La Presse Bisontine 223 - Novembre 2020

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n°223 - Novembre 2020

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“Notre secteur entre désormais dans le dur !” Le sous-traitant basé à Nods est victime du trou d’air du secteur aéronautique. Le chômage partiel est activé, l’équipe de nuit et les C.D.D. sont stoppés. Une situation appelée à durer d’autant plus inquié- tante que les donneurs d’ordres rognent les prix. AÉRONAUTIQUE Gresset associés à Nods

D ans l’atelier, les machines à commande numérique dernier cri fonctionnent. Pas à plein régime, certes, mais assez pour donner du travail aux 48 employés de l’entreprise Gresset, à Nods (à une trentaine de kilo- mètres de Besançon), entreprise spécialisée dans la sous-trai- tance mécanique, l’usinage, le tournage et le fraisage pour des clients comme Airbus, Boeing, Safran… Elle est notamment spécialisée dans la confection de pièces que l’on retrouve dans les roues des avions. Le jour de notre venue, un élé- ment, très technique, doit être finalisé pour le spatial. Un des techniciens fera quelques heures supplémentaires un samedi matin. Pour les autres, c’est la douche froide : “Nous sommes en chômage partiel. Le personnel était payé 39 heures avec des heures supplémentaires défis-

calisées. Désormais, ils sont à 85 %, ce qui fait une baisse très significative pour eux, il n’y a plus d’équipe de nuit… Je n’ai pas de recettes miracle mais on va se battre” témoigne Christian Mary, le président de Gresset Associés, entreprise qu’il détient depuis 2012 avant de l’agrandir avec le rachat d’une société à Tarbes (S.N.L.) et vers Brive- la-Gaillarde (P.M.B.). Le responsable ne baisse pas les bras : “Nous subissons deux

Christian Mary,

responsable de Gresset et associés,

à Nods, ici dans

l’atelier de fabrication.

crises : la première qui touche le Boeing 737, avion pour lequel les com- mandes sont gelées, la seconde avec la crise sanitaire qui affecte l’A 320 mais aussi les l’A 350 ou le Boeing 777” dit- il. Après 17 % de croissance en 2019, Gresset Associés

“Cela va durer jusqu’en 2024.”

estime avoir perdu 50 % de son chiffre d’affaires dans l’aéro- nautique. Heureusement, “le gouvernement a pris de bonnes décisions avec le chômage partiel, le Prêt garanti par l’État (P.G.E.) dont on aura sans doute besoin dans les mois à venir” précise le responsable. L’aéronautique civile est qua-

siment clouée au sol, le militaire se maintient. “On travaille sur des processus longs, de 6 à 9 mois, si bien que nous avions des commandes jusque-là à honorer. C’est maintenant que nous entrons dans le dur ! Je pense que la baisse va durer jusqu’en 2024” poursuit la firme qui a décidé de geler son projet

d’extension. Inquiétude palpable donc, ren- forcée par la décision des grands donneurs d’ordres de rogner (encore) les prix dans un contexte déjà difficile. Christian Mary encaisse mais ne digère pas : “Je suis estomaqué par la décision de mes donneurs d’or- dres de vouloir baisser fortement

les prix sur des grands volumes. Je ne laisserai pas tomber” dit- il. L’entreprise des Portes du Haut-Doubs s’est déjà tournée vers le secteur de l’énergie qui représente 30 % de son activité, et vers le spatial. Un change- ment de cap qui ne permettra toutefois pas de combler les pertes. n

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