement
La Presse Bisontine n°229 - Juillet 2021
l Agriculture L’exemple de Marchaux 21 h 30, l’agriculteur coupe de l’herbe, le maire débarque L’élu précise que des administrés étaient surpris par un bruit non familier à une heure tardive. Venu discuter avec l’agriculteur, tout est rapidement rentré dans l’ordre. Au-delà du bruit, les exploitants sont régulièrement interpellés - parfois à tort - sur leurs pratiques.
I l est éleveur de vaches à viande dans la périphérie de Besançon et producteur de céréales, un métier qu’il aime par-dessous tout. Pour- tant, ce paysan ne cache pas sa lassi- tude. Depuis quelques années, il a tota- lement revu ses méthodes de travail pour éviter des prises de bec avec des passants ou les riverains. S’il a le droit de fertiliser ses champs avec des engrais, il use de certains stratagèmes pour éviter de se faire vilipender : “Si je dois travailler dans un champ, je pars tôt le matin, dit-il. Lorsque les gens voient derrière votre tracteur un girobroyeur, ils pensent que vous allez couper des haies. Lorsqu’ils voient un semoir, ils pensent que l’on va désher- ber ! Beaucoup méconnaissent notre travail alors que les pratiques agricoles sont très encadrées. Du coup, lorsque l’on se fait prendre en photo, que l’on se fait accuser de tous les maux, ça passe mal” témoigne ce professionnel. Un autre, dont l’exploitation est collée à Besançon, estime à l’inverse qu’il y a moins de problèmes en première cou- ronne des villes qu’en pleine campagne.
Sur le plateau de Saône, les agriculteurs sont même plus vertueux que les autres : pour protéger la source d’eau d’Arcier, ils ont banni les produits phy- tosanitaires depuis de nombreuses années. L’histoire de cet exploitant interpellé parce qu’il faisait trop de bruit avec ses engins un soir de juin à Marchaux, témoigne d’un climat parfois tendu
Interpellé pour avoir fauché un peu tard.
entre le monde “rural” et les périurbains. “Il était 21 h 30, nous fau- chions de l’herbe pour nos vaches quand le maire est venu nous interpeller. J’ai répondu que l’on faisait ni plus ni moins que notre tra- vail” raconte cet autre exploitant sans polé- miquer. Pour le coup, l’histoire s’est arrêtée là.Maire de Marchaux, Patrick Corne s’ex- plique : “Attention, je ne veux surtout pas empêcher les personnes
“Je ne voulais surtout pas
de travailler ! , coupe-t-il. Simplement, des riverains ont été surpris car d’or- dinaire à cet endroit, les coupes se font plutôt la journée. Le bruit était inha- bituel. Je me suis donc rendu sur place, tout simplement.” Samedi 12 juin dernier, une première nationale a été lancée avec la mani- festation (virtuelle) “Laissez respirer les ruraux” réunissant la F.N.S.E.A. (fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), la fédération nationale de pêche, celle de chasse. Pour Christiane Lambert, présidente de la F.N.S.E.A., il faut rappeler que
“l’agriculture française mesure les défis environnementaux et de production. Nous voulons les relever. Valorisons ce que nous faisons à l’heure où 1 Français sur 3 vit dans la ruralité et où 92 % des Français affirment qu’ils apprécient la vie à la campagne. Il faut dialoguer” évoque la responsable de la F.N.S.E.A. ÀMarchaux, tout est rentré dans l’or- dre… à moins que la période des regains (N.D.L.R. : deuxième coupe de foin) ne vienne troubler encore la tran- quillité de quelques riverains. Le maire saura cette fois-ci leur répondre. n E.Ch.
les empêcher de travailler.”
Les paysans témoignent d’une certaine lassitude.
Made with FlippingBook Annual report maker