La Presse Bisontine 208 - Avril 2019

A g e n d a

La Presse Bisontine n°208 - Avril 2019

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ART

Musée des Beaux-Arts de Besançon

S Schizophrène, peut-être, talen- tueux, c’est certain. “Georges Focus avait lamaîtrise du dessin, n’avait aucun problème de pers- pective avec les personnages dessinés sur une feuille de même taille. Même s’il était fou, il avait déjà l’idée de créer une œuvre” raconte Emmanuelle Bru- gerolles, conservateur général du patri- moine, chargée de la collection de des- sins de l’École des Beaux-arts de Paris. C’est elle qui a remis la main sur les dessins de cet homme contemporain de Louis XIV. Jusqu’au 9 juin, le premier étage du Musée des Beaux-arts de Besançon met en lumière une exposition inédite d’art brut dévolue à Georges Focus (1644-1708), un homme totalement méconnu du XVII ème siècle. L’artiste connut en effet une production sacré- ment bipolaire : d’un côté, en tant que membre honoré de l’Académie royale de peinture et de sculpture sous Louis XIV, et, d’autre part, comme dessinateur obsessif. Atteint de folie, il composa, lors de son internement notamment, de foisonnantes pages ornées d’omni- présents phylactères (moyen graphique utilisé en illustration pour attribuer des paroles aux personnages) saturés d’écritures serrées dénuées parfois de sens. Interné aux “Petites Maisons” à Paris en 1684, il a beaucoup produit. Pour la première fois, le Musée des Beaux-arts de Besançon a décidé de confronter ses 40 dessins avec les 120 prêtés par les époux Greset. Françoise et Jean (ce dernier a longtemps dirigé

Aux Beaux-arts, découvrez l’artiste fou du temps de Louis XIV Peintre du XVII ème siècle, Georges Focus a produit de nombreux dessins en internement. 40 d’entre eux sont présentés, auxquels s’ajoute la collection d’art brut des Bisontins Françoise et Jean Gresset.

Emmanuelle Brugerolles, chargée de la collection de dessins de l’École des Beaux-Arts de Paris, présente une réalisation de Georges Focus.

la peinture à des fins thérapeutiques. “Avec cette confrontation de Focus et des œuvres prêtées, nous lançons des hypothèses de l’art brut avant l’art brut. Nous allons peut-être revenir sur le dik- tat de l’art brut voulu par Jean Dubuf- fet…” poursuit Nicolas Surlapierre, commissaire d’exposition pour le M.B.A.A. L’exposition “La folie du jour” : il faudrait être fou pour la manquer. n

une galerie à Besançon), s’intéressent depuis une vingtaine d’années à l’art

brut, terme par lequel le peintre Jean Dubuffet désigne les productions de per- sonnes “exemptes de culture artistique.” Ce sont celles, pour beau- coup, qui ont utilisé

“On lance des hypothèses.”

Exposition “La Folie du Jour”, Georges Focus et la collection d’art brut de Françoise et Jean Gresset - Jusqu’au 9 juin Musée des Beaux-arts de Besançon

Bisontins, Françoise et Jean Greset ont accepté de prêter 120 œuvres de leur collection d’art brut au musée et visiteurs.

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